Chapitre 17

87 9 0
                                    


Salvor


Le silence de ma chambre fut déchirer par un cri bestial. Un cri qui était le mien. Roulé en position fœtale, je tremblais de tous mes membres. Mes dents s'entrechoquaient les unes contre les autres. Un loup rodait à quelques mètres de la calèche renversée qui avait glissé dans le fossé depuis le haut de la route et dans laquelle maman et moi, nous nous retrouvions coincés. La gueule du loup dégoulinante de bave retroussée sur ses crocs blanchâtres, tremblait sous ses grognements affamés. La gorge serrée par la peur, j'appelai,

-Maman...

Le regard fixe qu'elle darda sur moi m'effraya. Je m'agitai comme un forcené et criai sous la douleur, lorsque je parvins péniblement à me dégager pour me ruer vers elle. Tendant les mains dans sa direction, je la secouais de toutes mes forces. Touchant quelque chose d'humide, je regardai mes doigts qui étaient devenus tout rouge.

C''était du sang.

-Maman! Hurlais-je.

La peau diaphane, les yeux striés de rouge, la poitrine se soulevant péniblement, maman me fixait de son regard exorbité par la peur. Mon souffle se coupa sous cette vison d'horreur. J'essayai de me lever de mon lit mais une force invisible me maintenait enfoncer dans ma couche. La porte de ma chambre grinça puis je vis Shakur à travers le brouillard se précipiter vers moi.

-Réveillez-vous monsieur. Vous êtes entrain de faire un cauchemar.

Mes membres étaient aussi rigides qu'un un morceaux de bois. Mes paupières ne cessaient de se presser vigoureusement et ma tête pulsait si fort, que j'avais l'impression que quelqu'un frappait dessus avec un marteau. Shakur se mit à me secouer plus vigoureusement.

-Mr Salvor réveillez-vous, réveillez-vous!

-Je..suis..réveillé, articulais-je, culpabilisant de ne pas être assez fort pour lutter contre les cauchemars dans lesquels je m'enlisais chaque nuit.

-Vous êtes sur, monsieur?

-Oui.

-Est-ce que je peux faire quelque chose?

-Laisse moi...seul. S'il te plaît.

Après le départ de Shakur, je restai allonger de longues minutes à scruter le plafond de ma chambre. Les membres de nouveau flexibles, je déposai mes pieds nus sur le sol et me levant mécaniquement, accédai aux sanitaires. Attrapant l'eau du broc au creux de mes paumes, j'en aspergeai mon visage et répétai l'opération plusieurs fois avant d'humidifier mes cheveux. Forçant mon regard à fixer le reflet dans le miroir, je fus déstabilisé de ne pas reconnaître la personne qui m'observait en retour. 

Enfant, ma mère disait que je ressemblais à un ange. D'ailleurs c'était ainsi qu'elle m'appelait, Mon ange. Certes ma peau blanche, mes iris grise et mes cheveux identiques à la nuit étaient toujours là. Mais si il y avait eu un jour quelque chose de l'ange en moi, cela faisait des années maintenant qu'il avait laissé la place à une autre partie, plus sombre, plus ténébreuse. Celle que j'appelais le Monstre, qui avait surgit le jour de l'accident de calèche et avait prit le contrôle dans la foret.

Et  tous les autres jours qui suivirent...

Détournant le regard, je ravalais la boule d'angoisse qui remontait du fond de ma gorge. Et comme un automate, terminai mes ablutions, me brossai les cheveux et m'habillai en adéquation avec mon humeur. Pantalon, chemise, bottes noires. 

D'un pas énergique, prit la direction des appartements de ma sœur. Le seul endroit où mon tout nouveau jouet, ma gazelle aux yeux noirs, celle suffisamment distrayante pour  me détourner de mes pensées cauchemardesques, se trouvait.

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant