Chapitre 124

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Salvor


-Salvor, salua mon père avec un soupçon d'étonnement.

Comme si il était surpris de me trouver dans ses appartements privés alors que c'était justement lui qui avait envoyé Reynolds me chercher.

-Assieds toi. J'ai à te parler, poursuivit il, me gratifiant de son regard le plus impérieux.

L'espace d'une seconde je me sentis comme un petit garçon mais je me repris aussitôt. Les cheveux coiffés, la mâchoire rasée de près, le costume bleu marine à la chemise blanche remontée jusqu'aux coudes, je m'exécutai en me demandant pourquoi mon père prenait cet air solennel pour me parler.

Le cour du tabac avait-il encore baissé?

Ou bien des nouvelles d'autres importantes le tracassaient il?

Quoi qu'il en soit son attitude me mit en orbite.

Se calant dans son fauteuil, mon père annonça solennel.

-Je tiens encore à te féliciter pour le travail que tu as fournis ces dernières années. Comme je te l'ai dis, je ne doute plus de ta capacité à diriger notre plantation. Ton idée d'utiliser la flotte de la Syldavie à eut des résultats prodigieux qui ne cessent de croître d'années en années.

-Merci, père. Fis-je heureux et fier.

-Tout homme qui se respecte et qui souhaite que son unique fils reprenne son héritage parle de son avenir avec lui, n'est-ce pas?

-En effet...

-Tu n'es pas sans savoir qu' en tant qu'héritier tu as un devoir sacré à accomplir envers ta famille, tes ancêtres et la génération future.

-Je le sais père. Vous me l'avez apprit dès mon plus jeune âge.

-Bien. Si nous voulons que notre empire prospère à tous les égards, il est primordial de contracter des alliances. C'est ce que tous les héritiers De brym ont toujours fait au cours des siècles passés.

Je me redressai sur ma chaise.

-Il ne t'as pas échappé que j'entretiens d'excellentes relations avec Franklin Wheeler. C'est un ami de longue date que je considère énormément et pour qui j'éprouve un profond respect.

-Cela ne m'a pas échappé...

-Après beaucoup de palabres et de mures réflexions, Franklin et moi avons décidé de lier nos intérêts communs par les liens du sang. Et quoi de plus naturel pour ce faire qu'une union entre nos deux familles. Tu épouseras donc sa fille.

Le monde tourna dans l'autre sens et je vacillai, au point que je du m'agripper à l'accoudoir de la chaise  sur laquelle j'étais assis.

-Felicity?!

-Oui. Qui veux tu que ce soit d'autre, c'est son unique enfant, non? Vos épousailles auront lieues ici au domaine, la semaine suivant le Nouvel An. Tout est prêt tu n'as pas à t'inquiéter.

-Une semaine après le Nouvel An. Vous n'êtes pas sérieux, père?

-Je ne suis on ne peu plus sérieux, Salvor!

-Pourquoi devrais je me précipiter à épouser une femme que je connais à peine et pour qui je n'éprouve aucun sentiment. C'est à peine si nous nous sommes salués les rares fois où nous nous sommes vus! M'agaçais je.

-Qu'à cela ne tienne. Il n'y a guerre besoin de sentiments en matière de mariage. Du reste aux dires de son père, tu lui as fait grande impression le jour où tu lui a offert ce bouquet de fleurs, la fois où tu t'es rendu chez eux à Debourg.

-Sottises que cela, ça s'est passé il y a des années et je n'ai fait que me montrer courtois! J'avais même oublié ce stupide épisode!

-Le chef de famille qui fait passer les intérêts de ses enfants avant le reste aura toujours le dessus sur celui qui fait passer les désirs de ses enfants avant le reste. C'est dans ton intérêt d'épouser Felicity, que cela soit ton désir ou non n'a pas à entrer en ligne de compte. Tu m'obéiras et courtiseras cette jeune femme comme il se doit, est-ce clair?! Ses parents et elle arrivent cette après-midi et resteront jusqu'au mariage. Tu as une quinzaine de jours pour apprendre à la connaître, à batifoler avec elle dans les jardins, à la séduire et si tu y tiens tant que ça, à tomber amoureux. Ce ne sera guère difficile, elle est extrêmement magnifique, prodigieusement riche et d'excellente éducation!

Je fixai mon père, atterré. Il ne pouvait pas être sérieux, bordel.

-Je refuse de participer à cette mascarade! Eructais je.

-Alors tu ne me laisse pas d'autre choix que de te déshériter! La condition sine qua non pour que tu me succède est que tu te maries. D'ailleurs il est plus que temps pour toi de trouver une femme!

-Je croyais déjà être votre héritier!

-Je croyais t'avoir dis qu'il faudrait te conformer à une dernière formalité pour que cela soit effectif!

Décontenancé, je restai sans voix. Mon père réajustant sa posture, ajouta

-Cette union sera bénéfique pour notre famille. Lorsque Franklin sera devenu ton beau-père, il appuiera ma candidature au ministère de la justice. Ainsi je pourrais obtenir le poste que je convoite et débuter ma carrière politique. Dans cette position je serais plus à même de t'aider, ce qui ne sera pas négligeable. Tu n'es pas sans savoir les difficultés que rencontre les planteurs à cause de ces foutus abolitionnistes qui sèment la pagaille!

Voilà de quoi il s'agissait. De pouvoir, d'influence, de prestige et d'idéaux. Mon père se servait de moi pour assouvir ses ambitions politiques. Ayant vécu les vingt-cinq premières années de ma vie auprès de lui, plus rien n'aurait du m'étonner de sa part pourtant je me surprenais encore à espérer une certaine compréhension venant de lui.

Était ce trop d'envisager qu'il voit les choses comme moi, pour une fois?

Un coup frappé à la porte m'extirpa dans mes réflexions.

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant