Chapitre 64

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Ysaé


Je me réveillai en sursaut.

Écartant mes cheveux de mes yeux, je tentai de comprendre ce qui m'avait réveillée. La pluie continuait de tomber sans discontinuer. Ma chambre était plongée dans le noir. Donc ce devait être le milieu de la nuit. La lampe de Mlle s'était éteinte.

Je restai immobile et écoutai toujours.

Après un moment, je l'entendis.

Le magistral coup de tonnerre qui fit trembler la maison.

Mlle poussa un cri. Je me précipitai dans sa chambre et avec des mains tremblantes, tentai de rallumer la lampe.

-Mlle?

Pas de réponse.

Un autre coup de tonnerre éclata. Mlle poussa un hurlement. J'abandonnai mon projet de faire de la lumière et sautillai jusqu'à son lit.

-Mlle?

Une déflagration plus violente que la précédente frappa au moment où je m'enfouissais sous les couvertures. Mlle claquait des dents. Elle avait peur. Une peur extrême. Et moi aussi.

Me raclant la gorge, j'essayai de prendre un ton rassurant.

-Je suis l...

Un fracas encore plus puissant secoua la pièce. Nous hurlâmes à l'unisson blottis l'une contre l'autre. 

La porte de la chambre de Mlle qui claqua d'un coup, faillit nous faire rendre l'âme.

Je su que c'était lui avant de le voir pénétrer dans la pièce. Le sang me monta aux oreilles quand je le vis approcher. Tel un dieu protecteur, il traversa la chambre, uniquement vêtu d'un caleçon long, une lampe à la main, qu'il déposa sur le bureau. Son pendentif en forme de S balançait au creux de sa large poitrine dénudée à chacun de ses vigoureux pas. Ses yeux d'acier se rivèrent un instant sur moi avant de se poser sur sa sœur.

Contournant son lit, il s'allongea de son coté.

-N'aie pas peur. Je su...

Un retentissant coup de tonnerre noya la fin de sa phrase. Mlle Lorys criant, quitta mes bras pour aller se réfugier dans le confort des siens.

-Ce n'est qu'un orage. Tu verras qu'au matin il sera partit, murmura t-il comme un père réconfortant son enfant terrifié.

-Reste avec nous, geignit Mlle en enfouissant son visage contre son torse.

-Je reste avec vous, lui répondit il, relevant ses yeux aciers sur moi.

Puis passant le bras par-dessus le corps de sa sœur recroquevillé contre lui, il entortilla son index dans mes cheveux pour enrouler une mèche autour. Le voir faire cela me paralysa. Son regard ne me quittait pas tandis que dehors les éléments à l'instar des battement de mon cœur, se déchaînaient dans un chaos assourdissant.


                                                                                                ***

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais confortablement installée dans le lit de ma maîtresse. Mlle dormait allonger sur le ventre. Son visage tourné dans ma direction était caché par ses boucles noires en bataille. En regardant autour de la chambre, je constatai que Mr Salvor avait disparut et que le soleil était apparut.

Je me levai pour m'occuper des préparatifs pour la toilette de ma maîtresse. Ce faisant, je repensais à ce qu'il s'était passé durant la nuit. 

Mr Salvor éprouvait une folie obsessive envers moi, ça je l'avais compris. Mais c'était mes sentiments par rapport à cette folie que j'avais du mal à accepter. 

En dépit de toutes les résolutions que j'avais prise pas plus tard dans la matinée, mon cœur s'était emballé comme un cheval fou lorsqu'il avait saisit une de mes boucles. Et je m'étais sentis posséder par lui lorsque ses yeux acier auxquels il m'était impossible d'échapper, ne s'étaient pas lassés de me scruter. Après s'être assuré que sa sœur emmitouflée dans sa couverture se soit profondément endormie, il s'était silencieusement déplacer pour venir s'installer entre nous deux. Là, sans dire un mot, il m'avait enlacé à mon tour dans la sécurité chaude de ses bras. 

C'était ce geste là qui avait piétiné toutes les promesses de rester loin de lui que j'avais faites à Shakur.

Assujettissait il ma raison?

Au point de me transformer en quelqu'un de totalement perfide?

La pulpe de ses doigts s'était mise à caresser doucement l'épiderme de mon bras. J'avais relevé le visage vers lui, nos regards s'étaient croisés dans la lueur de la lampe et le temps s'était arrêté. Une étrange sensation avait trouvé refuge dans ma poitrine alors que j'observais cet homme que j'aurais du mépriser et qui me faisait douter, au point que je ne sois plus sûre de rien.

J'aurais du le haïr. Pour qui il était. Pour ce qu'il représentait.

Pourtant...une partie de moi s'y refusait. Peut-être parce qu'à cet instant là, il avait l'air de quelqu'un de complètement différent, de moins torturé. Comme si le vrai lui ne pouvant plus se cacher se révélait. 

Là, dans ses bras, je n'avais pas pu m'empêcher d'enfouir ma tête contre sa large poitrine et de respirer son odeur masculine.

J'en crevai d'envie.

J'en avais besoin!

Alors je me laissai bercée par les battements rassurants de son cœur. Et tandis que sa main s'accaparait de ma nuque de manière possessive, je glissai doucement dans un profond sommeil.

J'avais honte. Oui, j'avais honte d'avoir aimer chaque seconde passé dans les bras de celui que j'avais promis de fuir. Et de toute éternité, je traînerais cette honte derrière moi.

Tandis que j''étalais différentes robes sur le lit pour que Mlle fasse son choix de tenue pour la journée, Ma fit irruption dans la chambre. Elle avait l'air agacée. Se faufilant à mes cotés, elle glissa dans mon oreille.

-Quand tu en auras fini avec Mlle vient me retrouver dans la dépendance.

De la manière dont elle prononça ses mots, un profond sentiment de malaise s'implanta en moi. Je fermai les yeux d'appréhension car je savais pertinemment de quoi elle voulait me parler.

Une fois habillée coiffée et restaurée, Mlle s'installa à son bureau de dessin. Quand je lui proposai de sortir à la place, elle refusa tout net, quand bien même le soleil était revenu et que les oiseaux chantaient à tu tête dans le ciel.

-Je préfère rester dans mes appartements, murmura t-elle.

-Mais il fait si beau dehors. On pourrait aller au Pavillon si vous voulez?

-Non.

-L'orage est passé Mlle et pour une raison que j'ignore vous semblez en avoir toujours peur.

-Je n'en ai plus peur. C'est juste que je préfère rester dans mes appartements aujourd'hui. C'est tout.

Je pouvais voir le mensonge tapit au fond de ses yeux bleus remplit de larmes alors qu'elle me regardait.

-Je peux rester avec vous si vous voulez.

-Non. Ma t'attends. Et vu la façon dont elle s'est adresser à toi, ça doit être important. De toute façon je n'aurais pas besoin de toi avant le déjeuner, alors tu peux y aller.

Je n'insistai pas et sortis, me promettant de découvrir le mystère qui se cachait derrière tout cela. 

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant