Chapitre 68

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Salvor


Les yeux dans le vague, j'étais absorbé dans la contemplation du voile de la nuit qui enveloppait paresseusement le paysage à travers la fenêtre, lorsque je l'entendis, le déclic d'ouverture et de fermeture de la porte de ma chambre. 

Je me retournai. 

L'esclave était là, debout au centre de la pièce. 

Mon cœur s'emballa de la savoir là. Elle était la seule à me chambouler au point de ne plus rien maîtriser. Avec sa chevelure de lionne qui tombaient en une infinité de boucles sur ses épaules, ses prunelles noires étincelantes, son nez retroussé et ses lèvres charnues, elle était d'une beauté exotique à couper le souffle. Je fus sous le charme. 

Elle admira le décor de ma chambre comme si elle ne l'avait jamais vu et lorsqu'elle ramena son regard d'encre à travers ses longs cils noirs sur moi, je chavirai. Tout mon corps se tendit sous l'effet du désir. Des frissons me parcoururent. Oui, des frissons. Cela ne m'était jamais arrivé auparavant. 

Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait en moi. J'étais complètement perdu face à mes réactions totalement irrationnelles. Ce besoin de possession qui s'emparait de moi face à elle, jamais je n'avais ressentis d'émotions si violentes, que j'étais incapable de maîtriser. 

Je voulu me jeter sur elle comme mon instinct me l'ordonnait mais à la place je décidai de prendre mon temps. N'avions nous pas toute la nuit? D'autant, et même si cela m''avait surpris au premier abords lorsque j'y avais songé un peu plus tôt dans la journée, j'éprouvais le besoin de savoir plus à son sujet. De parler avec elle, de savoir d'où elle venait, de connaître son histoire.

Ne lui avais je pas raconté une partie de la mienne?

L'esclave s'était insidieusement glissé dans mon esprit.

Je le savais, je le sentais. Malgré certaines choses difficiles à concevoir. Déposant mon verre sur la desserte j'allai à sa rencontre et prit délicatement son visage entre mes mains.

Elle avait les yeux rougis comme si elle avait pleurer.

Cela me chamboula et m'énerva au plus haut point.

Je ne voulais que rien ni personne ne contrarie ma petite esclave, ma petite gazelle. Il n'y avait que moi qui avait le droit de la faire pleurer.

-Est-ce que ça va? Demandais je, réellement inquiet.

Elle prit une profonde respiration et je fus comme une victime expiatoire, suspendu au bord de ses lèvres attendant le coup fatal.

-Oui, Maître.

-Salvor. Appelle moi Salvor. Et dorénavant je veux que tu me tutoie.

Me tutoyer était plus intime. De toute façon depuis qu'elle criait mon prénom au plus fort de l'extase, je n'avais qu'une envie, l'entendre à tout bout de champ sur ses lèvres.

L'esclave m'observa un moment en clignant des yeux. Des yeux immenses aux cils d'une noirceur brillante qui rendaient encore plus étonnant la profondeur de son regard.

-D'accord, Salvor. Murmura t-elle.

J'aspirai une goulée d'air pour ne pas m'étouffer. Sa façon de prononcer mon nom était si intense que tout mon sang afflua vers le sud. J'étais si excité que cela me bouleversa. 

Un violent sentiment de possession, de désir et de tendresse mélangés me submergea. C'était presque douloureux d'éprouver toutes ses émotions à la fois. D'autant que c'était la première fois que je les ressentait. Mon cœur se gonfla dans ma poitrine. Tellement c'était fort. Tellement c'était douloureusement bon. Tellement c'était douloureusement mal. 

Je ne pu me retenir de déposer ma bouche sur la sienne. Fermant les paupières, j'essayai de toute mes forces de juguler l'envie puissante de la ravager qui m'emportait.

Je voulais faire ce que j'avais dis, bordel!

Je voulais discuter avec elle!

Apprendre un tant soit peu à la connaître!

Mais cet effort me tuait à petit feu.

Lorsque sa langue entra en collision avec la mienne, mon monstre brisant toute retenu, fondit sur elle.

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant