Chapitre 114

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Ysaé

 J'effectuai mes corvées de la journée comme transporter sur un nuage. Ce ne fut qu'une fois ma maîtresse endormit et alors que j'étais dans la salle d'eau en train de me rafraîchir que je pris pleinement conscience qu'ayant pris ma décision, je ne tarderais pas à retrouver Salvor. 

Je frissonnai violemment pendant de longues minutes avant de pouvoir me calmer. Le souvenir de Pa, de Ma et de Shakur, feraient toujours partie intégrante de moi. Ils seraient un poids constant sur mes épaules, une douleur incessante dans ma poitrine que je ressentirais à chaque seconde du jour. Mais la forteresse que j'avais érigé autour de mon cœur en leur honneur en dépit de tous mes efforts et de toutes mes convictions, ne faisait plus son office maintenant. Elle avait été pulvérisée par Salvor et ses morceaux dispersés aux quatre vents. 

En réalisant cela mon chagrin avait perduré tout au long de la journée. 

Soudain, je pris conscience de quelque chose. Je pris conscience que j'avais beau lutter contre les sentiments que je ressentais, Salvor et moi c'était inévitable. Je le savais. 

Étant dans l'incapacité de guerroyer plus longtemps contre mon cœur, je déclarai ma reddition devant une bataille que je savais perdue d'avance. Une détermination féroce s'emparant immédiatement de mon être, les relents d'incertitudes qui persistaient en moi furent définitivement chassés. Peu importe ce qu'il adviendrait désormais et les conséquences qui s'en suivraient, mon organe vital à l'inverse de mon esprit avait décidé de battre pour Salvor.

Que pouvais je y faire?

Il m'était impossible de diriger mon être dans deux directions opposées.

Et mon palpitant qui battait à un rythme effréné était prépondérant.

Prenant donc la décision de me soumettre entièrement à mon organe vital, je tendis l'oreille en sortant de ma chambre et d'un pas régulier emprunta le couloir, m'efforçant de contrôler ma respiration, l'excitation me comprimant la poitrine. 

La porte des appartements de Salvor pivota sans faire le moindre bruit lorsque je l'ouvris et la refermai derrière moi. Je pénétrai dans son antre, mes pas suivant la cadence effrénée des battements de mon cœur. Une flambée nimbait la pièce de lumière. Salvor m'attendait là, assis au bord de son lit, la tête penchée, les mains nouées dans le vide entre ses jambes écartées. Sa vision me secoua. 

Humidifiant mes lèvres j'avançai silencieusement jusqu'à me trouver devant lui. Sentant ma présence, il redressa la tête et m'observa un moment. Ses traits tourmentés se détendirent puis déposant son front contre mon ventre, il ceint le tour de ma taille de ses grandes mains. Mes doigts glissèrent instinctivement sur sa nuque, tirant légèrement sur ses cheveux. 

Ce naturel entre nous était incroyable. 

Il exhala un râle, et je compris que le moment entre son départ de la serre et mon arrivée dans sa chambre avait été pour lui, insoutenable. Nous restâmes là parfaitement immobiles. Et puis comme pour répondre à son appel muet je saisis ses mains pour les détacher de ma taille. Les portant à mes lèvres, je les embrassai l'une après l'autre, délicatement. Salvor se redressa tout en me fixant et le monde entier se mit à vaciller. Il se pencha pour déposer délicatement ses lèvres sur les miennes. 

Un voile se forma autour de nous, nous cloîtrant des écueils du monde extérieur. Sa langue affamée me dévora avec une telle avidité que j'eus du mal à soutenir son rythme. Une vague de désir profond prit naissance au creux de mon ventre lorsqu'il enleva ma tunique par dessus ma tête et fit disparaître ma culotte me laissant nue debout devant lui, le cœur tambourinant. 

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant