Chapitre 108

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Salvor

La journée débutait à peine.

Pourtant, au lieu d'être concentré sur les changements structurels à envisager pour la bonne marche du domaine, je me trouvais dans le bureau, miner par des pensées sombres qui m'empêchaient de réfléchir. 

Mes yeux étaient fixés sur les courriers, les registres de comptes, les correspondances devant moi qui nécessitait toute mon attention, mais je ne cessais de penser à Waters.

Waters posant ses mains sur Ysaé. 

Waters touchant ses cuisses, ses fesses, sa bouche, s'acharnant sur ses lèvres comme une brute épaisse, sa langue léchant sa peau satinée, son membre dur la pénétrant.

Bouleversé par ces images tout aussi intolérables qu'écœurantes, mon poing se fracassa sur la surface en bois du bureau.

Waters m'avait il dit la vérité?

Ne s'était il pas laisser-aller à poser ses sales pattes sur Ysaé?

Ne l'avait-il pas forcé à coucher avec lui?

Encore une fois, m'avait il bien dit la vérité?

Ces questionnements m'empoisonnant l'esprit, je fus pris de l'envie dévorante d'être délivré de mes doutes. Ça ne servait à rien de faire mille suppositions sans vraies réponses. Questionner Ysaé elle-même était le seul biais par lequel j'aurais l'entière vérité.

Stop!

Je vous arrête tout de suite!

N'allez pas vous imaginer des choses.

Je voulais juste savoir la vérité pour qu'après cela je sois à même de travailler l'esprit tranquille.

Rien de plus.

Quittant mon bureau, je me rendis illico dans les appartement de ma sœur. De toute façon il fallait bien que je lui raconte mon entrevue avec notre père et aussi que je sache si la proposition d'être responsable de la bonne marche du quartier des esclaves lui conviendrait quand je lui en ferais la demande.

Le souffle rendu hachuré, uniquement, je tiens à le préciser, par ma marche rapide, j'entrai chez Lorys en regardant frénétiquement autour de moi.

Elle était seule.

Merde.

-Tu cherches quelque chose?

-Euh, oui, toi!

-Ben je suis là. La chose microscopique qui se trouve dans le coin près du bureau que tu ne vois pas, c'est moi. Lança Lorys en agitant la main.

Le cœur battant toujours à cause de ma marche rapide, je vins silencieusement m'asseoir dans le fauteuil.

-J'ai une proposition à te faire, dis-je après un instant de silence. J'espère que tu accepteras.

-Je t'écoute.

-Que penserais tu si je te chargeais de t'occuper du bon fonctionnement du quartier des esclaves. Voir de quoi ils ont besoin. Vérifier qu'il sont nourris à leur faim, les soigner le cas échéant...

-Mais tu as perdu la tête ma parole! Tu veux que père m'exile dans un couvent, c'est ça.?!

-Père ne t'exilera nulle part. Figure toi qu'il part pour un long voyage deux semaine après le Nouvel An et qu'il a d'ors et déjà fait de moi son héritier. La direction de la plantation me revient dès à présent.

Lorys me dévisagea avec un tel effarement et s'en était si risible qu'un sourire vint étirer mes lèvres.

-Alors...

-C'est vrai? Père part pour un long voyage et la direction du domaine te revient dès à présent?

-Puisque je te le dis.

-Et tu veux que moi, Lorys, ta petite sœur, ait la responsabilité du quartier d'esclaves!

-Puisque je te le demande.

-Et lorsque père reviendra?

-Père part pour un long voyage. Il se rend dans les Terres chaudes. Lorsqu'il reviendra, il a l'intention de passer le plus clair de son temps en ville. Selon ses dires, il a certaines prétentions politiques à assouvir. De toute les façons qu'il reste ici où à Planques ne changera rien. Il n'aura plus son mot à dire en ce qui concerne la direction du domaine. C'est moi qui prends les décisions désormais.

-Alors, c'est oui. Si père n'aura pas son mot à dire, je serais heureuse de m'occuper du quartier des esclaves.

-Que les choses soient bien claires, Lorys. Premièrement, tes suggestions et ou changements devront rester dans l'ordre du raisonnable. Deuxièmement, je devrais valider chacune de tes propositions. Tu travailles pour moi et non l'inverse. Ce qui fait que tout ce que tu souhaiteras mettre en place devra être approuver par mes soins. J'ai beaucoup de chose à faire et t'occuper du quartier des esclaves me déchargera d'une partie de mon travail et me permettra d'investir mon temps dans autre chose.

-D'accord, c'est toi le chef. Mais pour que les choses ailles pour le mieux je te suggère d'ors et déjà de changer de commandeur. Mr Waters n'est clairement pas fait pour ce poste.

-Je le sais. Et j'ai déjà quelqu'un en vue figure toi. Je suis soulagé que tu ais accepter ma proposition sache le, d'autant qu'il m'aurait fallu trouver quelqu'un de confiance pour le faire et...

Ysaé entra dans la chambre alors que je parlais toujours. Son regard se posant sur moi creusa presque un trou dans mon cœur. Elle était si belle que cela me fit mal de la regarder. Avec ses yeux sombres et brillants, ses cheveux de lionne, les courbes de son corps qu'il était difficile de ne pas remarquer, je me sentis captif. Un déchirement douloureux au simple fait d'imaginer les sales mains de Waters se promenant partout sur son corps me donna la nausée. 

Il fallait coûte que coûte que je combatte l'attraction qui m'emportait dès je la voyais. Dès je la voyais, je n'arrivais même plus à réfléchir. Seuls mes bras autour de sa taille, mon nez plongé dans son cou pour respirer son odeur, comptait. Je m'étais laissé prendre une fois, je ne pouvais pas recommencer cette spirale infernale. Quand j'étais partis j'avais trop souffert, j'avais eus trop de peine.

Gênée par mon regard persistant, Ysaé, qui cherchait une excuse pour fuir cette tension à couper au couteau qui s'était installé entre nous à partir du moment où nos yeux s'étaient croisés, fit mine de se plonger dans la contemplation du bouquet de rose qu'elle venait de déposer sur le bureau de sa maîtresse.

-Je reviens Mlle. J'ai oublié de récupérer votre linge à la buanderie. Balança t-elle avant de se retirer précipitamment.

-Pas de soucis, Ysaé.

Me redressant instinctivement, je déclarai à Lorys

-J'y vais moi aussi. J'ai beaucoup de travail qui m'attends. Fais moi part au plus vite de tes suggestions.

-Donne moi quelques jours, le temps que je me rende au quartier avec Ysaé. Ensuite je reviendrais vers toi avec des propositions.

-Entendu.

-Mon frère, appela Lorys alors que je m'apprêtais à sortir. Merci!

-Tu n'as pas à me remercier. Dis-je pressé de mettre un terme à la conversation. Les esclaves t'aiment beaucoup, je crois que tu feras de l'excellent travail avec eux et le rendement n'en seras que meilleur.

-Donc ta proposition n'a rien à voir avec une quelconque compassion à l'égard de ta petite sœur qui passe ses journées à pourrir sur sa chaise roulante. C'est juste une question de rendement?!

-Tu as tout compris c'est juste une question de rendement. Lançai je d'une traite avant de quitter précipitamment la pièce.    

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant