Chapitre 59

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Salvor

Mes pas résonnant avec une détermination inébranlable sur le sol, je me dirigeai vers celui qui du même sang que moi était confortablement installé dans un fauteuil sur ma véranda.

Mon oncle sourit lorsqu'il me vit, cependant son sourire ne gagna pas ses yeux de rapace. Je me demandais ce qu'il fichait ici alors qu'il savait pertinemment que mon père était en ville. Je me mis à fixer Robert De Brym, frère aîné de mon père à qui je ne faisais aucunement confiance. La façon dont il lorgnait la place de mon paternel à la tête de la plantation prouvait que s'il le pouvait, il l'éjecterait pour pouvoir poser son gros cul gras dessus.

Place, qui au titre de fils aîné aurait du lui revenir soit dit en passant. Malheureusement pour oncle Robert, le rêve qu'il nourrissait dans sa tendre jeunesse ne s'était jamais réalisé. Mon grand-père en avait décidé autrement lorsque contre toute attente, il avait choisit son plus jeune fils comme son successeur. Le fait que mon père ait su faire fructifier la plantation tout en s'alliant par mariage avec la puissante famille de ma mère, avait largement fait pencher la balance de grand-père Rodrigue en sa faveur.

Les années passant avaient donner raison à grand-père Rodrigue. Mon père à lui seul, avait contribué à faire de la famille De Brym ce qu'elle était aujourd'hui. C'est à dire, une famille qui faisait partie intégrante de l'élite. Oncle Robert qui en apparence s'était accommodé de la décision de grand-père Rodrigue, changea radicalement d'attitude à la mort de ce dernier. A partir de ce jour là, de nombreuses tensions commencèrent à faire leurs apparitions entre les deux frères. Plusieurs rumeurs circulaient, racontant que Robert essayait de nouer des relations derrière le dos de mon père avec de potentiels concurrents. Mais la preuve n'ayant jamais pu être établit, mon paternel refusait de croire que son propre frère ait été à l'origine de telles bassesses. 

Pour ma part j'y croyais. Dur comme fer. Mon oncle pouvait jouer la carte du bien-aimé grand frère, je lisais en lui comme dans un livre ouvert et sa perfidie me sautait au visage à chaque fois que je le voyais.

-Salvor, tonna sa voix d'hypocrite.

-Mon oncle.

Je pris un ton glacial pour qu'il comprenne que je n'appréciais pas du tout de le voir ici.

-En rentrant chez moi j'ai décidé de passer te faire un petit coucou.

-Quelle noble idée!

Mon enthousiasme était aussi faux que le sourire plaqué sur son visage d'hypocrite. Il ne prit même pas la peine de se lever de son siège pour me saluer, sans doute à cause de son énorme bide qui se tendait contre sa ceinture. Je m'entendis penser que la vie avait été bonne avec lui. Oui, trop bonne en vérité. Car ce gros con ne méritait pas la moitié du quart de la fortune que mon père lui avait donné. Son épouse se pavanait dans les Clubs de femmes les plus réputés de la ville en jouant la Madone, et toutes les dettes de jeux de Simon, son bon à rien de fils, étaient payés rubis sur ongle à chaque fois qu'il venait pleurer pour que mon père les règle à sa place. Tout cette mascarade prendrait fin quand je dirigerai la plantation. 

Pour couronner le tout, l'écœurante odeur de son eau toilette s'immisça dans mes narines à l'instant où je m'assis face à lui, la table basse nous séparant.

-Si tu es là à cause d'une énième dette de jeux de Simon, tu es venu pour rien père est pas là, attaquai je bille en tète.

-Pas la peine de monter sur tes grands chevaux. Je sais où trouver ton père en ce qui concerne les dettes de jeux de Simon. Si je suis là, c'est uniquement pour te porter mon soutien, cher neveux. Siffla t-il.

-Me porter ton soutien. Comme la corde supporte le pendu? Demandais je sarcastique, sans bouger d'un cil.

-Tu n'es pas sans savoir que l'échec cuisant de la traque de Belle fait beaucoup parler à Palanques, contre-attaqua t-il.

Shakur qui n'était pas loin, apparut. M'adressant un regard complice, il me demanda.

-Monsieur? Puis-je faire servir les rafraîchissements.

-Oui merci Shakur répondis je, soulagé par ces quelques secondes d'interruptions qui me permirent de me ressaisir.

A contrecœur je du reporter mon regard sur mon oncle. Le subtil sourire sur son visage commençait à m'énerver sérieusement. Ce salaud avait quelque chose à me faire savoir.

-Tout le monde trouve bizarre que Belle ait réussit à s'enfuir d'une plantation comme celle des De brym. Car bien entendu la plupart ne croit absolument pas qu'elle soit morte à cause du mauvais temps. A chaque goutte d'eau qui tombe du ciel les planteurs craignent que cela ne donne des idées saugrenues à leurs esclaves.  Et les mauvaises langues disent que cela est arrivé parce que tu as toujours été trop conciliant avec tes nègres. Miaula Robert, un sourire dégoûtant étirant ses lèvres de rapace à la con.

-Et dans cette belle brochette de vipère, où te situes tu mon oncle? Au milieu?

-Oh, nulle part. Je ne me situe  nulle part. Tout ce que j'ai dis en entendant leurs médisances c'est que je connais mon cher neveu par cœur et que jamais au grand jamais il ne fricoterait avec ces putains d'abolitionnistes! C'est vrai quoi, ce serait certainement pas toi qui aimerais te retrouver pendu à un arbre?!

C'était dit sur le ton de la plaisanterie, pourtant je perçus la menace déguisée sous l'insulte. Même si j'aurais aimer plus que tout arracher la tête de mon oncle, je fis semblant de partager son hilarité.

-Tu as bien raison oncle Robert, tu me connais bien. Je ne fricote pas avec ces putains d'abolitionnistes comme tu dis. Et ni moi ni personne sur la plantation avons aider Belle s'enfuir. Pas plus d'ailleurs que je n'ai des dettes de jeux, l'autre raison pour laquelle je risquerais de me retrouver pendu à un arbre!

Même si je ne pouvais pas lui refaire le portrait, je pouvais au moins l'insulter à mon tour. Levant le menton, mon oncle s'apprêtait à répliquer quand il fut interrompu par l'arrivée des rafraîchissements ou plus précisément, par l'arrivée de mon esclave qui déposait le plateau de rafraîchissements sur la table. En voyant Ysaé, je fus pris par une subite bouffée de chaleur incontrôlable qui fulgura dans ma tête.

Mais que faisait elle là bordel de nom!

Où était passé le personnel de la maison?

J'essayai de capter l'attention de Shakur pour avoir un semblant d'explication mais trop occuper à disposer des foutus sandwichs sur un plat, ce demeuré ne le vit pas. Sa natte balayant son cou, sa tunique blanche épousant ses douces courbes qui me firent instantanément penser au moment je m'enfonçais profondément en elle, mon esclave remplissait d'une main légèrement tremblantes, deux grands verres avec de la limonade bien fraîche.

Le drame se produisit au moment où mon oncle se levant, attrapa sa taille de ses grosses mains répugnantes. 


YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant