Chapitre 72

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Ysaé 

Après m'être m'occuper de ma maîtresse, j'allais lui chercher son petit déjeuner dans la cuisine. Betsy ne m'adressa toujours pas un regard. J'essayai d'engager la conversation avec elle mais elle resta muette. A croire que j'étais inexistante. Mes yeux devinrent humides à cause de son attitude, mais je ne pleurai pas.

Je leur laisserai du temps à elle et à Ma.

Je leur laisserai du temps et elles seront bien obligées de me pardonner. Elles seraient bien obligées de me pardonner lorsqu'elles apprendraient que j'avais choisis Shakur en marronnant avec lui. Chaque personne avançait à son rythme, peut-être qu'un jour j'aimerais Shakur comme lui m'aimait.

En tout cas il avait l'air d'y croire et j'étais prête à y croire moi aussi. Tombée amoureuse de lui ne serait pas dangereux. Au contraire, ce serait sécurisant. Et c'était ce dont j'avais besoin dans ce monde inhumain dans lequel je vivais. De toute façon j'étais prête à tous les sacrifices pour qu'il n'arrive rien à Shakur.

Je ne vis pas l'ombre de Ma. De toute la journée.

A croire qu'elle aussi était devenue inexistante.

J'avais promené Mlle dans les jardins puis nous avions passées quelques heures dans le pavillon où nous avions ramener le déjeuner. Dans l'après-midi, nous nous rendîmes à l'étable voir le petit veau qui était né le jour de la visite de l'oncle de Mr Salvor.

Mes pensées me flagellant encore et encore, j'écoutais d'une oreille distraite les babillements incessant de Mlle, les sens constamment en alerte, m'attendant à tout moment que Mr Salvor me tombe dessus. A ma plus grande surprise l'après-midi se passa sans accro ni mauvaise rencontre. Peut-être s'était-il absenté du domaine pour quelques jours et que je me faisais un sang d'encre pour rien. Mais cette pensée loin de me rassurer me persécuta davantage. Je demeurai donc sur le qui-vive, n'osant interroger ma maîtresse sur ce qu'elle savait de la présence ou de l'absence de son frère sur la plantation.

Le soir arriva.

Mlle m'informa de son intention de se coucher tôt tant elle était épuisé après la magnifique journée que je lui avais fait passer en la promenant partout sur le domaine, sans répit. Elle s'endormit la tête à peine posée sur les oreillers. Je fis de rapide ablutions, mit ma chemise de nuit et m'allongeai dans mon lit, l'esprit en ébullition. 

Je m'apprêtai à fermer les yeux, lorsque la porte de ma chambre s'ouvrit. Mon cœur s'arrêta, puis repartit en constatant que ce n'était que Reynolds.

Mais que venait il faire dans ma chambre? C'était la première fois que je le voyais traîner dans cette partie de la maison. Peut-être que Ma avait un problème?

-Que se passe t-il, demandai je en me redressant d'un bon dans mon lit.

-Mr Salvor veux que tu te rendes dans le bureau, immédiatement. Lâcha t-il l'air contrit et désolé.

Mon cœur plongea dans le sol. Je voulu me changer en remettant ma tunique mais Reynolds me conseilla qu'il serait dans mon plus grand intérêt de ne pas faire attendre le maître une seconde de plus. Marchant comme une condamnée à mort derrière lui, je su que l'heure de mon exécution avait sonné lorsqu'il m'abandonna sans un regard, une fois qu'il eut reçu l'ordre de me faire pénétrer dans la pièce. 

Je levai la tête pour scruter le visage de l'homme qui donnant l'impression d'être assit sur un trône et non sur un vulgaire fauteuil de bureau, me fixait. Son regard acier me gela. Il respirait par à coup. Comme si il avait du mal à maîtriser la fureur qui sortait de lui. Je fermai les yeux.

-Ysaé.

-Je me détestai sur-le-champ lorsque je sentis l'émotion m'envahir en entendant le timbre profond de sa voix. Je refusai d'ouvrir les yeux ou de lui répondre. De savoir à quel point j'aimais le son que faisait mon prénom dans sa bouche, me dégoûtait.

YsaéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant