Chapitre 1

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Je suis perdue... Dans des abysses des plus entêtantes. Leurs couleurs bleues, grises, m'hypnotisent. Ce n'est pourtant pas la première fois, que je me retrouve bloquée dans ces couleurs, qui me sont devenues familières... Je ne vois plus que ces deux prunelles qui, pareilles à deux joyaux, soutiennent mon regard. Je n'ai pas voulu les regarder au début. Je me suis juste contentée de lever mes yeux de ma table ennuyeuse et je me suis retrouvée piégée. Comme à chaque fois, plus rien ne compte autour de moi, seul un léger brouhaha me parvient.

- Éléna vous pouvez peut-être répondre à ma question ? me demande sèchement Monsieur Damen, m'obligeant alors à m'arracher à ma contemplation.

Nous sommes lundi matin, et je sens qu'un mal de crâne ne va pas tarder à arriver. Je reviens brutalement à la réalité.

Je suis actuellement dans ma première heure de cours, et le réveil est dur.
Mon prof de français me toise patiemment, attendant ma réponse.

- Excusez-moi Monsieur, je n'ai pas entendu votre question. soufflais-je.

- C'est bien pour cela que je vous interroge Mademoiselle... Vous sembliez rêver.

Après l'avoir traité de connard mentalement, je daigne faire un effort.

- J'ai entendu la fin de votre question qui portait sur la tragédie classique, mais je ne sais pas sur quelle œuvre vous souhaitez que je m'exprime.

- Bien joué nana ! me murmure Marie en me collant un coup de coude au passage.

Je me retiens de pouffer et attends la réponse de mon petit prof... Il n'est pas méchant ! Je l'aime bien, mais parfois j'aimerais taper sa petite tête sur son bureau... Surtout quand il affirme des choses qu'il ne semble pas connaître.

- À votre avis ? me nargue t-il.
Nous n'étudions qu'une seule œuvre principale qui est...

- Britannicus ! le coupais-je.

Fière de m'avoir fait réagir, il me laisse exposer mes arguments en les confirmant d'un hochement de tête.
Une fois ma tâche accomplie, je me retrouve normalement tranquille jusqu'à la fin de son cours. Il me suffit de faire semblant de suivre et de ne plus m'extasier sur l'Apollon qui se trouve à l'autre bout de la classe.

Ce n'est pas de ta faute s'il te regardait. me chuchote ma conscience, qui est vite interrompue par une deuxième petite voix très sarcastique:

Parce que tu crois qu'il s'intéresse à toi ? Laisse moi rire !

J'enferme les deux chieuses dans un coin de mon cerveau, en leur faisant un doigt avant de claquer la porte.

Concentre toi ! Merde Éléna ! Tu veux encore que le nain t'interroge ? Non !

L'heure et demi est encore moins rapide qu'un escargot aveugle... Je peste toutes les cinq minutes, ce qui ne fait qu'accroître l'amusement de Marie. Je lui fais un doigt à elle aussi, qu'elle me rend du tac au tac, avant de m'offrir un large sourire auquel je réponds avec bonheur. La sonnerie de délivrance retentit enfin, mettant ainsi fin à mon calvaire. À peine ai-je franchis la porte que je le regrette déjà. Monsieur l'Apollon était déjà sortit et abordait un sourire en coin à faire baver des bonnes sœurs.

Just for you : Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant