Just for you : Tome 1

Chapitre 52

Média: Bittersweet Tragedy - Melanie Martinez

Je l'entend se heurter à la porte et je me précipite pour ouvrir le robinet de la douche au maximum pour ne pas entendre ses protestations. S'il tente d'en faire...

Monsieur doit être vexé que tu lui ai claqué la porte au nez.

Je me débarrasse du peu de vêtements qui couvrent mon corps en reniflant une dernière fois son odeur sur sa chemise, qui restera pour toujours ma préférée.
Je me glisse sous le jet d'eau bouillante en espérant fondre dessous pour ne jamais avoir à me rappeler de ce jour. J'entends des heurts derrière la porte et je pose ma tête contre la paroi en verre de la douche. Le contraste chaud-froid me saisit, je ferme les yeux et expire.

Allez Éléna ! Tu as déjà fais ça.

Oui mais... J'ai l'impression que mon coeur battra toujours pour lui. Il peut me détruire, me brûler, me tuer si cela lui plait, mon coeur ne cessera jamais de chanter pour lui. Je m'assois sur le sol de la douche et me laisse complètement aller. Je ne suis qu'une loque, je me recroqueville entourant mes jambes de mes bras.
Voilà, les ténèbres sont de retour. Il n'a jamais voulu de moi, comme je voulais de lui. Ils ont du même bien rigoler avec son frère.

Voilà ce qu'est l'amour... Un monstre sombre qui se dresse dans tout votre corps et qui enserre de ses griffes votre coeur trop naïf, qui vous a laissé croire que vous étiez aimé. Et votre coeur saigne du passage de ces griffes... Chaque goutte ruisselle sur vos plaies à vif, vos souvenirs de bonheur. Vous vous souviendrez toujours de l'instant fatidique, et votre joie passée, viendra danser sous vos yeux les soirs brumeux en vous rappelant les délices d'autrefois.

Je suis obligée de partir... À quoi bon rester avec quelqu'un qui ne veut visiblement pas de vous. Il faut alors se contenter de survivre...

Je me redresse doucement, comme un faon qui vient d'être mis au monde et qui essaye de tenir sur ses jambes. Je me lave en vitesse. J'avais espéré que la douche me lave de mes angoisses et de ma tristesse... Mais c'était une idée stupide. Je m'enroule dans une grande serviette crème. L'eau m'a tout de même débarrassé de toutes traces de maquillage restantes, vestiges de la nuit passée. Je ne sais même pas quoi me mettre sur le dos... Mais il faut que je sorte, hors de question de rester ici où déjà tout semble me hanter. Je l'aime tellement, mais il n'est plus là pour mon cœur...

Je me poste devant la porte et oscille sur mes talons. Je n'ai pas le choix... Je vais devoir me confronter à son silence, pourtant si éloquent. Je respire calmement une dernière fois et défait le verrou de la porte, avant d'ouvrir en grand cette dernière.
Jared se heurte directement à moi, à croire qu'il m'a guetté. Ses bras essayent de prendre une prise sur moi mais je me débat, ce qui entraîne la chute de la serviette qui couvrait ma nudité à nos pieds.

Ce n'est pas le moment de cacher son corps... Ou d'en avoir honte. Tu dois partir.

Ses bras essayent d'encercler ma taille, il essaye de me coller à lui pour je ne sais quelle raison. Sûrement pour éviter un scandale.

- NE ME TOUCHE PAS ! LÂCHE MOI !

- Éléna, bébé...

- JE TE DÉTESTE, NE POSE PAS TES MAINS SUR MOI !

J'aimerais tellement, au contraire, me laisser aller dans ses bras, sentir sa peau sur la mienne, mais il ne m'aime pas. Alors, quand il a réussi à m'enlacer, j'ai hurlé et donné de petites tapes ridicules sur son torse.

Met toi ça dans le crâne... Ça n'a été qu'un beau parleur... Qui a réussi à arriver à ses fins et nous sommes beaucoup trop naïves.