Chapitre 5 (2) (corrigé)

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– William. Qu'est-ce que... c'est que... cela ? l'interrogea Jane avec une fausse tranquillité, pointant un index accusateur sur la jeune femme dénudée.

– Je peux tout expliquer, tenta se justifier Will.

– Il n'y a rien à expliquer, rétorqua Jane. Je vous paie une chambre d'hôtel afin que vous puissiez travailler et vous... vous ne trouvez rien de mieux à faire que de vous en servir pour inviter des... des femmes pour prendre du bon temps avec elles ?! Vous êtes immonde William !

Sur ces mots, elle tourna furieusement les talons et quitta la chambre accompagnée par le son sec de ses petits talons. Will jura en levant les yeux au ciel puis s'élança à sa suite, la priant de bien vouloir revenir.

La femme serra son drap contre elle et passa une main dans ses cheveux dénoués. Se retrouvant seule dans la pièce.

– Bon, je pense qu'il est temps pour moi d'y aller, déclara-t-elle calmement.

– Jane ? Jane ! Revenez bon sang !

– Vous savez quoi, Mr O'Brien ? Faites-moi le plaisir de m'oublier, moi, et cette enquête ! Retournez donc à vos occupations. Quant à moi, je mènerai mon enquête toute seule !

– Jane ! S'il-vous-plaît, Jane ! s'écria Will en la retenant par le bras et comme elle se débattait, il la plaqua contre le mur, lui immobilisant les deux bras. Jane, écoutez-moi ! Cette femme était là pour l'enquête.

– Vraiment ? Alors vous enquêtez dans un lit, vous ? objecta-t-elle.

– Cette femme était une amie de Judy.

– Oh oui bien sûr alors cela excuse tout... releva-t-elle sarcastique. Et vous n'avez rien trouvé de mieux à faire que de ramener un témoin clé dans votre lit ?!

– Arrêtez de jacasser et écoutez-moi un peu ! J'ai trouvé Ronda... (Will s'interrompit car l'intéressée arriva au même moment et offrit un clin d'œil charmeur au jeune homme, elle le gratifia d'un superbe sourire accompagné d'un petit signe de la main en guise d'adieux.) Je pense qu'il serait plus confortable de discuter dans la chambre.

Il ne laissa pas le temps à Jane de négocier qu'il l'agrippa sous le bras et la força à grimper les escaliers pour retourner à sa chambre. Quand ils y arrivèrent, Will la poussa dans la pièce et prit le soin de refermer la porte à clé derrière lui. Il glissa la clé dans une poche de son pantalon sachant pertinemment que la jeune fille serait bien incapable de venir la chercher à cet endroit.

– Bien, maintenant que j'ai toute votre attention, nous pouvons enfin discuter.

Il prit une des chaises autour de la table et s'y assit, invitant Jane à faire de même. À contrecœur elle s'installa.

- Permettez-moi de vous expliquer ce que j'ai appris durant la nuit.

– Laissez-moi deviner, vous avez révisé l'anatomie féminine, j'imagine ?

– Pas la peine de réviser, je suis incollable sur le sujet, reprit Will avec un sourire faussement affable. (À ces mots le sourire narquois de Jane s'évanouit et ses joues rougirent.) Maintenant si vous voulez bien avoir l'obligeance de m'écouter, Miss Warren, je vais commencer. Bien. Hier soir j'ai lu les derniers journaux sur la découverte du corps de Judy Browler, commença-t-il. Je connais assez bien le quartier de Whitechapel, alors j'ai décidé d'aller y faire un petit tour. J'ai interrogé plusieurs prostituées qui travaillaient dans le coin ce soir-là jusqu'à ce que je tombe sur Ronda, une amie de Judy. Elle m'a appris qu'elle l'avait en partie initiée au métier de la rue et que Judy ne venait pas du Pays de Galles comme le disent les journaux, mais de Newcastle. D'après ce que sait Ronda, Judy avait quitté sa famille après que sa mère se soit suicidée et que son père ait petit à petit sombré. Il la battait. Il n'y avait qu'une seule solution pour la malheureuse : la fuite. Pour une fille de la campagne sans le sous la seule option pour survivre c'est le trottoir.

Les Chroniques Infernales- Le réveil du LéviathanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant