En fin d'après-midi, Jane prit congé auprès de Miss Doyle. Si elle lui promit de rentrer chez elle, en revanche elle tut volontairement ses projets d'anéantissement de ses fiançailles à venir. Elle avait même une idée derrière la tête ! Tandis qu'elle traînait des pieds pour retourner dans son cauchemar éveillé, elle sentit qu'on l'agrippait brusquement par le bras. Lorsqu'elle fit volte-face, prête à appeler au secours, elle vit une silhouette encapuchonnée qui lui faisait signe de se taire. La fine main brune plaquée sur sa bouche et le tintement des breloques s'entrechoquant donna un indice à la jeune fille sur l'identité de ce spectre. La silhouette desserra à peine sa poigne autour du bras de Jane et l'entraîna dans une ruelle sombre, à l'abri des regards et autres oreilles indiscrètes.
Jane fut plaquée doucement dos au mur, son mystérieux fantôme jeta un regard de part et d'autre pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls. Lorsqu'il se fut assuré que c'était bien le cas, il retira sa main de la bouche de Jane et fit tomber sa capuche sur ses épaules.
- Nokomis ? s'écria Jane en la reconnaissant. Que faites-vous...
- Silencio señorita Jane ! Se podría oírnos ! lui intima la gitane.
Jane ne comprit pas un traitre mot de ce qu'elle venait de lui dire, mais son ton était on ne peut plus éloquent. Cette conversation ne devait pas être entendue.
- Que se passe-t-il Nokomis ? N'étiez-vous pas censée rester à l'hôpital ? Votre blessure n'est pas encore cicatrisée, murmura la jeune fille inquiète.
- Por favor señorita, les murs ont des oreilles... dit la gitane sur un ton conspirateur. Je ne pouvais pas rester à l'hôpital. Je vous ai cherchée toute la journée, il fallait que je vous prévienne. C'est très urgent ! insista-t-elle.
Avait-elle de nouveau reçu la visite des esprits des victimes de Jack l'Éventreur ? Avait-elle des informations sur lui à lui communiquer ? Avait-elle comme Jane des visions cauchemardesques ? Quoi que ce fût, simples fadaises ou non, toute piste même minime était bonne à prendre.
- Très bien, dites-moi tout. Que se passe-t-il ? la pressa Jane.
- Votre ami n'est pas avec vous ? s'inquiéta la médium.
- Non il...
- Bueno, écoutez attentivement, reprit-elle. Un homme est venu me voir à l'hôpital. Il savait qui j'étais. Il m'a posé beaucoup de questions sur le meurtre mais aussi sur vous et sur el señor Will. Je n'ai rien dit mais il m'a menacée, si je ne parlais pas il me ferait expulser... No le dije nada pero... Je suis inquiète. Cet homme n'est pas bon, il porte le mal en lui, je l'ai vu dans ses yeux, dit la gitane avec mystère. C'est le même mal qui ronge el señor Will...
« Un mal qui ronge Will ? » À part ses cachoteries et un narcissisme plus élevé que la moyenne, la jeune fille avait des difficultés à concevoir le « mal » en question. Jane secoua la tête et attrapa les épaules de Nokomis, ce n'était pas le moment de se perdre en conjectures.
- Nokomis s'il vous plaît, cet homme, à quoi ressemblait-il ? l'interrogea Jane.
« Se pourrait-il qu'il s'agisse de l'inspecteur McColl ? »
- Hum... Très grand. La piel foncée, des yeux noirs comme la mort. Il se tenait très droit. Muy bien vestido, continua la voyante en mimant. Il portait une longue cape bien brossée, elle doit coûter très cher, avec une belle breloque rouge et or sur sa poitrine. Ah oui ! Il a aussi dit qu'il était là sur ordre de la Reine.
« Sébastian Wallace, qui d'autre ? » Se dit Jane.
- Merci, Nokomis. Votre aide m'est très précieuse. Je crois deviner de qui il s'agit. Écoutez-moi très attentivement. Vous allez vous cacher et surtout éviter tout contact avec cet homme. D'autant plus qu'il semblerait très clairement que quelqu'un en veuille à votre vie. Nous ne vous laisserons pas dans cette situation. Trouvez refuge chez Mrs Zhang, elle vous aidera.
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Les Chroniques Infernales- Le réveil du Léviathan
Historical FictionAngleterre, Londres 1888. De nombreux meurtres étranges se succèdent dans les ruelles sombres de Whitechapel. Les victimes sont toutes des prostituées, assassinées puis mutilées dans une barbarie extrême. Les médias s'enflamment et surnomment l'assa...