- Aïe ! s'écria Jane.
- Ce n'est pas de ma faute si votre bras est trop mou ! s'exaspéra Will.
- Je vous signale que vous me faites mal !
- Je vous rappelle que c'est VOUS et vous seule qui m'avez supplié de vous apprendre à vous battre ! Il me semble que si j'avais refusé, c'était en prévision de ce genre de réaction !
- Quelle patience ! Vous faites un bien piètre précepteur !
- Et vous, une bien piètre élève !
Les deux partenaires se toisèrent. À la demande de Jane... Non, plutôt aux supplications de Jane et son véhément désir de se suffire à elle-même, Will avait concédé à lui apprendre quelques mouvements d'autodéfense. Après une vive réflexion, il avait finalement jugé utile que la demoiselle puisse se préserver au cas où. Après tout, il ne comptait pas rester à ses côtés jusqu'au tombeau, elle le rendrait fou bien avant et il finirait par l'assommer et l'abandonner quelque part. Mains sur les hanches, il soupira longuement.
- Voyons le bon côté des choses, vous êtes maintenant capable de vous débarrasser d'un soupirant un peu trop collant grâce au brillant combattant que je suis. N'est-ce pas merveilleux ? déclara avec fierté Will.
- Je n'ai jamais eu besoin de personne pour refuser quelques faveurs à un homme, rétorqua-t-elle.
- Je plaisantais, je n'ai jamais songé qu'un homme puisse vous porter quelque attention, il faudrait être fou pour cela.
« Et si je le noyais dans la Tamise ? » songea la jeune fille avec amertume. Lui envoyer une réplique acerbe et elle était bonne pour subir la vengeance de l'Irlandais.
- Pardon ? demanda-t-il. Il ne me semble pas avoir encore entendu un « merci ».Me...i, marmonna-t-elle.
- Quoi ? Pouvez-vous répéter ? Bon sang articulez quand vous parlez, se délecta Will un sourire de canaille sur les lèvres.
- Merci ! acheva Jane à contre cœur. Voilà êtes-vous satisfait ?!
- Ah oui ! Cela résonne comme une douce mélodie à mes oreilles.
- Cessez donc de faire le fier !
- Et vous descendez un peu de vos grands chevaux ma petite demoiselle ! Je vous rappelle que vous n'êtes rien sans moi.
- Et vous vous seriez toujours en train de croupir dans une cellule moisie sans mon aide ! rétorqua Jane.
- Je n'ai pas besoin de vous, répliqua-t-il. C'est vous qui êtes venue réclamer mes services. Vous venez même de le faire une nouvelle fois ce matin encore.
Ce qui était vrai, Jane ne pouvait rien objecter à cela.
- Vous ne payez rien pour attendre... le menaça-t-elle.
- Cela me va, je suis un homme plutôt patient, s'amusa-t-il.
Sa réplique réussit à lui arracher un petit sourire malgré elle. Sa bonne humeur retrouvée s'évanouit bien vite lorsque son regard croisa le couteau taché de sang séché sur la table.
- Pensez-vous que l'attaque de cette nuit ait un lien avec la tentative de meurtre sur Nokomis ?
- C'est possible. L'homme n'a pas cherché à fuir lorsque je suis intervenu, au contraire il a rendu les coups, je crois que vous n'étiez pas une cible choisie au hasard. Si Jack l'Éventreur est bien relié aux hautes sphères du pouvoir comme vous semblez le penser, ceci est peut-être la preuve que vous avez raison. Vous devenez gênante, un petit criminel de quartier pour faire le sale boulot ferait parfaitement l'affaire. Si cette théorie est la bonne je comprends qu'on veuille vous faire disparaître mais la voyante... Soit cette diseuse de bonne aventure a vraiment des pouvoirs surnaturels qui inquiètent certaines personnes, dans ce cas je serais curieux de la voir à l'œuvre, soit, et je penche davantage pour cette option, cette dernière nous cache quelque chose de très croustillant, lâcha Will songeur. Ou alors je me trompe sur toute la ligne et ces deux agressions n'ont strictement rien à voir hormis d'étranges coïncidences. Mais je ne crois pas aux coïncidences.
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Les Chroniques Infernales- Le réveil du Léviathan
Historical FictionAngleterre, Londres 1888. De nombreux meurtres étranges se succèdent dans les ruelles sombres de Whitechapel. Les victimes sont toutes des prostituées, assassinées puis mutilées dans une barbarie extrême. Les médias s'enflamment et surnomment l'assa...