Média : Jane Warren (vous aimez bien la façon esquisse ? Ou vous préférez le trait net ?) [update quatre ans plus tard, mon style de dessin a bien changé ! xD]
La porte massive en bois de l'édifice laissa entrer deux frêles silhouettes ; l'une courbée et fragile, l'autre mince et gracile. Dans ce silence solennel et chargé de respect, se décuplait le bruit des pas des deux arrivantes. Sur le seuil de l'église St Mary Matfelon, Miss Doyle se signa et Jane fit de même. L'église de Whitechapel déjà dévastée par un incendie lors de l'été 1880 tenait encore fièrement sur ses pierres, auguste et sévère. Alors que Jane se perdait dans la contemplation de ce lieu sacré, Miss Doyle saisit la jeune fille intriguée mais docile par le coude pour l'emmener le long de l'allée, jetant des coups d'œil de part et d'autre. Cette dernière s'arrêta vers une rangée de bancs en bois rongés par les années, sur un desquels reposait une masse informe, cachée sous une vieille couverture trouée. Miss Doyle lâcha Jane et s'approcha avec prudence du tissu qui se soulevait doucement au grès d'une respiration tranquille. Sous le regard curieux de Jane, la bibliothécaire pressa une main osseuse sur la couverture qui se souleva à grand peine.
Lorsque le misérable bout de tissu glissa, Jane ne put dissimuler sa surprise. Une jeune femme se tenait péniblement assise sur le banc, vêtue d'une simple robe rapiécée. Ses cheveux bruns étaient ternes, son teint cireux, ses joues creusées et son regard éteint. Décharnée dans son vêtement, le regard bouleversé de Jane s'arrêta sur le ventre de la jeune femme. Celle-ci, gênée, rabattit rapidement le haillon sur son ventre rebondit.
- Qui est-ce ? demanda l'inconnue.
Sa voix était rauque, empreinte des souffrances de longs mois voués à la survie.
- Du calme ma belle, c'est une amie. Elle m'a accompagnée aujourd'hui, la rassura tendrement Miss Doyle en serrant les mains de la jeune femme entre les siennes.
Pour toute réponse Jane hocha simplement la tête, incapable de dire quoi que ce soit de sensé, absorbée dans la contemplation de cette femme à peine plus âgée qu'elle qui paraissait déjà avoir un pied dans la tombe.
Miss Doyle et la jeune femme discutèrent un bon moment. La vieille bibliothécaire lui avait apporté de quoi se nourrir à peu près convenablement ainsi qu'une nouvelle couverture. Durant tout ce temps Jane s'était tue. Elle s'était contentée d'observer. Quand la femme eut une violence quinte de toux, Jane se précipita vers elle avant que sa vieille amie ne lui barre la route. Jane l'implora du regard, ce à quoi Miss Doyle répondit en secouant la tête, du sang tâchait les doigts de la jeune femme. Jane porta une main à son cœur. « La tuberculose. » Comprit-elle avec effrois. Cette jeune femme faible et fragile, souffrait de la tuberculose, et elle attendait un bébé. Jane sentit son cœur se serrer douloureusement ; cette femme était si faible qu'elle ne pourrait peut-être jamais mettre au monde son bébé. Et si par miracle elle y arrivait, Jane avait de sérieux doutes sur sa survie. Si elle mourrait après avoir mis son bébé au monde... Que lui arriverait-il ? Elle connaissait la réponse. Mais elle refusa de voir l'affreuse vérité en face.
Quand elle se fut enfin apaisée, Miss Doyle et Jane prirent congé. La vieille bibliothécaire recommanda à son amie du repos. Mais la jeune femme l'avait regardé avec ce même regard sombre d'une condamnée à mort. Elle lui avait chuchoté quelques mots et la vieille lui avait tenu fermement la main en hochant la tête par intermittence. Jane cachait ses mains dans son dos pour dissimuler son émotion.
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Jane et Miss Doyle quittèrent l'église. N'y tenant plus, la demoiselle posa enfin les questions qui lui avaient torturé l'esprit pendant toute cette désolante visite.
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Les Chroniques Infernales- Le réveil du Léviathan
Historical FictionAngleterre, Londres 1888. De nombreux meurtres étranges se succèdent dans les ruelles sombres de Whitechapel. Les victimes sont toutes des prostituées, assassinées puis mutilées dans une barbarie extrême. Les médias s'enflamment et surnomment l'assa...