Botter en touche
« Ce que vous faites n'as pas d'importance aux yeux du public [...] Ce qui compte, c'est ce que vous lui faites croire ! »
Sir Arthur Conan Doyle, Une étude en rouge
Sur le toit d'une vieille maison abandonnée, une cape sombre flottait au vent, telle l'ondulation calme du fleuve endormi. Le regard rivé sur la cour en contre bas, ce spectre guettait un homme tout de gris vêtu discutant avec un de ses semblables à la peau tannée. L'ombre serra les dents, une ferveur vengeresse l'anima alors que la pointe de sa lame luisait sous le tranquille ciel étoilé. En dessous du regard bienveillant de la douce lune, l'on s'apprêtait à voler une vie.
L'homme en gris quitta son interlocuteur pour pénétrer dans le bâtiment par une petite porte dérobée, laquelle s'ouvrit uniquement au terme d'une mélodie rythmée de coups. La silhouette rangea son poignard dans son fourreau et rabattit correctement son capuchon sur ses cheveux sombres. L'ombre encapuchonnée décida de descendre du toit pour mieux atteindre sa cible. Mais elle n'avait certainement pas prévu qu'un individu sorte de derrière la cheminée pour se planter en travers de son chemin.
- À votre place, je ne ferai pas ça, l'avertit une voix que trop reconnaissable.
Nokomis toisa William. L'Irlandais était dans un bien piètre état, depuis ces derniers jours il accumulait les blessures. Mais s'il souffrait, il n'en montrait rien, son habituel air insolent collé à son visage moqueur.
- Que voulez-vous O'Brien ? feula la gitane.
- Éviter que vous ne fassiez une bêtise, lui assura Will.
- Ya no soy una niña ! Je n'ai pas besoin d'être surveillée !
Elle bouscula le jeune homme qui lâcha un soupir d'exaspération.
- Et moi je vous dis que vous êtes sur le point de commettre une erreur, écoutez le vrai professionnel, la prévint le jeune homme.
- Et moi je vous dis... Hé ! Dame eso ! s'écria l'Espagnole.
L'Irlandais venait de subtiliser le poignard de la gitane et le faisait tourner habilement entre ses doigts.
- Non, je ne vous le rendrai pas. Pas tant que vous ne renoncerez pas. D'ailleurs c'est un très bel objet que vous avez là ! Je crois que je vais le garder, claironna-t-il amusé.
- Seguro que no ! rugit la gitane en se précipitant vers lui pour le lui reprendre. (Mais Will tenait fermement l'objet et, de toute sa hauteur, il méprisait avec amusement Nokomis.) Cet homme a tenté de me tuer, je réclame vengeance !
- C'est faux, lui répondit Will alors qu'il se dirigeait vers le bord du toit. L'homme qui a tenté de vous assassiner est mort sous ma lame. En revanche celui-ci a commandité votre meurtre.
- A mi no me importa, cet homme a quand même voulu me tuer !
- Et il le veut toujours ! Cependant vous devez comprendre que ce ne serait qu'une perte de temps de le supprimer de cette façon.
- C'est vrai que c'est vous le vrai professionnel, fulmina Nokomis, un sourire narquois sur les lèvres. Verdad ?
Will ne répondit pas, un éclat dangereux traversa ses prunelles de glace. Un sourire matois étira ses lèvres, aussi aiguisé qu'une lame de rasoir.
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Les Chroniques Infernales- Le réveil du Léviathan
Historical FictionAngleterre, Londres 1888. De nombreux meurtres étranges se succèdent dans les ruelles sombres de Whitechapel. Les victimes sont toutes des prostituées, assassinées puis mutilées dans une barbarie extrême. Les médias s'enflamment et surnomment l'assa...