Le diable au corps
« Quand les démons veulent gagner une âme aux péchés les plus noirs que font-ils tout d'abord sinon séduire par des dehors angéliques : tout comme moi. »
Shakespeare, Othello
/!\ Ce chapitre peut comporter des scènes de violence /!\
Un silence mortel régnait dans le cimetière de Nunhead. L'ambiance macabre était plus propice aux divagations des esprits et de temps à autres, le commun des mortels semblait apercevoir des spectres là où il n'y avait que des feux follets. Ou inversement. Mais Will ne semblait prêter foi à ces visions surnaturelles qui l'assaillaient. Il se dirigeait rapidement vers l'habitat de fortune où une certaine gitane avait élu domicile. À quelques pas de l'entrée, il ralentit, se faisant le plus discret possible, sa main glissa le long du pommeau de son couteau sur lequel il rabattit son manteau. Ce couteau à la lame aiguisée tranchait la peau de ses victimes comme du petit beurre, sans aucun état d'âme. Will avait eu l'habitude de s'en servir, ce couteau était son seul véritable ami avec son revolver, le seul qui ne l'avait jamais déçu, qui avait toujours su ôter la vie quand il le fallait. La lame d'acier était la meilleure amie de la part d'ombre de son maître, et elle accomplirait sa besogne aussi longtemps qu'il aurait besoin d'elle. Pourtant, alors qu'il se frayait un chemin à travers les ombres de la nuit, l'habitat semblait désert, bien qu'éclairé. Son habitante n'avait tout de même pas quitté sa tente sans avoir soufflé sa bougie ? Le jeune homme serra les poings et s'en alla pénétrer sous la tente, méfiant il tendit l'oreille au moindre bruit suspect.
Au terme de quelques secondes silencieuses il poussa l'épais tissu sans se saisir de son arme tandis que son instinct lui criait de se protéger. Grave erreur, il fut reçu dignement par son hôte. Nokomis surgit de nulle part et glissa la lame de son sabre sous la gorge de l'importun qui déglutit. Il leva les mains en signe de reddition, cependant la gitane ne baissa pas sa garde.
– Bonsoir Nokomis, la salua-t-il. Je constate que vous avez un certain sens de l'hospitalité.
La médium ne répondit rien, lui jetant un regard aussi noir que son épaisse chevelure qui tombait sur ses épaules brunes dénudées. Ses breloques teintèrent au bout de son poignet quand elle leva imperceptiblement sa lame. Elle paraissait sur le point de se coucher à en juger par la tenue qu'elle portait : une simple robe en tulle, d'un rouge pâle qui laissait tout le loisir à Will d'admirer sa féminité dans toute sa splendeur. S'il avait été plus jeune sans doute aurait-il rougit devant le spectacle que lui offrait la jeune femme, actuellement son désir fut rapidement neutralisé par la lame qui flattait les courbes de sa gorge.
– Elle est pour moi cette robe ? Si j'avais su que vous m'attendiez je me serais mieux apprêté pour vous, lâcha-t-il la mine déçue.
– Basta ! Cessez vos idioties ! feula Nokomis entre ses dents. Je sais que vous êtes venu pour me tuer.
– Moi ? Vous tuer ? Allons qu'est-ce que vous me dites là ? Jamais de la vie ! (Comme elle dardait sur lui un regard mauvais il ajouta sombrement :) Croyez-moi si j'avais réellement voulu vous tuer vous seriez déjà morte, lui assura l'Irlandais qui retrouvait son sérieux.
– Vous mentez, l'accusa-t-elle.
– Oh non ! Si j'ai bien une qualité c'est mon honneur ! Et puis, entre nous je n'aime pas le gâchis.
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Les Chroniques Infernales- Le réveil du Léviathan
Historical FictionAngleterre, Londres 1888. De nombreux meurtres étranges se succèdent dans les ruelles sombres de Whitechapel. Les victimes sont toutes des prostituées, assassinées puis mutilées dans une barbarie extrême. Les médias s'enflamment et surnomment l'assa...