Le diable sonne deux fois

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*** PDV Vanessa ***

Cela faisait maintenant trois semaines, trois semaines que j'étais revenu à la prison, trois semaines que j'avais failli mourir, trois semaines que je luttai contre mes démons.

Je crois que le fait d'avoir frôler la mort m'avait fait prendre conscience de tout ce que j'avais failli perdre. Je m'étais fait peur, et j'avoue que finalement la mort était quelque chose d'effrayant. Je ne savais pas pourquoi j'avais fait ça, pourquoi je m'étais enfoncé aussi loin dans le vice. Je ne voulais pas mourir pourtant, enfin je crois. Mais j'avais jouer avec la mort, jouer avec mes limites, jouer avec ma vie si bien que finalement j'avais été stupide de croire que rien ne pouvait m'arriver. La vérité était que je voulais voir jusqu'où je pouvais aller. Mais je m'en voulais amèrement. J'avais failli tout abandonner, laisser tout une famille derrière moi. Encore plus grave à mes yeux, j'avais laissé deux des personnes qui comptaient le plus pour moi assister à ce spectacle sordide. Je remercia à cet instant Maggie et Daryl d'avoir été là. Sans eux j'aurais sûrement fini six pieds sous terre.

Il y a plusieurs choses que je regrettais. Et,avec du recul, je me rendis compte que ce n'est pas eux que je fuyai, ce n'était pas le groupe, ni Daryl mais moi. Je voulais ME fuir. Idée stupide n'est ce pas ?
J'avais été loin,beaucoup trop loin et même si le groupe ne semblait pas m'en vouloir, je me sentai encore honteuse de mes actes. Je regrettai chaque paroles, chaque geste déplacé envers Maggie et Daryl. Surtout envers Daryl. J'avais dit des choses dégueulasses, et même si dans un sens il le méritait après ce qu'il m'avait fait, sa réaction sur le moment m'avait fait revoir les choses. Il avait été là, il n'avait pas abandonner, en dépit de tout ce que j'avais pu lui faire endurer, en dépit de toutes les horreurs que je lui avais balancé. Il ne le méritait pas.

Biensûr, une partie de moi lui en voulait encore face à ce qui s'était passé, mais vu comment moi je m'étais comporté, je ne pouvais rien dire.

A la prison, la vie continuait. Si les première semaines avaient été dures pour moi, les autres m'avaient beaucoup aidé. Face à mon problème de drogue, les choses n'avaient pas été si difficiles que je l'aurais cru. Je n'avais pas été en manque, je n'avais pas eu de crises de tremblements, ni de sueurs froides ni de délires hallucinatoires. A croire que l'overdose dont j'avais échappé de justesse avait vacciné mon corps de cette merde. Et d'un coté, j'étais plutôt soulagée.

Le manque... voilà la chose la plus difficile pour des dépendants comme moi. Si la drogue pouvait vous tuer, ou vous rendre percher jusqu'à la fin de vos jours, le manque était encore plus atroce, plus vicieux. Il vous transportait aux portes de la mort, vous pouviez sentir la faucheuse vous caresser le bras avec sa faux mais elle ne vous emmenait pas, elle ne tuait pas. Elle vous faisait vivre un enfer, répétitif, alternant moment de crise et calme totale, moment d'hurlements et d'apaisement, moments de folie et moments de complète plénitude. Le manque était vicieux : il vous emportait dans un tourbillon de sentiments et d'émotions tous plus fous les uns que les autres, à telle point que vous aviez envie de replonger ne serais-ce que pour lui échapper. C'était un cercle sans fin et je connaissais ce cercle, j'avais mis six mois à m'en sortir, six mois à redevenir clean il y'a six ans. Le manque. Le conséquence de vos erreurs passées. Le prix à payer pour s'en sortir.

Cependant, concernant mon problème d'alcool, c'était plus compliqué. Le sevrage est difficile puisque, si la drogue est difficile à trouver facilement pour palier au manque, l'alcool reste une addiction facile d'accès. Je vous explique :

Lorsque vous décidez vous même de cesser de boire, peut importe toute la volonté que vous y mettez, vous ne pouvez pas échapper aux symptômes. Premièrement, vous tremblez. Vous avez froid et chaud en même temps, vous transpirez comme si vous veniez de passer la journée dans un four. Ca c'est physique. Ensuite, c'est le psychique qui en prend un coup. Le sevrage vous plonge dans votre subconscient, vous vous mettez à réfléchir, sur vous, les autres, vos erreurs, vos peurs les plus profondes. Et vous revivez ce schéma en boucle : anxiété, nervosité, angoisse. Vous vous sentez pris au piège entre votre corps et votre esprit. Vous ne pensez pas à autre chose. Vous vous prenez la tête dans les mains, vous balançant d'avant en arrière en vous arrachant les cheveux, priant pour que ces images s'arrêtent. Vous essayez de dormir, pour passer le temps mais c'est impossible. C'est là que se rajoute l'insomnie. Puis, le physique revient au galop, en plus des tremblements, votre estomac semble se purifier. Vous êtes pris de nausées et de vomissements. Mais vous avez rien à régurgiter. Vous mangez pas, vous ne buvez plus, puisque chaque odeur vous donne la gerbe. Alors vous vous videz de rien, comme si ce que vous recrachiez était l'alcool encore présent dans vos veines, l'invisible, celui qui était encore présent dans votre esprit. Et là, vous payez le prix de votre dépendance. Vous avez mal, vous êtes mal, vous vous faites mal. Ces symptômes ne sont pas dangereux en soi et disparaissent habituellement au bout de 7 à 10 jours d'abstinence. Mais ce sont les trois premiers jours les plus difficiles, après une journée d'abstinence. Car c'est à ce moment là que les symptômes du sevrage atteignent un pic et, après trois jours, le pire est passé. Cependant, les idées noires et l'insomnie peuvent persister pendant plusieurs semaines, après le physique c'est votre mental qui doit faire le vide. Je vous l'ai dit, le manque est vicieux. Il vous prend aux tripes jusqu'à vous faire craquer.

𝘍𝘪𝘳𝘦 𝘮𝘦𝘦𝘵 𝘎𝘢𝘴𝘰𝘭𝘪𝘯𝘦 ‖ ᴛᴏᴍᴇ ɪ ﹙ᴇɴ ʀᴇ́ᴇ́ᴄʀɪᴛᴜʀᴇ﹚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant