Chapter fifty-nine

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Dimanche 1er septembre 2013, 08:55 – Zain's pov

Je suis réveillé par des bruits d'armoires qui claquent, ce qui ne serait probablement pas arrivé si nous avions pu dormir avec la porte fermée. L'horloge en face de moi m'indique qu'il n'est même pas neuf heures du matin. Le tic tac de cette dernière me nargue à chaque seconde, on dirait que c'est fait exprès pour me contrarier. Après la nuit que nous avons passé, le réveil pique un peu. Beaucoup même. Je suis déjà d'une humeur massacrante et je ne suis pas encore sorti du lit. Fait chier.

Alexie dort toujours, collée à moi comme un attrape-mouche. Elle ne m'a pas lâché d'une semelle depuis que je me suis couché avec elle, après son cauchemar. D'ailleurs, pour une fois, c'est moi qui ai envie d'aller aux toilettes et je dois trouver un moyen de me défaire du nœud qu'elle a fait avec ses bras autour de moi. Sans faire de geste brusque, je soulève ses mains et m'éloigne en silence. Je me lève, marche à pas de loups jusqu'à la porte – qui grince quand je l'ouvre en grand. Je vérifie que la marmotte n'est pas réveillée et sors avant de fermer derrière moi vu le chambard que Tom s'est décidé à faire. Çà aussi, ça fait me chier.

Je vais aux toilettes. En faisant mon affaire, je pense seulement au fait que j'ai nonante pourcents de chances de déjeuner en tête à tête avec Tom si sa chère fille ne se lève pas. Cette journée va de mal en pis. J'aurais presque envie de rester enfermé ici jusqu'à entendre la porte de la chambre d'Alexie s'ouvrir, mais ce ne serait pas très mature et j'ai promis de faire des efforts. Je termine, me lave les mains et souffle avant de sortir de ma cachette.

Dans la cuisine, Tom s'agite dans tous les sens. Il fouille dans les tiroirs en jurant toutes les deux secondes. J'hésite un instant à faire demi-tour vu son état d'énervement mais il se retourne. C'est trop tard. Il sursaute d'ailleurs en me voyant. Je grimace, un peu mal à l'aise, et il se reprend.

« Je t'ai réveillé. », dit-il, confus.

« Ce n'est rien. », je le rassure. Je pense qu'il a eu sa dose de culpabilité cette nuit. « Je peux.. Vous aider? »

Il souffle en frottant ses yeux cernés: « Je cherche de l'Aspirine. Donc la réponse est non. »

« Je crois que j'en ai vu dans la chambre d'Alexie. Je peux aller.. »

« NON. », il m'interrompt directement. « Laisse-la dormir. »

Il a l'air absolument épuisé. Ses vêtements sont les mêmes qu'hier et, si j'en crois sa mine grisâtre et l'odeur de Wisky qui empeste la cuisine, il n'a pas dû aller se coucher du tout.

Je demande: « Longue nuit? », il hoche la tête, silencieux. Pour une fois, il semblerait qu'il ait laissé tomber son air du Parrain et je le trouve vraiment vulnérable. Il me ferait presque de la peine. « Je n'ai pas très bien dormi non plus après.. », je ne termine pas ma phrase, parce que nous savons tous les deux de quoi je parle et je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie.

Nous restons muets, chacun d'un côté de l'ilot central. Je finis par m'avancer vers l'évier pour remplir la bouilloire d'eau et je la mets en route.

« Vous voulez du thé? »

Tom me tend la boîte qui en contient, pour réponse. Je cherche après deux tasses, j'y mets deux sachets de thé et y verse l'eau bouillante avant de lui en tendre une. Il me remercie. Nous buvons nos boissons silencieusement et, j'ajouterais même, pensivement, pendant plusieurs minutes. J'espère vraiment qu'Alex va bientôt se réveiller.

« Je m'inquiète pour Alexie. », avoue Tom, rompant le silence. « Je ne comprends pas d'où viennent ces terreurs nocturnes. Elle.. Elle a dix-sept ans et elle a toujours peur du noir. Ce n'est pas anodin. Parfois je me dis que je devrais l'emmener chez un psy ou je ne sais pas.. »

Mélancolie - zjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant