Three

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Mercredi 5 juin 2013, 19:00 – Alexie's pov

« Tu vas quoi? », s'exclama ma meilleure amie à l'autre bout du fil. »

« Je vais déménager. », répétais-je, exaspérée par sa réaction.

« Ah, tu crois peut-être que tu vas te débarrasser de moi aussi facilement? »

« Le détail que tu as l'air d'oublier c'est que je ne décide pas de mon sort, et toi non plus d'ailleurs. J'ai essayé de les dissuader, qu'est-ce que tu crois, je ne veux pas partir non plus. Mais ce n'est pas à moi de choisir, je suis obligée de les suivre. »

« Je n'en ai rien à faire. Je t'hébergerai ou je ne sais pas, mais.. Mais pas toi, putain. », dit-elle en ravalant ce qui m'avait tout l'air d'être un sanglot.

Il y eut un énorme blanc.

« Em'? »

Aucune réponse.

« À l'huile? »

« Ce n'est pas le moment de rire. », me gronda-t-elle en riant malgré elle, reniflant en même temps.

« Est-ce que tu es en train de pleurer? »

« Non. Tu sais très bien que je ne pleure jamais. »

C'est vrai, je ne l'ai jamais vue pleurer depuis que je la connais. Elle garde toujours la tête froide et ne montre aucune émotion devant qui que ce soit, par fierté. Elle ne s'autorise pas à faiblir et s'oblige à être un modèle parfait pour ne décevoir personne ce qui inquiète même sa mère, pour vous dire.

« Excuse-moi Sullivan, mais si ce ne sont pas des pleurs et des reniflements que j'entends, je ne vois pas ce que c'est. », elle soupira. « Tu vois que tu as un cœur! », m'exclamais-je.

« Ta bouche, Richards. »

« Trop d'amour en toi. »

« Toi-même tu sais! »

En l'espace d'un instant, ces sanglots avaient disparut pour laisser place au ton ironique qu'elle avait toujours l'habitude de prendre et qui me faisait tant rire. C'est d'ailleurs ce que je fis: je ris. Mais pas d'un rire joyeux. C'était plutôt un rire nostalgique, car je me disais que tout cela allait me manquer à un point inimaginable. Cette idiote qui me servait de meilleure amie allait réellement me manquer.

« Je sais que le bloc de glace que tu es déteste ce genre de conversations mais.. », j'hésitai. « Tu vas me manquer. »

Emmy resta muette, une fois de plus.

« T'as raison, je déteste ce genre de moments à l'eau de rose. », lança-t-elle froidement. « Pour être honnête, ça me donne la nausée, même. »

« Emmy.. », je levai les yeux au ciel.

« Tu vas me manquer aussi. », finit elle par dire, toujours avec autant de froideur. « Mais tu n'es pas encore partie, Alexie. », continua-t-elle histoire de ne pas rester sur un élan d'affection.

« Emmy, est-ce que c'est bien toi? », fis-je d'un ton ironique.

Si elle avait été là, elle m'aurait probablement montré son majeur en réponse à cette moquerie.

« Je vais finir par te raccrocher au nez, Alex! Puis qu'est-ce que tu m'as fait, madame la gnangnan? Je ne dis jamais ce genre de trucs, moi! »

« La gnangnan tu sais ce qu'elle te dit? »

« Je dois te laisser. », lança-t-elle, coupant mes éclats de rire. « Ma mère m'appelle depuis trois ans pour que j'aille manger et je ne voudrais pas qu'elle finisse par s'étouffer à force de s'égosiller comme un cochon qu'on égorge. »

« Sympa pour elle. », je pouffai de rire.

Elle rit et finit par raccrocher. Je me demandai d'ailleurs l'espace d'un instant si ce n'était pas parce qu'elle était un peu mal à l'aise qu'elle avait écourté la conversation. Puis je descendis pour manger avec mes parents qui ne cessaient de me bassiner au sujet du déménagement. Ils me répétaient sans cesse que cela allait me faire du bien de changer d'air et de me faire de nouveaux amis.

Si seulement je pouvais avoir un interrupteur pour couper le son de leurs voix..

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Mélancolie - zjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant