Un ange en enfer (tome 1 et 2)

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- Vulcaïn !
Elle se réveilla en sursaut. Après avoir traversé dans la sorte de métro la moitié du palais à fin de rejoindre les quartiers de son nouvel employeur, elle avait été jusqu'à la demeure de ce dernier. Il y avait trois autres démons qui l'accompagnait, qu'elle appela, pour des raisons pratiques, un, deux et trois.
Elle était ensuite arrivée jusqu'à la demeure d'Alastor, qui n'était autre qu'un petit palais dans le Palais. Là-bas, elle, un deux et trois avaient été guidés par une voix sortie de nul part jusqu'à une salle d'attente, meublée de façon assez luxueuse sans pour autant posséder l'opulence exagérée du reste du Palais de Satan.
Ils s'étaient assit et la voix avait appelé deux et trois, qui s'étaient levés puis avaient disparu derrière une lourde porte de métal au fond de la pièce, l'un après l'autre.
Quand la voix appela son nom provisoire de démon, elle avait sursauté en se réveillant. Un la regardait silencieusement et elle finit par reprendre pied sur la réalité pour se redresser à s'avancer vers la porte. Celle-ci opposa un peu de résistance mais Lava finit pas l'ouvrir.
La salle dans laquelle elle arriva était vide, exceptée une grande cheminée au fond devant laquelle reposait une chaise en fer, ou plutôt un trône vu sa taille, et dans laquelle une feu projetant des ombres interminablement allongées partout dans la pièce sombre, flamboyait.
Elle s'avança dans la pièce quand soudain la voix résonna, plus claire et nette qu'auparavant
- assied-toi.
Lava fut tellement surprise par la voix qui avait tranché le silence et l'ambiance pesante qu'elle sursauta. Alors à l'entente de l'ordre de celle-ci, elle obéit par pur réflexe, sans réfléchir et s'assit par terre, là où elle se trouvait.
La voix reprit après un petit temps.
- assied-toi sur la chaise.
Elle se redressa, comprenant sa bévue, et se dirigea vers la chaise pour s'y asseoir, gênée. Au moment où elle s'y fut installée, des menottes, qu'elle n'avait pas remarqué jusqu'ici, se refermèrent sur ses poignets, la clouant au siège. Un courant d'air glacé lui caressa l'oreille puis une ombre glissa au coin de sa vision.
- Bienvenue dans ma modeste demeure, Vulcaïn. Désormais, tu y habiteras, et tu m'y serviras. je suis Alastor. Je compte sur toi pour m'adresser tout le respect que tu me dois en tant qu'employeur.
Elle ne répondit pas. L'ombre glissa encore un peu et elle put l'observer. Son visage étaient anguleux, à la peau rouge, parcourue de marques gravées dans sa peau. Ses yeux étaient jaune aux pupilles horizontales, et deux cornes sortait des extrémités de son front. Il était drapé dans une cape noir d'encre. En fait, son apparence était très proche de celle du démon cliché que l'on s'imagine.
Il continua
- tu sais que je vais devoir te marquer...
Il attendit encore. Il semblait à Lava que dans ce genre de situation elle aurait dû lui poser quelques questions, mais elle voulais juste qu'il se dépêche et qu'elle soit affectée dans les prisons. D'ailleurs elle lui fit remarquer.
- J'ai déjà vu le tisonnier dans le feu, arrêtez de faire durer le suspense et marquez moi au fer rouge qu'on en finisse vite.
Il parut étonner, d'abord, puis déçu, et enfin surtout, blasé. Il lui répondit en sortant la tige de fer chauffée à blanc, au bout duquel un sceau qui viendrait bientôt laisser une brûlure sur sa peau, fumait.
- je préfère quand je peux jouer avec mes nouveaux employés... Enfin bon, je suppose que tu es moins niaise que ceux là... Montre-moi ton épaule, et essaie de ne pas crier s'il te plaît.
Elle dégagea son épaule et serra les dents pour se préparer à la douleur. Il appuya le tison ardent sur sa peau. Celle-ci fuma, pendant qu'une forte douleur fit monter les larmes aux yeux de Lava. Mais elle resta silencieuse. Elle pourrait toujours s'arracher la peau plus tard pour enlever la marque...
Quand il la retira, il lui donna une petite boîte.
- De la pommade et une compresse. Normalement je torture un peu plus mes nouveaux venus, mais avec toi ce n'est pas drôle...
Puis il lui demanda de se lever et de la suivre. On la replaça dans une salle où attendait déjà deux et trois, jusqu'à ce que un les rejoigne. Elle profita de ce temps d'attente pour appliquer les soins qu'Alastor lui avait donné. Puis il leur tendit chacun un formulaire, leur demandant de le remplir.
D'abord un petit texte, puis quelques questions.
Le texte expliquait qu'elle avait été embauché parce qu'elle avait torturé et qu'Alastor était à la fois geôlier et bourreau, et que désormais elle devrait le servir jusqu'à ce qu'elle soit assez puissante pour prétendre aux terres des enfers, ou jusqu'à la mort.
Ensuite Lava commença les questions. Elle tiqua devant la première avant de réaliser qu'elles étaient pratiquement toutes comme ça.
- Qu'elle est ta torture préférée ?
Et il y en avait de toutes sortes "que pense-tu des crochets ?", "Qu'elle est ton cris préféré ?" "Aime-tu scalper ?", "Ta petite phrase avant chaque torture ?".
Puis des questions plus techniques "qu'elle est la partie du corps qui saigne le plus ?", "quel endroit toucher pour la mort la plus lente ?", "Quels os faut-il casser en premier pour rendre la séance plus douloureuse ?"
Elle ne fut pas certaines de ses réponses...
Enfin une question longue "Qu'est-ce que rend une torture le plus insupportable pour la victime ? Argumenter ses réponses."
Là, elle sut quoi répondre. Elle avait été la victime:
"Il y a plusieurs choses. D'abord, la peur. Une peur qui glace jusqu'aux os, qui fait s'affoler son coeur, qui fait trembler les mains et l'âme, une peur qui efface toute dignité, une peur qui rend égoïste. Voir clairement que son comportement est atroce mais être trop terrifié pour penser à autre chose qu'à son propre bien. Ensuite, la solitude. Dans le cas où la victime est seule, il aura aussi certes la peur, mais celle-ci n'aura pas la même nuance que lorsque qu'on est capable d'abandonner les autres pour soi tant elle ronge de l'intérieur et efface toute morale. Dans le cas où la victime est seule, c'est sa solitude qui la fera souffrir. Ne pas pouvoir compter sur quelqu'un, être seul dans sa souffrance et sa peur. L'impression de devenir fou sans pouvoir s'appuyer sur quelqu'un. Seul avec ses propres pensées, qui se répète et résonne dans une tête vidée par la peur et la souffrance. La dernière chose, c'est l'impuissance. Ne pas pouvoir se défendre, être soumis à son bourreau. Totalement à sa merci. Cette impuissance finit d'écraser, de détruire, de réduire en cendre, ce qu'il reste de sa dignité. Cette impuissance qui amplifie la rage. Ce sont ces choses qui rende cela insupportable, en plus de la douleur."
Et enfin, tout en bas de la feuille la dernière question était sur la préférence d'affectation.
Elle y indiqua qu'elle souhaitait travailler dans les prisons, puis Alastor récupéra les formulaires et les conduisit jusqu'à un dortoir. Là-bas un, deux et trois commencèrent à discuter. Ils se montrèrent leur brûlures, parlèrent d'eux, tentèrent d'engager la conversation avec elle, mais elle répondit par monosyllabes, presque agressive, et ils abandonnèrent. Puis enfin, un nouveau démon arriva dans la chambre, et ce dernier leur indiqua où ils seraient affectés.
Un serait plongeurs dans les cuisines. Deux  serait domestique. Trois irait travailler dans un magasin que possédait Alastor. Et elle... Le démon qui leur avait donné leurs boulots ajouta seulement pour elle.
- Et Vulcaïn, Alastor vous demande dans son bureau, maintenant. Veuillez me suivre.
Elle fronça les sourcils. Il se posait des questions. C'était anormal de demander d'aller dans les cachots, il voulait sûrement connaître ses motivations... Elle prépara une réponse.
Il traversèrent une bonne partie du palais avant de finir leur trajet devant une majestueuse porte aux doubles battants en bois sombre incrustée de métal.
Le domestique frappa, puis il ouvrit et annonça Lava. Alastor était dans un fauteuil devant une gigantesque cheminée, derrière un bureau, encore une, pensa Lava, et au moment où elle entra il se retourna vers elle faisant coulisser son fauteuil, qui visiblement possédait des roues, avant de directement commencer.
- J'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre...
Il s'interrompit, la regarda dans les yeux
- ... Les prisons ?!
Elle le fixa sans rien dire. Comme elle le pensait, cela devait paraître étrange... Elle attendit qu'il l'y invite pour s'expliquer. Il reprit.
- C'est du gâchis... Tu le sais ?
Elle secoua la tête. Non, elle ne comprenait pas le gâchis dont il parlait. Il soupira
- Mais enfin ! Tu es de qualité supérieure ! Pourquoi voudrais-tu être affectée à un tel endroit que les prisons ?!
Elle fixa sans comprendre. De qualité supérieur ?! Qu'avait-elle fait de particulier ?
- Je l'ai bien vu dans ton formulaire... Tu as déjà été torturée, n'est-ce pas ? Il suffit de lire ta question longue, tu sais exactement ce qui est le pire pour une victime, tu sais ce qui est le plus douloureux, tu as à peine réagis quand je t'ai marqué au fer rouge...
Elle réalisa que ce n'était pas le cas des autres démons. Il continua immédiatement.
- Pourquoi les prisons ?
Elle prit une inspiration.
- J'aime sincèrement voir les prisonniers entravés et enfermés, et pouvoir les observer en cage comme s'ils étaient de simple bêtes dans un zoo.
Elle ne sut pas quoi rajouter comme mensonge. Elle mentait plutôt bien, mais sur ce coup là, elle manquait d'inspiration. Tout lui répugnait dans une prison. Elle ne supportait pas de voir des gens, peu importe leur crime, enfermés, privés de leur liberté. Elle se sentait claustrophobe rien qu'en les observant. C'est d'ailleurs pour cela que les enfers ne lui paraissait pas si horrible, au moins, elle disposait de grand espaces et de liberté.
Alastor resta un instant pensif, avant de lui répondre. 
- Humm je vois...je comprend, moi aussi j'aime bien... Mais c'est tout de même dommage...
Il réfléchit quelques minutes, où Lava ne prononça pas un mot. Puis il reprit.
- Dans ce cas, je sais ce que nous feront. Tu seras dans les prisons, certes en temps que geôlière, mais tu feras aussi ta formation avec mon meilleur apprentis pour devenir l'un de mes bourreaux. C'est une formation assez rapide, cela prendra peut-être une journée ou bien une semaine, tout dépend de toi.
Elle le regarda sans voix. Elle voulut protester mais elle se rendit compte que cela rendrait la situation encore plus complexe... Et puis elle ne resterait pas bien longtemps ici, l'important était qu'elle puisse aller dans les cachots.
Alastor enchaîna.
- Un de mes domestiques te raccompagnera dans ton dortoir. Tu commenceras demain, à 7h, avec un cours de torture, puis l'après-midi, tu t'occuperas de l'aile Est des geôles, un autre démon t'aideras. Tu peux disposer.
Sur ces mots il fit demi-tour et ne lui prêta plus attention. Elle resta un instant figée, trop surprise par la tournure des événements, puis elle se reprit et se dirigea vers la porte. Derrière celle-ci, un démon, encore différent de la dernière fois, l'amena jusqu'au dortoir. Les autres de lui adressèrent pas un regard ou mot, et elle se coucha directement.
Tout se jouerait demain...

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