Un ange en enfer (tome 1 et 2)

2.34

Il s'approcha encore un peu d'elle. Lava, figée, ne recula même pas. Il lui demanda à nouveau, un air qui semblait sincèrement inquiet sur le visage

- Il vous est arrivé quelque chose ? Vous vous sentez bien ?

Elle parvint à se reprendre un peu au son de sa voix. Il n'était pas le même. Il n'était pas celui qui l'avait torturé aussi bien physiquement que psychologiquement avant de la pousser au suicide. Celui qui se tenait devant lui avait la mémoire effacé, comme une feuille blanche, et comme elle-même l'était peu de temps auparavant. Il devait probablement être perdu, et elle devait... Elle inspira et se força à sourire. Elle devait le traiter comme un innocent. Oze avait prétendu qu'on allait en enfer ou paradis, pas selon ses actes mais selon la personne qu'on est au fond. Si elle ne le croyait pas, cet homme n'avait donc aucune idée de ses actes passés, et l'en punir serait simple cruauté. Si elle le croyait, elle ne valait pas beaucoup mieux, ni Jazz, ni Sydney et Fred et Matthis, ni Éléonore, ni Despair. Elle suspendit sa pensée pour se concentrer sur Despair. Maintenant qu'elle avait de nouveau sa mémoire, elle se sentit à la fois mal pour comment elle s'était comportée avec lui, et, au dessus de la culpabilité, remplie de joie et d'un soulagement intense à l'idée qu'il n'était, au final, pas vraiment mort.

L'homme attendait toujours devant elle. Elle lui répondit

- Oui oui, ça va. Merci.

Elle ne voulait pas le traiter injustement, mais c'était tout de même au dessus de ses force que de le traiter comme si de rien n'était. Elle devait juste s'éloigner. Elle lui lâcha, plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.

- Je suis désolée, je dois y aller. Au revoir.

Sur ce elle fit demi-tour. Au bout d'un moment, elle s'arrêta et se tint la tête entre les mains. Elle tacha de prendre une profonde inspiration. Elle avait beaucoup de mal à se retenir d'hurler. Ses souvenirs normaux et ceux qu'elle avait de quand elle était amnésique se superposaient' comme les souvenirs de deux personnes et la tiraient des deux cotés, était-elle celle qui avait libéré Despair ou bien celle qui avait suivit Oze sans protester. Elle se sentait complètemen dépassée, comme un brin de paille balloté avec violente dans des rapides.

En l'espace de si peu temps elle avait vu tout ce qu'elle avait à peine battit en sauvant Despair s'effondrer. Tout ce qu'elle pensait acquis venait de s'effriter comme un château de sable quand la marée monte. Quand est-ce que tout prendrait fin ?

Sa tête lui paraissait trop lourde et il lui semblait que des pierres lui grouillaient dans l'estomac. L'odeur nauséabonde des galeries la faisait soudain suffoquer.

Elle commença à gratter au dessus d'elle frénétiquement au dessus d'elle. Elle devait sortir elle devait sortir. Elle se sentait soudainement  claustrophobe et l'idée même de rester une seconde de plus dans ces terriers lui donner des hauts-le-coeur et des sueurs froides. La terre lui tombait des yeux, elle voyait à peine ses bras aux doigts bien trop griffus dont la peau étaient recouvertes de crevasses qui brillaient d'un rouge volcanique.

Une pierre lui tomba sur le front elle grogna en repoussant le filet de sang qui glissa sur sa peau perlée de sueur, elle sentait la panique monter comme la bile dans sa trachée.

Cette fois une motte de terre molle et collante la submergea, elle tomba en arrière et se retrouvant assise à demi ensevelie. Lava releva la tête et aperçut la lueur malsaine des pustules-champignons d'un autre couloir au dessus d'elle. Elle s'était ouvert une voie vers le haut. Elle devait continuer. Elle devait sortir.