Un ange en enfer (tome 1 et 2)

2.26

Raphaëlle serra les dents, et les poings. Elle était toute imprégnée de douleur, ma sa rage extrême la faisait passer loin, très loin dans ses priorités. Son vrai problème était plutôt sa faiblesse.
Une flaque dorée s'étalait maintenant sous son corps.

Elle savait qu'elle allait mourir à ce rythme. La lame de Lucifer n'était pas normale, et elle rongeait sa chair comme de l'acide, contrant l'effet de sa réparation angélique. Elle perdait trop de temps. Cela faisait déjà trop de temps qu'elle essayait de ne pas perdre connaissance.

Elle voulait protéger.
Elle était née pour protéger.
C'était comme inscrit dans son sang, dans sa chair, dans ses gênes.

Elle poussa soudain sur ses bras, et redressa le haut de son corps. Plusieurs longs filets de sang goûtèrent de son ventre, mais elle les ignora et remonta son genoux, puis l'autre. Elle était à quatre pattes.
Elle ramena son pied. Poussa encore sur ses bras. Ramena l'autre pied. Redressa son dos. Déplia ses jambes.

Chaque acte, qui normalement lui paraissait naturel, était un combat, une lutte, elle serra si fort les mâchoires qu'elle sentie l'une de ses dents se fissurer. Elle arracha un morceau de sa manche et le fourra dans sa bouche pour éviter de se mordre. Elle était debout. Son armes à la main.

Elle en mourrait s'il le fallait, mais elle donnerai jusqu'à son dernier souffle pour protéger le paradis et les âmes s'y trouvant. Elle s'élança vers le palais. Elle se dit qu'elle avait probablement une ou deux côtes cassés, mais au final ses blessures étaient plus des hémorragies que des os brisés. Un humain normal perd connaissance après un litre et demi de versé environ. Un archange pouvait tenir jusqu'à trois litres, mais bien évidement, leur auréole leur permettait d'en verser bien plus, puisqu'il régénérait leur manque de sang immédiatement. Avec sa blessure au ventre qui l'en empêchait, ce serait plus compliqué. Mais peu importe, elle y arriverait coûte que coûte.

Elle observa les rues et constata que les anges de la garde avaient bien fait leur travail. La zone avait été évacuée en un temps record. Mais de toute manière ce que cherchait Lucifer, c'était de marquer le paradis d'un grand coup. Ses premiers actions n'étaient pas assez spectaculaires, s'en prendre aux âmes individuellement n'était pas assez efficace, alors il s'en prenait au centre du paradis : l'élite des anges.

Elle espérait que Gabriel ne le combattrait pas seul. Quant à Michel...
Michel ne pourrait pas se battre. Il n'était pas un archange très guerrier, ses pouvoirs étaient autres que la violence.
Elle entra à toute volé dans le palais, prit le couloir principal, et se dirigea vers le lieu le plus animé du palais. L'une des plus grand place.

Soudain, elle tourna à l'ange d'un couloir débouchant là où elle souhaitait.
Et la vision sur laquelle elle tomba la fit piler net.
Presque toute la garde étaient là, étendue dans une marre d'or. Les corps étaient démembrés, mutilés, certaines têtes avaient été empalées sur les lustres, et un dessin de la silhouette d'une ange modèle un sourire malicieux au visage avait été peinte en sang doré sur le mur derrière la fontaine dont l'eau ressemblait plus à de l'or fondu qu'à autre chose.
Au milieu, assis à côté du corps de Gabriel se tenait un démon. Il n'avait plus rien avoir avec celui qu'elle avait combattu.
Une forme fine et osseuse, de plusieurs mètres, au moins trois, une longue queue reptilienne dans la continuité d'une crête épineuse sortant de son dos. Ses bras se finissaient par de longues griffes, d'entre lequelles un épée couleur trou noir à la forme archaïque fumait de l'énergie noire dans la salle transformée en boucherie. Sa tête était un peu allongée et chauve, à la manière d'un dragon. Ses yeux étaient jaunes et brillants. Il tourna la tête vers elle, et la regarda fixement.

Il avait toujours une double auréole, toujours aussi lumineuse qui trônait au dessus de son crâne.
Cette vision acheva de la bouleverser. Comment son auréole pouvait être épargnée d'énergie noire dans ses conditions là ?!
Elle remarqua soudain la couronne de lumière qu'il tenait entre ses griffes. C'était l'auréole de Gabriel.