201 ~ Sylath

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Lorsqu'il arrive dans leur chambre, le vampire réalise qu'il aurait pu ne jamais plus y trouver Ilashan. Et il n'a pas envie de se demander ce qu'il aurait éprouvé en son absence, ni ce qu'il éprouvera le jour où il partira.

Il chasse toute pensée négative et pense à la main d'Ilashan dans la sienne, à sa proposition spontanée de lui offrir son sang...

L'humain est dans la salle d'eau et Sylath ne le dérange pas. Il profite de son absence pour retirer ses chaussures, sur lesquelles la neige qui a fondu a laissé des taches d'eau, et les mettre à sécher à côté des affaires du mercenaire.

Il retire également ses autres vêtements et enfile un pantalon de lin noir, et une tunique pourpre plus décontractée. Puis il s'installe près de la cheminée, après avoir rajouté une bûche dans le feu.

Quand Ilashan sort de la salle de bain, il a encore les cheveux mouillés, et son cœur bat vite. Ses épaules sont tendues et il a cette expression grave et sérieuse qui marque sa détermination.

Sylath sourit.

— C'est moi qui te rends nerveux ? demande-t-il innocemment. Amène-moi cette serviette.

Il attend qu'Ilashan la lui remette et d'une pression sur l'épaule, il lui indique de s'asseoir face à lui, sur le tapis devant la cheminée. L'humain a déjà séché ses cheveux, mais trop à la hâte, manifestement, et par endroits, l'eau dégouline sur ses épaules.

Sylath suit des yeux la route d'une goutte qui s'échoue dans le creux de la clavicule d'Ilashan. Sa peau qui a doré sous des cieux plus ensoleillés, a un peu pâli, sans doute à cause du manque de soleil dans le Nord. Après tout, il y est sans doute depuis au moins une saison. Et le vampire adore cette teinte douce, entre le sable et la neige.

Il relève les yeux et croise le regard d'Ilashan. Il ne saurait pas dire ce qu'il y voit. On ne peut plus vraiment appeler cela de la méfiance, mais le mercenaire est toujours attentif, il observe sans cesse et semble analyser, s'interroger, jauger.

Et l'immortel voudrait lui apprendre à baisser sa garde, à ne plus se questionner en permanence, à laisser le moment passer sans chercher à le contrôler. Mais on n'obtient pas une telle confiance sans de grands efforts, en particulier celle d'Ilashan, qui a dû vivre seul ou entouré d'ennemis.

Pour rompre la gravité de l'instant, Sylath pose la serviette sur les cheveux du mercenaire et frotte vigoureusement pour en essuyer l'eau. Il essuie également sa nuque, son visage, sa gorge... sa clavicule.

— C'est toi qui décides, Ila, lui rappelle-t-il. C'est toujours toi qui décides. Il n'y a aucune raison pour que tu sois nerveux. Tu l'as déjà fait et je te laisse le contrôle. A toi de choisir si tu veux toujours que je te morde, à quel endroit, à quel moment...

Sylath termine de sécher les cheveux de l'humain, puis il lâche la serviette qui tombe derrière Ilashan. Il passe les doigts dans les cheveux encore un peu humides, dévale la nuque, effleure sa peau...

— J'aimerais que tu aies suffisamment confiance en moi pour essayer, juste une fois, de simplement fermer les yeux et te détendre. Je sais qu'il existe de nombreux endroits où prendre un tel risque est mortel, et sans doute ta destinée a croisé, et croisera, trop souvent ces lieux. Mais avant de quitter la forteresse du Veilleur, je voudrais t'avoir fait éprouver le vertige de l'abandon, de la confiance absolue. Même si tu ne dois plus jamais l'éprouver, je t'aurais au moins offert ça.

Sylath descend ses doigts juste dans le creux de la clavicule, là où la goutte s'est accrochée un peu plus tôt. Là où pulse une veine, sous la peau un peu plus fine, qui trahit les battements du cœur.

— Mais pour l'instant, c'est toi qui décides.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant