220 ~ Ilashan

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La colère d'Ilashan s'apaise sans mal, retournant dans son lit aussi brutalement qu'elle en était sortie.

Mais pas son désir, ni la peur inconsciente que son hôte a décelée.

Il se retient de lancer que ce qui est beaucoup, c'est ce que Sylath a entre les jambes. Il a eu un bref sursaut d'étonnement lorsqu'il l'a libéré de son pantalon pour découvrir l'ampleur de son désir.

Est-ce qu'il était déjà aussi parfait lorsqu'il était humain, ou bien est-ce son immortalité qui l'a rendu ainsi ? Aux yeux d'Ilashan, en tout cas, le vampire est d'une beauté redoutable, et il en a la gorge sèche, autant qu'un très léger soupçon d'appréhension, en l'entendant lui parler de son envie de lui faire l'amour. Il ne peut s'empêcher de redresser un sourcil circonspect, fixant avec un soupçon d'inquiétude l'objet de sa crainte.

— Mais il y a une limite à ce mon corps peut recevoir, et vous la dépassez.

Pas sans préparation, en tout cas.

En matière de sexe, il a plutôt l'habitude de devoir aller à l'essentiel. Par manque de temps, d'intimité ou de sécurité, voire même par manque d'argent dans certains cas particuliers. De fait, il s'est toujours montré assez réfractaire au désir des autres hommes quand il en était l'objet et pas l'initiateur.

Mais Sylath a une façon si sincère et si suave de confesser ses désirs que n'importe qui en frissonnerait d'envie. Ilashan sait de quoi il est capable, avec ses mains possessives et sa langue agile. L'entendre lui avouer tous les plaisirs qu'il aimerait lui faire subir attise considérablement son excitation, et fait diminuer d'autant son appréhension.

Paradoxalement, il a toujours eu moins de scrupule à céder son corps lorsque cela n'engageait pas son libre-arbitre. Ce n'est que sa chair, pas sa volonté, et la seconde est pour lui bien plus précieuse que la première. Parce qu'on peut plus difficilement la lui prendre de force.

Il est un mercenaire. Son corps fait partie de ses armes. Et il lui paraît beaucoup plus facile de succomber au désir physique que lui inspire Sylath, que ça l'a été d'accepter de lui faire confiance et de cesser de le voir comme une menace.

Ilashan chasse doucement la main posée sur sa joue, sans quitter un instant les yeux du vampire. Il se rappelle encore de leur façon de le regarder, lorsque Sylath buvait le sang qui coulait le long de son bras. De leur éclat presque incandescent malgré leur couleur de glace. Est-ce qu'il serait capable de faire briller à nouveau cette lueur ?

Il en a envie, en tout cas. Un peu comme une manière de retrouver un ascendant sur la situation, un semblant de maîtrise face à ce désir qui le consume et qui le dépasse. Apprivoiser le danger qui reste pourtant sagement prisonnier de ses jambes.

— Ne bougez pas.

Sa voix n'est qu'un souffle contre le nombril de Sylath. Il tire sur sa tunique pour la lui retirer, la laissant tomber sur le côté le temps que le vampire se rallonge sur le tapis. Il n'a pas eu souvent l'occasion ou l'envie de le contempler dévêtu. Encore moins celle de le toucher.

La peau de son torse est si chaude à présent que c'en est grisant de la sentir glisser contre ses paumes. Les flammes teintent sa peau blanche d'une couleur ambrée, font danser les ombres sur les courbes de ses muscles puissants. Il n'a peut-être pas un rôle de guerrier au sein de la forteresse, mais son corps pourrait le lui permettre.

Ilashan redessine ses flancs, s'arrêtant sur ses hanches pour agripper son pantalon. Sylath lui a déjà prouvé qu'il était capable de résister à l'appel du sang. En est-il de même pour celui de la chair ?

Il va très vite le savoir.

Ilashan ne résiste pas à l'envie de se pencher pour goûter sa peau, l'embrassant dans le sillon de peau fine entre son aine et son nombril. Contrairement à sa bouche, elle n'a pas le goût du sang. Ni celui de la neige ou de la pierre, comme il le croyait jusque-là. Elle est tiède, souple, frémissante.

Vivante.

Ilashan referme ses doigts autour de l'érection tendue du vampire, remontant les yeux vers lui alors qu'il caresse la chair brûlante. Sylath a voulu le regarder pendant qu'il buvait son sang ; lui, il veut l'observer succomber au plaisir qu'il lui donne. Un peu comme on surveille un prédateur qui pourrait attaquer à tout instant, mais surtout comme on contemple un amant que l'on a envie de voir sombrer.

Et de l'envie, Ilashan en a à revendre. Cela fait des semaines qu'il n'a connu que l'hiver et la réticence des gens du nord. Il n'a plus rien à perdre après tout ce qu'il a déjà donné au vampire, et au point où il en est, il serait stupide de faire marche arrière maintenant, alors qu'ils atteignent enfin un domaine qui lui est familier et dont il connaît les règles.

Le feu de la morsure lui a laissé les nerfs à vif et l'aine en ébullition. S'il ne cède pas maintenant, il a la conviction qu'il le regrettera bien plus qu'il ne va regretter de s'être laissé aller.

Le sexe de Sylath est aussi dur que brûlant contre sa langue. Il se demande si le sang y palpite vraiment, ou s'il ne s'agit que d'une impression due à son propre désir. Ilashan prend plaisir à l'explorer sans retenue, guettant les réactions que chacun de ses gestes procure au vampire. Il le garde dans la chaleur de sa paume alors qu'il s'attelle à en cajoler l'extrémité tendue, sans le quitter des yeux. C'est enivrant d'être celui qui donne du plaisir, celui qui fait perdre ses moyens à l'autre.

Sylath lui a demandé de lui montrer ses limites ? Peut-être qu'après toute l'animosité qu'il lui a manifestée, le vampire ne les pensait pas aussi étendues qu'elles le sont en réalité. Quoiqu'il en soit, Ilashan compte bien lui en donner un aperçu.

Et il l'engloutit entre ses lèvres avides, avec la ferme intention de ne pas arrêter avant de l'avoir lui aussi vu s'abandonner.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant