207 ~ Sylath

2.4K 224 7
                                    

Ilashan est tendu et le vampire qui a complètement cessé de le toucher attend qu'il rassemble suffisamment ses esprits pour lui répondre. Et cette réponse est un soulagement que Sylath accuse discrètement.

Les mots qui la suivent sont, comme souvent, révélateurs de l'humour acerbe du mercenaire, et le vampire à un rire bref mais sincère. L'idée de lui bander les yeux et de le caresser simplement jusqu'à la fin de l'hiver est déjà une perspective qui lui plaît. Il y a pris un plaisir très doux, un plaisir du cœur, chaste mais fort. Et cette petite victoire sur les craintes de l'humain a pour lui une grande valeur. Cet instant où il a glissé sa main sur le ventre d'Ilashan était d'une rare intensité. Parce que c'était Ilashan.

— Et si tu arrêtais de te demander ce que je veux obtenir de toi, et que tu t'interrogeais sur ce que toi, tu voudrais obtenir de moi ? propose le vampire à voix basse, comme une confidence au coin du feu. Il ne s'agit pas de quelque chose que je veux te prendre, mais que je veux te donner. Et que tu es libre de refuser.

Sylath se penche au-dessus de l'humain, son dos épouse presque le sien, et son bras prolonge son bras jusqu'à atteindre le poignet qu'il presse doucement pour lui signifier de se décrisper. Ilashan serre ses chevilles comme s'il lui fallait désespérément une chose à laquelle se raccrocher. Sylath lui fait lâcher doucement, et se tourner vers lui.

— Maintenant n'est pas le moment où je tu reçois mes conditions, c'est celui où j'attends les tiennes. Qu'es-tu prêt à recevoir ? Jusqu'où m'accordes-tu ta confiance ?

L'immortel n'a pas lâché le poignet si délicieusement tiède. Ils sont proches de la cheminée et à cette distance, il se réchauffe un peu de l'extérieur, mais son corps est toujours plus froid que celui du mercenaire. Il le tient légèrement, assez pour qu'il puisse retirer son bras s'il le souhaite, et effleure la peau si fine sous laquelle il sent battre le pouls légèrement irrégulier.

— Que puis-je toucher de toi ? demande-t-il en le regardant dans les yeux. Qu'ai-je le droit de te demander ? Qu'elles sont tes limites, Ilashan ?

Mais s'il n'a jamais fait confiance à personne, peut-il vraiment le savoir ?

— Est-ce qu'au moins tu les connais ?

Ilashan ne se serait pas laissé toucher ainsi quelques jours plus tôt — ou même quelques heures — combien y a-t-il d'autres choses dont il ignore qu'il est capable ?

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant