De loin, un immortel debout sur la rive aurait certainement eu l'illusion d'un crime odieux. Sylath, armé de la dague effilée empruntée à Ilashan en use comme d'un poignard, et tranche, l'une après l'autre et avec une efficacité d'assassin, les membres végétaux enroulés en spirales tout autour du corps d'Ilashan.
Chaque liane qu'il déchiquette se débat dans l'eau et éclabousse en s'agitant pitoyablement. Sylath n'y prend même pas garde, il se guide au toucher, trouve les tiges à tâtons, serrées comme des liens autour des jambes d'Ilashan.
Il commence par le débarrasser de toutes celles qui l'encerclent par-dessus ses vêtements, et une fois qu'il les a toutes sectionnées, il s'attaque au pantalon lui-même. Ilashan gémit et crache un juron entre ses dents alors qu'une liane se glisse sous le tissu de son vêtement fin. Et Sylath, concentré, se force à occulter l'odeur de l'excitation sexuelle du mercenaire qui sature la touffeur de l'air. Il sait que c'est un effet du suc. Le corps de l'humain est devenu hyper-réactif et il subit ce désir qui n'est pas vraiment le sien en se débattant néanmoins farouchement, bien que sa volonté faiblisse au profit de halètements plus suggestifs.
Le vampire les entend comme des appels à l'aide. Il découpe grossières et en plusieurs coups de lame nets, le pantalon qui s'étiole dans l'eau. Les lambeaux se retrouvent bien vite dispersés par le mouvement des lianes coupées qui grouillent autour d'eux comme d'horribles moignons affolés.
Mais ni l'agitation, ni les ténèbres, ni sa force de caractère, ni même la peur de ce qui pourrait arriver à Ila ne prémunissent le vampire contre l'effet de ce qu'il découvre sous son pantalon déchiré.
Au moins cinq lianes, enroulées plusieurs fois sur elles-mêmes comme des serpents verdâtres se frottent aux chairs du mercenaire avec une lenteur lascive. Rien n'est épargné, ni les cuisses, ni le bas-ventre et les reins qui se cambrent en réaction, ni le sexe autour duquel s'est lovée une longue tige, ni enfin les fesses entre lesquelles Sylath aperçoit l'extrémité d'une longue liane qui se frotte.
Quelque chose de violent éclate dans le cœur du vampire. Ces choses n'ont rien à faire sur Ilashan. Les savoir sur la peau de l'humain lui donne la nausée. Il a l'impression que la colère et la possessivité qui grondent en lui pourraient geler le lac.
Il ne lui faut qu'une poignée de minutes pour sectionner avec une précision terrifiante les nœuds de lianes et libérer complètement Ilashan. Il glisse sa lame partout, entre la chair et les végétaux, et ne cause pas même une égratignure sur la peau de celui qu'il protège. Il termine par son sexe et essaye d'ignorer le caractère sexuel de ce sauvetage, le frisson de plaisir d'Ila quand il saisit la hampe, la manière suggestive dont les anneaux se resserrent et roulent le long du membre alors qu'il le débarrasse des intruses...
Il le sort immédiatement de l'eau avant que d'autres cordes végétales s'enroulent à lui. Le mercenaire tremble des pieds à la tête à cause de l'effet du suc et il l'éloigne du danger en serrant l'humain nu dans une étreinte de réconfort.
Très rapidement d'un geste plus léger qu'intrusif, il fait courir ses doigts entre les fesses d'Ilashan. Du majeur, il vérifie la tonicité du sphincter qui pulse à son contact mais se contracte jusqu'à empêcher toute entrée, dans un réflexe naturel de défense. Aucune liane n'est entrée là, Sylath se sent légèrement soulagé. Il ne se serait jamais pardonné d'avoir échoué à ce point à le protéger.
— C'est fini Ila... C'est fini... Je te tiens...
Il ne reconnaît pas sa propre voix tant elle trahit sa peur. Il garde le mercenaire contre lui et se déshabille en déchirant à moitié ses propres vêtements dans la manœuvre complexe. Il aurait été plus simple de laisser Ilashan un instant sur le sol, mais il se refuse de le lâcher tant qu'il le sent aussi faible. Une fois qu'ils sont nus l'un contre l'autre, Sylath les enroule tous les deux dans un drap qu'il a emporté avec les rechanges et frictionne vigoureusement Ilashan d'une façon qui n'a elle, rien de lascive ou de sexuelle.
Le vampire est agenouillé sur le sol irrégulier, Ilashan à califourchon sur lui, le sexe de l'humain est encore dressé entre eux et Sylath dépose un baiser chaste sur le front du mercenaire en simple marque d'affection. Puis il pose la main sur son visage pour le forcer à le regarder. Il a les pupilles dilatées et le regard un peu fou qui semble avoir du mal à se fixer, son corps tremble encore.
— C'est fini, répète-t-il, peut-être plus pour lui-même que pour Ilashan. Je te demande pardon, Ila. Je vais t'aider à t'habiller et à remonter à la surface.
Autour d'eux, la caverne est redevenue complètement calme. Les lianes ont rapidement cessé de s'agiter une fois l'humain sorti de l'eau et le lac est retombé dans son inquiétant silence souterrain. Sylath garde un moment le mercenaire serré contre lui, attendant que s'apaise un cœur qui refuse de ralentir.
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L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neige
VampirPartie 2 de l'Astre et le Veilleur - Tome 1 : La forteresse de neige Le mercenaire Ilashan a été sauvé d'une tempête par le mystérieux Sylath, qui l'a conduit à l'abri dans une forteresse isolée, peuplée de vampires et de leurs esclaves humains. Le...