217 ~ Sylath

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Sylath éclate de rire à la première réponse du mercenaire qui a l'air de parler en connaissance de cause. Il reprend lui aussi son souffle et finit par s'éloigner. Juste un peu. Ils ne sont plus l'un contre l'autre, mais l'humain est tout proche et l'immortel à l'impression qu'à travers la puissance de son sang, il est connecté à lui. Il le perçoit comme à l'aide d'un sens supplémentaire, comme si les corps qui partagent le même sang s'appelaient.

Le vampire reprend lentement ses esprits mais le désir ne reflue pas. Il est à la fois complètement rassasié et suffisamment excité pour couvrir le corps d'Ilashan de caresses, de baisers et de morsures. Il ne boirait rien, il se conterait de percer et de soigner sa chair encore et encore, pour l'amener au bout de ce que ses nerfs peuvent supporter de douleur et de plaisir, le voir abandonner toute retenue, abaisser tous ses masques, devenir son corps, l'habiter sans le contrôler, perdre pied...

Mais ce n'est pas le genre de chose qu'accepterait Ilashan, pour de très nombreuses raisons.

La première question d'Ilashan le fauche à ce moment de ses réflexions. C'est d'ailleurs presque plus un aveu qu'une question.

« Aussi bon. »

Sylath réalise alors que les jambes qui se sont serrées autour de lui, la main qui a agrippé ses cheveux, les grognements, n'étaient peut-être pas seulement une façon d'évacuer la douleur, mais aussi d'exprimer le plaisir. Il a alors un instant d'égarement où il réalise qu'Ilashan n'a pas seulement éprouvé le doux plaisir de l'étreinte, l'intimité, la proximité, le sentiment d'abandon profond qu'éprouvent les novices... Il a vécu la même tempête que lui.

— Je l'ignore, répond-il alors très honnêtement en fixant résolument le plafond pour essayer de cacher le fait qu'il est désappointé. J'ai... Tout un tas d'hypothèses. La magie du Veilleur, la nature bestiale de notre condition, l'étourdissement de l'échange de sang, l'aspect charnel et le degré d'intimité que cela demande... Mais en réalité je ne sais pas. Et je suis très loin d'avoir approché tous les mystères.

Ilashan pose une seconde question et cette fois, Sylath se retourne vers lui. Après tout, tant pis pour ce qu'il lit dans son regard, ce qu'ils viennent d'échanger était déjà bien plus fort que des aveux.

— Ce n'est jamais aussi... Je ne ressens pas cela quand je me nourris, répond-il sans le quitter des yeux. Ce n'est pas aussi puissant habituellement. Pour moi c'est un plaisir comme celui de boire après avoir eu soif, c'est délicieusement intime, c'est un intense soulagement, un moment d'intimité... Et pour les humains c'est simplement agréable, comme un frisson de bien-être, comme un état de transe.

Il marque une pause et observe la peau là où il l'a mordue. Elle est parfaitement réparée mais encore un peu rouge, comme irritée par un frottement. Sylath tend les doigts et caresse sa gorge.

— Je ne peux pas expliquer qu'il y ait plus cette fois. Ce n'était pas juste agréable, c'était une tempête de plaisir...

Le vampire se tourne sur le flanc pour faire face au mercenaire. Il irradie de chaleur, une chaleur animale, différente du feu de l'âtre et que l'immortel reconnaît parce qu'elle est la seule à le réchauffer durablement. Et qu'elle brûle en lui, tout comme l'excitation d'Ilashan l'habite comme un feu difficile à étreindre.

— Le sang n'est pas qu'une nourriture, dit-il. Boire directement à la veine d'un personne qui vit, penser, éprouve des sentiments, c'est goûter tout cela à même sa peau. Le corps conserve l'empreinte de toutes les émotions et boire ton sang c'est tout éprouver. Peut-être est-ce pour cette raison que le Veilleur nous a donné une telle immortalité et une telle nourriture, pour que nous n'oublions pas la force et la beauté des sentiments humains. Sans cela nous ne serions que des monstres.

Sylath observe l'humain, son regard brille un peu trop, ses pupilles sont légèrement dilatées, son souffle est toujours un peu court, et surtout, le vampire sent, au fond de lui, l'excitation d'Ilashan comme si elle était la sienne.

— Ton désir consume mes veines, il est violent et insatiable... S'il est puissant dans mon corps, ce doit être un brasier dans le tien.

Il tend la main et pose à peine le bout de ses doigts sur le bas-ventre d'Ilashan.

— Je peux t'apaiser, si tu le veux. Tu m'as déjà beaucoup donné ce soir, s'empresse-t-il d'ajouter de peur qu'Ilashan comprenne mal ses intentions. Je ne prendrai rien, je t'offre uniquement ton plaisir, si tu veux être soulagé.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant