276 ~ Ilashan

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Si Ilashan se laisse dévêtir sans crainte, les doigts froids sur sa peau le font sursauter. Pas parce qu'il a peur ou qu'il est dégoûté, simplement parce que le contraste de température entre leurs deux corps le surprend. Il s'accroche machinalement à la nuque de Sylath en sentant son souffle frôler sa gorge, enfouissant sa main sous les longs cheveux noirs. Combien de morsure-peut-il encaisser ?

— Autant qu'il en faudra.

Le temps semble suspendu à la respiration du vampire et aux battements impatients de son propre cœur.

L'espace d'un instant, Ilashan se surprend à redouter la morsure. Qu'est-ce que Sylath pourra bien percevoir en aspirant son sang ? Il ne sait pas lui-même ce qui bouillonne au creux de son ventre et redoute ces émotions qu'il ne peut pas contrôler. Qu'est-ce que le vampire va penser si à travers son sang, il découvre du dégoût, de la crainte, de la colère, du regret ?

Tout s'efface lorsque les crocs percent enfin sa chair.

Ilashan tressaille, puis se détend, et exhale un profond soupir. Après cette discussion étrange, il avait cru que ce moment n'arriverait jamais.

Le plaisir de la morsure commence à lui être familier. Le poids du corps de Sylath le cloue sur le plancher, ses grognements de plaisir le font vibrer de satisfaction. Sa bouche contre sa gorge ne provoque que des sensations agréables, le contact de ses doigts frais est loin de le rebuter.

Les yeux fermés, il reste allongé quelques secondes pour dompter l'étourdissement qui l'assaille. Quand il les rouvre, Sylath s'est écarté, les paumes à plat sur sa peau nue, son regard de glace égaré sur ses membres. Ilashan frissonne à nouveau. Pas parce que ce simple contact lui évoque des souvenirs désagréables. Juste parce qu'il comprend que le vampire n'apprécie pas tout à fait ce qu'il voit. Lui non plus, à vrai dire.

La surprise laisse place à la douleur. Ce n'est jamais agréable de sentir quelqu'un appuyer sur un hématome aussi conséquent ; c'est encore pire de se faire mordre à cet endroit par des crocs acérés. Ilashan gronde et bascule la tête en arrière, les dents serrées.

Les sensations mélangées sont aussi intenses que contradictoires. La peau électrisée par les caresses du vampire, Ilashan se cabre pour apprivoiser la souffrance. Il fourrage sous les vêtements de cérémonie, glisse ses paumes sur le corps puissant de Sylath, dont il sent l'épiderme se réchauffer en quelques instants. Il se demande toujours par quel prodige tout cela est possible, par quelle magie son propre sang réussi à insuffler la vie dans ses veines.

Quand Sylath s'éloigne, l'humain halète encore, un peu secoué. Ses mains s'arrêtent sur les hanches du vampire, comme s'il refusait qu'elles s'en aillent. Son hématome se résorbe à vue d'œil, dans un spectacle aussi fascinant que terrifiant. Dire qu'il avait emporté de l'onguent.

Ilashan ne le quitte pas des yeux, se passe la langue sur les lèvres, la gorge sèche. Voir Sylath le chevaucher ainsi a quelque chose de très érotique. C'est hypnotisant de le voir se pencher sur sa peau, à la recherche du prochain endroit où il va mordre.

Il ne pensait pas que ce serait si plaisant de lui donner son sang. Il ne pensait pas qu'il pourrait avoir envie... que cela se reproduise encore.

Qu'est-ce que cela ferait, de pouvoir voyager à ses côtés ? De traverser les vastes plaines en sa compagnie, baignés par le clair de lune, de chevaucher aux côtés d'une créature que rien ne peut affronter ? De connaître à nouveau l'ivresse de ses morsures dans la chaleur du sud, la douceur d'une soirée d'été ?

— C'est l'idée d'appartenir à quelqu'un qui me rebute. Pas de vous donner mon sang.

Il glisse à nouveau les doigts dans les cheveux noirs de Sylath, dégageant son visage pour mieux le laisser le mordre. C'est moins douloureux qu'à l'épaule, mais il gronde quand même quand son flanc est percé.

Pourtant, c'est exactement ça qu'il voulait. Être submergé par les sensations, concentré sur l'instant présent, focalisé sur le plaisir. Il ne pensait pas qu'ils y arriveraient si vite et son corps est avide de tout ce plaisir enfin à sa portée.

Et ce n'est que le début. Il en veut encore, il désire beaucoup plus.

Ilashan s'agite pour aider Sylath à lui retirer son pantalon, prisonnier entre le confort de la fourrure et le corps impitoyable du vampire. Les morsures l'ont laissé si fébrile que c'est presque une délivrance.

Quand il sent à nouveau les crocs quitter sa chair, il s'agrippe un peu plus fort à sa nuque pour l'inciter à remonter le visage vers lui.

— Est-ce que vous avez vraiment envie de partir, ou est-ce que c'est juste un prétexte pour passer toutes les nuits à me mordre ?

Les flammes doivent briller dans son regard espiègle. Il garde les mains posées sur les joues de Sylath pour l'empêcher de s'enfuir et happer ses lèvres dans un baiser avide. Sa bouche à le goût du sang, intense et capiteux, mais aussi un étrange parfum d'épice qui n'est pas désagréable.

Les lianes sont loin, bien loin dans sa mémoire, complétement absentes de ses pensées. La seule chose qui le gêne, à cet instant, c'est de sentir les vêtements de Sylath contre sa peau nue. Il plonge à son tour les mains entre eux pour chercher à les lui retirer.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant