228 ~ Ilashan

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Ilashan ne s'attend effectivement pas à ressentir de telles choses, et les premières ondes de plaisir sont aussi surprenantes qu'imprévues. Une sensation inopinée qui le fait tressaillir, sans qu'il l'associe tout de suite à la caresse de ses doigts à l'intérieur de son corps. Il fixe d'ailleurs le vampire d'un œil circonspect en l'entendant lui demander de s'accrocher, comme s'il s'apprêtait à le prendre, alors qu'il n'a pas l'air de vouloir changer de posture pour s'y préparer.

Sylath se comporte comme s'il lui réservait quelque chose de terrible. De terriblement délicieux.

Mais Ilashan raffermit instinctivement sa prise lorsqu'une nouvelle bouffée de plaisir enfle au creux de ses reins.

Jusqu'à présent, c'était agréable, parfois un peu incommodant, mais relativement familier.

Ce que lui fait subir le vampire, en revanche, c'est aussi inédit que les sensations qu'il éprouve à chacune de ses morsures. Et tout aussi grisant.

Ilashan ne pensait pas que le plaisir se réveillerait si vite, ni maintenant. Il n'avait même jamais pensé que l'on puisse en prendre de cette manière. Pour le coup, il en est certain, personne n'a jamais pris le temps ou la peine de l'explorer de cette façon-là.

Ilashan pousse un juron dans sa langue maternelle, le ton de sa voix trahissant les émotions que l'injure ne lui permet pas d'exprimer. La surprise, le plaisir, une pointe d'incompréhension devant l'ampleur des sensations que Sylath lui procure.

C'est très différent de se sentir avalé par la chaleur de sa bouche et emprisonné contre sa langue. Ou de la perception de ses crocs plantés dans sa chair, et de son sang aspiré avec appétit.

Sylath ne lui accorde aucune trêve, semblant guetter la moindre faille pour s'y engouffrer, ajuster sans cesse son massage insoutenable pour que le plaisir ne s'arrête jamais. Ilashan est incapable de soutenir l'intensité de son regard, se sentant plus vulnérable que jamais face à ces prunelles qui le contemplent, à l'affût du moindre tressaillement de son corps. Mais il ne cherche pas à lutter contre les sensations qui se propagent en lui, et égratigne la nuque du vampire en voulant s'y raccrocher plus fermement.

Ce n'est pas aussi rapide que tout à l'heure, alors qu'il était déjà si excité qu'il n'avait pas eu le temps de voir la libération venir. Cette fois, il sent le plaisir poindre, attisé par les doigts du vampire. Ses gestes sont aussi doux qu'insupportables, l'harcelant sans répit, ne le laissant récupérer que pour mieux revenir le presser ensuite.

Et puis il y a tout le reste. Le parfum de la peau de Sylath, sa chaleur contre ses paumes, le poids de son corps sur le sien. La brûlure de son regard qu'il sent encore sur lui, alors qu'il a lui-même fermé les paupières.

Sylath veut le conduire à l'extase, et Ilashan n'a aucune envie de l'en empêcher. Au contraire, il se laisse sombrer avec sûrement plus d'abandon que tout à l'heure.

Il bascule soudain la tête en arrière, en laissant échapper un gémissement rauque qui le surprend lui-même. Son corps se tend à nouveau sur le tapis, se contractant autour des doigts du vampire, alors qu'un nouvel orgasme le consume.

Il n'a pas oublié de respirer, mais il a quand même le souffle au bord des lèvres alors que le plaisir déferle en lui, par vagues aussi longues que successives. Et s'il ne se sent pas aussi sonné qu'il l'a été un peu plus tôt, il lui faut malgré tout plusieurs secondes pour récupérer ses esprits.

Ilashan souffle profondément, battant des paupières, un peu hagard. Par-dessus la tête de Sylath, les flammes de la cheminée étirent les ombres sur le plafond. Il lui faut un instant de plus pour oser redresser la nuque et observer le vampire.

Il ne sait pas quel genre de spectacle il doit donner, mais le sourire de Sylath, lui, est presque éblouissant.

Ilashan marmonne une vague protestation étouffée, dans sa langue maternelle.

La fraîcheur de la nuit fait frissonner son corps bouillant. Les sourcils froncés, il glisse à nouveau les doigts dans les cheveux noirs du vampire pour les maintenir en arrière et dégager son visage.

— Vous êtes... redoutable.

Il voudrait se dégager, faire quelque chose pour ne pas rester aussi apathique sur le tapis, mais il en est incapable. Tout son corps est engourdi, terrassé par le plaisir et le bien-être, à l'abri sous la chaleur bienvenue du corps de Sylath. Il a la vague pensée que s'il voulait trahir quelqu'un, c'est maintenant qu'il frapperait, alors que l'autre est encore trop détendu pour voir le coup venir.

Mais curieusement, il est tout à fait incapable de ressentir la moindre menace.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant