Entendre Ilashan dire qu'il va bien est un soulagement. Le mercenaire a éprouvé tant de réticences et de craintes que le Flagelleur redoute sans cesse d'aller plus loin que ce que l'humain peut tolérer — et cette morsure est déjà bien au-delà de ce qu'il aurait cru possible les premiers jours après l'arrivée d'Ilashan.
Le corps de l'immortel se réchauffe par degrés, le bien-être se diffuse en lui. Il se sent presque vivant, plus sensible, plus éveillé. Il a conscience avec une intensité inouïe de la présence d'Ilashan. La proximité de son corps, sa chaleur, les battements de son cœur, il perçoit l'embrasement de son bas-ventre et de ses reins, la fébrilité générale de son corps qui ne peut pas avoir de lien avec le manque de sang — il en a pris trop peu...
Lorsque Ilashan se tourne pour lui reprocher de trop le ménager, Sylath a envie de rire, mais contient son amusement pour ne pas prendre le risque de voir cette expression si ouverte se refermer. Il ne faut pas deux fois lui offrir de boire plus...
Le vampire note en le regardant que le mercenaire a l'air troublé. Bouleversé même. Sa voix, pourtant toujours aussi assurée, lui reproche d'avoir bu trop peu. Dire que, quelques jours plus tôt, avec le même aplomb, elle lui reprochait son avidité et son désir de sang.
De cette contradiction, Sylath ne s'offusque pas, dans l'état de bien-être où il se trouve, peu de choses pourraient l'agacer. Ilashan exige d'être traité avec moins de délicatesse et devant cette marque de confiance, le vampire ne regrette pas du tout d'avoir été doux. Trouver le juste équilibre, le point d'égalité entre leurs besoins et leurs désirs va prendre du temps, mais Sylath devine que chaque étape de cette exploration sera un plaisir.
Sous ses yeux, ce jeune homme qui a toujours été méfiant révèle un caractère exigeant qui le surprend et qu'il adore. Et il est ému par le plaisir qu'il devine, tapis dans son corps toujours si tendu, et par l'autorisation qu'il lui donne sans qu'il ait besoin de la demander.
D'un geste possessif, il enroule son bras autour de la taille d'Ilashan, le fait se retourner complètement et l'attire à lui, à califourchon sur ses jambes. S'il est question de fougue et de vraie nature, il veut voir son visage.
D'une main sur sa nuque, il caresse la zone qu'il vient de mordre tout en approchant son visage du sien. Il prend un instant pour qu'Ilashan comprenne ce qu'il s'apprête à faire, et il l'embrasse. Lentement. Comme on dévore, les yeux grands ouverts, en mordant un peu sa lèvre pour la faire s'entrouvrir, en caressant ses reins, en inspirant profondément son odeur...
Puis il détache ses lèvres, saisit son poignet et l'effleure avec le pouce. Il cherche la veine la plus grosse et la remonte doucement dans une caresse, du bout des doigts, jusqu'à trouver l'endroit parfait. Au milieu de l'avant-bras, la peau est moins fine mais plus charnue, la morsure sera plus supportable.
Il plonge son regard dans celui d'Ilashan et sans le quitter des yeux, lui fait approcher son avant-bras de son visage. Il découvre ses crocs, ajuste les canines au-dessus de la veine, et cale sa respiration sur la sienne. Quand Ilashan expire, il perce la peau qui est un peu plus épaisse qu'à la gorge. Le vampire maintient fermement le poignet de l'humain pour lui éviter de bouger le temps d'atteindre la veine.
Il voit dans les yeux du mercenaire l'instant précis où la douleur est la plus forte. Il pose sa main sur sa joue, le caresse, et retire enfin ses crocs. Sylath écarte ses lèvres pour laisser le mercenaire apercevoir les petites plaies pour la première fois. Le sang qui en coule est épais et incarnat, il forme deux longues rivières qui dévalent la peau vers le coude et que le vampire intercepte de sa langue.
A travers leurs échanges de regards, il lui laisser voir le plaisir qu'il lui procure, son sang a un goût extatique et le tenir si proche de lui est divin. Sylath ferme les yeux un instant, l'espace de trois longues gorgées bues. Ses lèvres couvrent les plaies et il n'exerce plus aucune pression sur le poignet. Ilashan pourrait retirer son bras s'il le voulait.
Puis il rouvre les yeux, se mord la langue et lèche les plaies qui disparaissent rapidement.
— Une dernière ? demande-t-il en glissant à nouveau sa main dans le creux des reins d'Ilashan.
Il pince ses lèvres pour récupérer les gouttes de sang qui les maculent et effleure une mèche de cheveux que le feu colore de reflets chauds.
— Je voudrais boire en laissant les crocs dans la plaie, c'est meilleur, mais aussi plus douloureux, plus intense... et plus intime. On ne l'inflige pas au début, en général, ça demande du temps pour être suffisamment en confiance. Mais comme ça, tu sauras tout.
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L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neige
VampirePartie 2 de l'Astre et le Veilleur - Tome 1 : La forteresse de neige Le mercenaire Ilashan a été sauvé d'une tempête par le mystérieux Sylath, qui l'a conduit à l'abri dans une forteresse isolée, peuplée de vampires et de leurs esclaves humains. Le...