Dans l'intimité des contacts physiques, le corps d'Ilashan confesse d'une manière touchante et spontanée ce qu'il ne dirait pas à voix haute. Le vampire lit sans mal l'appréhension, la surprise, le plaisir, le désir...
Il a conscience d'en demander beaucoup avec cette requête, mais il ne l'aurait pas fait s'il ne croyait pas Ilashan capable de le supporter. Cela lui semble important même. Ilashan semble se méfier de son avidité, et le vampire a le sentiment qu'il craint d'être considéré comme un objet ou comme une proie, que Sylath l'humilie et lui prenne plus que ce qu'il peut donner.
Et pour cette raison, il veut que l'humain sache jusqu'où cela peut être douloureux, il veut qu'il juge dès à présent de son seuil de tolérance et qu'il éprouve la limite de la douleur qu'il peut lui infliger. Ainsi, qu'il la juge supportable ou non, il n'aura jamais à redouter pire.
La remarque d'Ilashan le fait sourire. Même cette mauvaise grâce qu'il affiche lui plaît. Elle est la marque de son caractère qui ne capitule pas, qui n'aime pas perdre le contrôle.
— Pas de fantaisie, promet-il, amusé. Je te mords à la gorge, c'est le missionnaire du baiser vampirique.
Il n'est pas certain qu'une référence grivoise soit la meilleure chose à faire pour aider Ilashan à se détendre, à bien y réfléchir... Il redevient sérieux et rapproche le mercenaire de lui jusqu'à ce que leurs ventres se touchent. Sylath se permet plus de contact lorsque sa peau est chaude. Il devine généralement l'inconfort des mortels quand il les touche de sa peau froide et évite de le faire, gêné par cet aspect de mort.
Mais Ilashan vient de lui rendre un peu de sa vie et c'est une main chaude qu'il cale dans le creux de son dos, tout en se penchant sur lui pour le faire se cambrer et renverser la tête en arrière. Il place son autre main derrière sa nuque pour qu'il puisse se reposer sur lui et que la position ne le fatigue pas.
Le vampire sait qu'incliné ainsi l'humain doit se sentir très vulnérable, et il ne prolonge pas son supplice.
— Comme les autres fois : ne te crispe pas. La douleur va être plus lancinante, mais si tu arrives à te laisser aller, ce sera bon.
Il plonge dans le creux de sa gorge, effleure la peau fine avec les lèvres et trouve l'endroit parfait, la veine qui pulse avec le plus de force, assez large pour qu'il puisse y rester enfoncé.
— Merci pour ta confiance, Ila, souffle-t-il dans le creux de son cou.
Il resserre légèrement son étreinte plus pour le soutenir cette fois que pour lui rappeler de rester immobile ; il n'a pas bougé les autres fois et a montré qu'il était capable de contrôler parfaitement ses réactions.
Les crocs du vampire percent la peau comme les autres fois, en douceur, en faisant céder la chair par étapes, jusqu'à la veine. Il soupire quand il l'atteint et ferme les yeux de plaisir. Il ne retire pas ses crocs et cette fois, seules quelques gouttes perlent.
Pour boire, il doit aspirer, ce qu'il fait avec délice. Le sang vient à lui au rythme où il l'appelle, le pouls un peu plus agité que les autres fois pulse contre ses canines et cette sensation plonge jusqu'à ses reins et l'embrase de désir.
C'est plus fort, plus profond, plus violent. Il a le sentiment de mordre une proie, mais pas n'importe laquelle, c'est Ilashan qui ne capitule pas, qui incline la tête volontairement mais ne se soumet pas et dont le sang a un goût si puissant. Un goût sauvage, de grand air, d'aventure, le goût résiduel de la colère, de la peur gérée avec calme, de la douleur qu'il lui inflige, le goût de la fougue, et celui, inédit, du désir charnel qui se mêle parfaitement à son odeur.
Après trois longues gorgées, le vampire doit se faire violence pour s'arrêter. Cette fois, il ne peut raisonnablement pas boire plus, il risquerait de fatiguer Ilashan. Le sang se reconstruit lentement et il vaut mieux boire très peu mais souvent que beaucoup en une fois, les humains s'en remettent mieux.
Avant de retirer ses crocs cependant, il profite encore une longue seconde de cette intimité affolante. Le corps d'Ilashan contre lui, sa chaleur, l'inestimable présent qu'il lui offre, ses crocs toujours enfouis en lui...
Il rouvre les yeux et retire très délicatement ses canines acérées. La chair est lésée et plus fragile après une telle morsure et il se mord la langue et le soigne avec précautions. Ça prend un peu plus de temps mais les petites plaies se referment complètement.
Puis sans rien dire, il attire Ilashan contre lui, la tête contre son épaule, et se renverse en arrière jusqu'à toucher le sol. Il relâche alors l'humain pour lui laisser l'occasion de changer de position ou de s'écarter si cette proximité le gêne trop.
Lui reste allongé sur le tapis, ses cheveux éparpillés autour de sa tête, avec la sensation d'avoir consommé une liqueur interdite, meilleure, plus pure que tout ce qu'il a jamais goûté, et qui gronde dans ses veines, l'enivre, le rend fou de désir. Il n'a jamais été aussi vivant, même quand son cœur battait, et cette sensation inconnue le fait se sentir incroyablement vulnérable, à la merci de tout, mais surtout de lui-même et de ce qu'il éprouvera le jour où il perdra Ilashan.
Mais il savait quel risque il prenait en s'attachant à lui et il ne regrette pas de la voir pris. S'il avait été prudent et raisonnable, il n'aurait pas connu cet instant d'extase et il serait passé à côté de l'un des instants les plus forts de sa trop longue vie.
Il fixe longtemps le plafond en essayant de se remettre et trouve enfin la force de parler.
— Est-ce que c'était supportable ou plus jamais ça ?
Sa voix est un peu différente et trahit son trouble, mais il s'en fiche, il ne peut pas faire mieux.
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L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neige
VampirosPartie 2 de l'Astre et le Veilleur - Tome 1 : La forteresse de neige Le mercenaire Ilashan a été sauvé d'une tempête par le mystérieux Sylath, qui l'a conduit à l'abri dans une forteresse isolée, peuplée de vampires et de leurs esclaves humains. Le...