L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neige

241 ~ Sylath

Ilashan accepte d'avance de le laisser boire et pendant de longues secondes, Sylath ne peut penser qu'à ça. Il raffermit la pression sur sa taille et le regarde intensément. C'est à la fois un soulagement parce qu'il sent qu'il ne supporterait pas de ne plus se nourrir de lui, et une surprise parce que sans le savoir, ce que lui offre Ilashan, c'est l'exclusivité d'un calice.

Puis il l'interroge et le vampire se force à revenir à lui-même. Il sent bien qu'Ilashan n'est pas tout à fait à l'aise avec leur position, mais tant que l'humain ne bouge pas, il le garde contre lui. Cette proximité est trop plaisante.

- En général je sors me promener dans la neige, jusqu'à l'aube. Ou je reste à la Forteresse et je passe du temps avec les novices. Et quand j'ai besoin de calme, je reste ici, et je lis.

Il emporte toujours quelques livres dans ses appartements, des livres d'Histoire ou de poésie, des romans d'aventure. Il ne lit plus les textes religieux depuis longtemps, il les connaît par coeur.

– Mais j'ai rarement autant de temps libre. Il y a toujours les grandes fêtes annuelles à préparer, les novices récemment arrivés à familiariser avec la vie au Temple, les petits tracas quotidiens à gérer, des décisions à prendre avec les autres immortels... Je chasse parfois aussi, quand le gibier est rare et que les chasseurs n'ont pas pu rapporter assez de viande, ou je passe des nuits entières à repousser les loups arctiques, ils sont grands comme des chevaux et une seule meute pourrait tuer vingt humains en une nuit... La vie à la Forteresse ne manque pas d'action.

Tout en parlant, Sylath a remonté ses doigts le long de la colonne du mercenaire, et lentement, il commence à le masser. Ilashan n'est pas particulièrement tendu, il est même plus apaisé qu'il ne l'a jamais vu. Les nombreuses émotions de la nuit ont eu pour effet de lui faire baisser sa garde, comme si à présent qu'il a expérimenté l'impensable, le plus effrayant et le plus dangereux de ce qu'il pouvait vivre ici, il s'autorisait enfin à se détendre un peu.

Et ses doigts passent finalement sous la tunique et pétrissent le dos musculeux. Il le masse longuement, en silence, alternant massage et caresses. Tout en l'aidant à se détendre, il attire peu à peu Ilashan contre lui. Il sent sa fatigue et aussi l'effet de la tension qui retombe, de la perte de sang, du sentiment de confiance presque instinctive qui est en train de s'installer entre eux et qui le pousse à se laisser aller.

L'immortel voudrait poser à Ilashan bien d'autres questions concernant son passé, ses souvenirs, ses voyages, mais il sent qu'il suffirait d'un rien pour que la douce somnolence se transforme en sommeil et il ne veut pas perturber son repos. Finalement, après un long massage qui a achevé de délier tous ses muscles, Sylath tient un mercenaire endormi dans ses bras, son torse contre le sien, son visage dans le creux de son cou.

Et quand le sommeil de l'humain se fait plus profond, il le couche doucement sur le lit, se lève pour tirer les rideaux et protéger la chambre des rayons du soleil qui ne tarderont plus à entrer, remet du bois dans la cheminée et revient dormir avec Ilashan.

Il ne dérange pas le lit mais les enroule tous deux dans sa cape et tient l'humain contre lui pour qu'ils partagent la même chaleur. Le sang qu'il lui a donné est puissant et son corps sera encore tiède à l'aube. Alors tout en pensant au plaisir qu'il éprouve à pouvoir être si proche d'Ila, il s'endort lui aussi.