259 ~ Sylath

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Sylath confirme d'un simple sourire qu'il a aimé le toucher. Ilashan qui est si méfiant de nature vient de s'exposer d'une manière que le vampire n'aurait pas crue possible quelques semaines plus tôt. Il serait déloyal de ne pas s'exposer un peu à son tour en reconnaissant le plaisir qu'il prend à leurs moments d'intimité. Ce que le mercenaire ne doit de toute façon pas découvrir.

L'immortel le laisse s'éloigner pour s'habiller et s'équiper. Lui-même enfile des bottes, s'équipe d'une épée dont il s'assure que les deux tranchants sont aiguisés, et allume une torche pour Ilashan, avant d'en fourrer plusieurs autres dans un sac, avec la fiole de suc, des vêtements de rechange, et une fourrure à placer sur les épaules d'Ilashan quand ils remonteront des galeries.

Quand celui-ci revient, une détermination nouvelle a durci son regard. Il a l'air plus sombre, comme s'il était entré en lui-même pour atteindre le guerrier au fond de lui, le mercenaire rompu aux expéditions périlleuses.

Ils quittent le confort chaleureux de leur chambre et descendent. Sylath les conduit jusqu'à l'entrée des caves, dont les couloirs réguliers mènent à des galeries grossièrement taillées. L'air froid et lourd devient moite peu à peu, avant de se réchauffer au fil de leur progression. La torche que porte Ilashan semble donner vie aux aspérités de la roche, comme si des yeux hostiles, réveillés par la présence indésirable des intrus, se réveillaient et les menaçaient depuis l'ombre des parois.

Ilashan lui explique alors que le suc qu'ils ont utilisé ne lui est pas inconnu. Sylath se tourne rapidement pour regarder son visage. Il ne porte pas de torche mais l'obscurité n'a pas de secret pour ses yeux d'immortel. Il réalise la connotation que cette odeur revêt pour le mercenaire. Il l'a pourtant laissé lui appliquer le suc, jusqu'aux replis intimes qui auraient pu le mettre mal à l'aise ou lui évoquer bien autre chose qu'une préparation au combat... Plus il le connaît, plus l'humain l'étonne.

— Je l'ignorais, reconnaît le vampire en retournant vers les ténèbres des galeries. Nous avons aussi des huiles qui intensifient le plaisir et favorisent la décontraction, mais nous ne les fabriquons pas à partir du suc de ces lianes, il est bien trop compliqué à extraire pour en avoir en quantité suffisante pour toute la forteresse.

L'air devient de plus en plus chaud et humide. La fraîcheur des galeries qui devait incommoder Ilashan dans sa tenue un peu fine a été remplacée par une moiteur presque étouffante.

— Comme l'a dit Auria, l'effet devrait réapparaître au contact de l'eau chaude, il est normal que tu n'éprouves rien maintenant. Mais j'espère qu'il ne sera pas trop intense. J'ignore dans quelle mesure elle connaît exactement la puissance des effets secondaires, il n'y a pas dans la forteresse de lieu dont la chaleur est comparable à l'eau de cette source, il doit dont être difficile de faire des expériences concluantes.

La galerie où ils se trouvent débouche sur la grande caverne souterraine où le clapotis de l'eau se répercute en échos. Sylath pose le sac près de l'entrée pour qu'il ne soit pas mouillé et en sort les torches supplémentaires qu'il allume à celle d'Ilashan.

— Je vais m'attaquer directement aux lianes qui se sont faufilées dans le tuyau qui nous permet d'acheminer l'eau jusqu'au temple. J'essayerai ensuite de nous débarrasser des plus grosses ramifications, pour espérer pouvoir être tranquilles quelques temps. Ne t'éloigne pas trop de moi. Si tu sens que tu faiblis ou que les lianes sont trop nombreuses autour de toi, appelle-moi, je viendrai t'aider à sortir de l'eau.

Il indique à Ilashan une aspérité de la roche où il peut suspendre une première torche en équilibre.

— Essaye de rester calme pour ne pas trop faire monter ta température corporelle. La dernière fois s'est mal passée mais nous sommes beaucoup mieux préparés cette nuit. Tu peux trancher sans crainte les lianes qui sont à ta portée, elles n'attaqueront pas, mais en revanche elles essayeront sans doute de s'enrouler autour de toi, ne les laisse pas t'entraîner vers le centre du lac.

Sylath retire ses bottes puis s'éloigne de l'entrée de la caverne pour accrocher d'autres torches là où il peut, afin d'éclairer autant que possible la source chaude, ce que la vapeur en suspension dans l'air rend difficile.

Puis il revient vers le lac, tire son épée et commence à entrer dans l'eau.

— Je te garde à l'œil, promet-il à Ilashan avec un sourire encourageant.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant