280 ~ Ilashan

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Ilashan a du mal à décider de ce qui est le plus insupportable à subir pour son intimité malmenée, entre les doigts de Sylath, sa langue redoutable, ou bien son érection qu'il sait plus qu'imposante, et qui se fraye pourtant sans mal un chemin dans l'étroitesse de son corps.

La sensation est suffocante. Indescriptible. Ecartelé par ce mat de chair dure, il s'agrippe d'une main fébrile à la nuque du vampire, et s'appuie de l'autre contre son épaule.

C'est Sylath.

C'est Sylath qu'il sent en lui. C'est Sylath qu'il serre entre ses cuisses, qui s'impose lentement entre ses reins, qui recouvre sa peau de la sienne.

Le souffle de l'humain se brise. Cette pensée est obsédante. Presque autant que la perception de sa hampe logée en lui.

Ilashan voudrait lui dire de ne pas se retenir, de ne pas chercher à le ménager, mais il n'échappe qu'une brève injure entre ses dents serrées. La dernière parole cohérente qu'il est capable d'exprimer. Il n'a pas mal pourtant, pas vraiment, pas comme il sait que l'on peut avoir mal avec un partenaire trop impatient.

Le vampire le désire depuis si longtemps qu'Ilashan n'aurait pas été surpris si Sylath s'était enfoncé en lui sans attendre, pour le posséder tout entier. Il aurait pu le supporter. Il aurait même pu s'en contenter. Quand il le sent enfin logé tout au fond de lui, il a l'impression qu'il ne pourra rien éprouver de plus intense que ce moment. Un corps chaud épouse le sien, le rempli tout entier. L'alcool coule dans ses veines. Sylath est enfoui en lui, et ses yeux de glace trahissent tout le plaisir qu'il prend à le pénétrer. Ses caresses le brûlent presque autant que son regard.

Ilashan ne demandait rien de plus.

Mais pas Sylath, évidemment. Une créature telle que lui ne peut pas se satisfaire de la seule chair et de la douleur. Non, il faut plutôt qu'il lui fasse l'amour comme personne ne l'avait jamais fait avant lui.

Ilashan voudrait jurer encore, mais il n'y a plus que des sons et des soupirs qui peuvent franchir sa gorge. Ses bras se referment autour de la nuque de Sylath, ses hanches accompagnent autant qu'elles subissent les mouvements de ces reins qui ravagent les siens.

Il ne savait même pas que ça pouvait être aussi bon de se faire prendre comme ça. Sans douleur, juste du plaisir, des sensations vives et brutes qui le mettent à fleur de peau.

Ce n'est pas humiliant d'être bloqué sous son corps. C'est dangereusement grisant. Sylath va et vient en lui comme s'il voulait se fondre contre son étreinte, comme s'il lisait dans ses pensées pour savoir exactement quand et comment plonger entre ses cuisses pour mieux le faire gronder.

Il sent les muscles du vampire rouler sous sa peau tiède, sa bouche se presser sur son cou. La sensation est si déchirante qu'Ilashan voudrait lui ordonner de le mordre, mais la supplique se transforme en gémissement sourd.

Il se cambre sur la fourrure, ébranlé par les derniers assauts. Son corps se resserre autour du sien, recherchant presque désespérément le contact pour ne pas sombrer dans cette confusion de sensations qu'il lui offre.

La douleur et le plaisir se noient dans un orgasme qui obscurcit sa conscience.

Il lui faut de longues secondes pour reprendre connaissance du monde qui les entoure. Son cœur bat si violemment qu'Ilashan a l'impression qu'il va exploser. Le plaisir irradie encore à travers son corps, comme si l'extase ne l'avait pas vraiment quitté, incroyablement vivace.

Sylath est encore en lui. Il s'est répandu au creux de ses reins. Ilashan frissonne à ce simple constat, laisse sa main glisser le long de l'échine du vampire. Il savoure, immobile, et se gorge des perceptions qui l'entourent. Le corps brûlant tout contre le sien, ses muscles puissants entre ses cuisses. Son sexe profondément enfoui en lui. Ses muscles tendus sous la pulpe de ses doigts, ses cheveux soyeux contre sa peau humide.

Ilashan se sent bien. Le craquement de la cheminée remplace peu à peu le tumulte de sa propre respiration. Il ne laisse partir Sylath qu'une fois certain qu'il en a eu assez, qu'il est parfaitement rassasié de toutes ces sensations que le vampire lui a données.

Il saisit sans réfléchir le goulot présenté à ses lèvres. Boire apaise sa gorge, à défaut de le désaltérer vraiment. Ilashan a perdu trop de sang pour lutter contre la torpeur qui l'envahit et flotte dans un état incertain, à mi-chemin du sommeil d'un amant repus. Il n'a pas envie de dormir, pourtant. Pas tout de suite, même si son corps réclame le contraire. Il n'a même pas la force de rouvrir les yeux.

Il a roulé sur le flanc, trop faible pour échapper à l'étreinte possessive de Sylath, trop bien pour avoir envie de le repousser.

— Le printemps... c'est loin.

Il a trop bu, trop joui pour formuler une réponse plus précise.

Sa tête dodeline sur sa fourrure. Ses doigts jouent machinalement avec une mèche de cheveux noirs. Il s'en veut de ne pas réussir à lutter contre la fatigue, mais le vampire semble avoir poussé son corps jusqu'à ses limites. Ilashan pousse un profond soupir et cesse de lutter pour rester éveillé.

Sylath partira avec lui au printemps. Il s'endort sur cette dernière pensée, vaincu par le bien-être.

Son réveil, quelques heures plus tard, est loin d'être aussi suave que son endormissement.

C'est la douleur dans son crâne qui le tire de son sommeil de plomb. Ilashan pousse un grognement contrarié, marmonnant une insulte à l'encontre de sa propre personne et d'une bonne partie de l'univers. Il a un goût de sang et d'alcool au fond de sa gorge, mais il éprouve tant de difficulté à bouger les membres qu'il sait déjà que son mal de tête est dû à la fatigue plutôt qu'à la gueule de bois.

La bouche pâteuse, il ouvre péniblement les yeux.

Il n'en a pourtant pas besoin pour savoir qu'il est toujours dans les bras de Sylath.

Ils sont toujours dans la pièce abandonnée, seuls au milieu du silence. Le vampire semble l'avoir laissé dormir ici, allongé à ses côtés, comme pour veiller sur la tranquillité de ses songes. La fourrure les protège du froid et le feu couve encore dans la cheminée. Ilashan n'a sûrement pas dormi très longtemps, juste assez pour que son corps récupère quelques maigres forces. Il ignore si l'aube est encore loin, mais la nuit n'est pas encore achevée.

Cette pensée le fait frémir. Son esprit empêtré à une conscience très nette de ce qu'il s'est produit, sans parler de la sensation de chaleur qui habite encore la chute de ses reins. Et des courbatures qui commencent à se manifester. Ilashan ronchonne à nouveau, la voix lourde de sommeil.

Il a l'impression que le souvenir de cette nuit va le hanter encore longtemps, et pas seulement parce qu'il avait rarement connu un plaisir aussi intense.

Sylath lui a fait si férocement l'amour qu'il s'en est évanoui de fatigue.

C'est loin d'être glorieux. Ilashan jette un regard presque contrarié au vampire, dont il caresse péniblement la nuque.

— À ce rythme, je ne survivrai pas jusqu'à la fin de l'hiver.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant