255 ~ Sylath

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Une fois le repas fini, Ila a appliqué l'onguent sur les bleus qui se forment lentement sous sa peau. Grâce à ce remède, ils disparaîtront vite. La remarque d'Ilashan au moment où il s'assied à ses côtés est teintée d'un mélange d'humour et de méfiance naturelle, il y répond par un sourire sincère.

— La froideur habituelle de ma propre peau me gêne, avoue-t-il. Je sens qu'elle est désagréable aux humains, alors je me retiens souvent de les toucher. Mais grâce à toi, j'ai la peau tiède... Désolé que tu sois le seul à en faire les frais.

C'est une manière d'avouer que ces contacts qu'il multiplie ne sont pas fortuits. Il a réellement envie de le toucher. Et maintenant qu'il n'est plus gêné de le faire, il en profite, même si c'est de façon anodine.

Quand il approche la fiole de lui, Ilashan semble déconcerté par l'odeur et Sylath a l'impression qu'il éprouve un mélange de nostalgie et de malaise. Mais comme le suc n'a aucun effet sur lui, il ne comprend pas vraiment ce qui le trouble.

La remarque qui suit et qui pourrait être une tentative de le dissuader de le toucher l'amuse. Alors qu'Ilashan a l'air d'imposer des distances simplement par habitude, il finit peut-être par réaliser lui-même qu'il n'en éprouve plus réellement le besoin. Et après un instant, il lui tourne le dos et pose la fiole entre eux dans une sorte d'autorisation tacite.

L'hypothèse qu'il formule sur ce qu'aurait été le quotidien du vampire, s'il avait pris Jory comme calice surprend Sylath qui éclate de rire. Ilashan est de plus en plus naturel lorsqu'ils ne sont que tous les deux. Et il dévoile peu à peu des traits plaisants de sa personnalité, plus spontanés et moins méfiants.

Sylath, le sourire aux lèvres, prend la fiole, verse la matière huileuse sur ses doigts, puis se lève et contrairement à ce que l'humain attend, le contourne et s'assied à nouveau en face de lui. Il écarte les jambes pour l'encercler dans une proximité intime où le torse d'Ilashan est tout proche du sien.

— C'est ce que je suis en train de faire, dit-il en posant les mains sur les joues d'Ilashan pour enduire ses pommettes de suc en les caressant de ses pouces. Et tu ne me brises pas les noix.

Il a plongé son regard dans celui de l'humain et lui sourit. Ses pouces caressent ses lèvres, il frotte son nez, puis masse son front, ses sourcils, et attend qu'il ferme les yeux pour enduire ses paupières.

Il a envie de le toucher, c'est une certitude, et il a bien l'intention d'appliquer l'huile odorante sur son dos, son sexe, ses fesses... Mais ce dont il a toujours le plus envie, avant de penser au sexe, c'est de ce genre de contact, très simple, un peu trop tendre pour Ilashan que l'affection crispe parfois autant que l'hostilité.

Une fois qu'il a caressé tout son visage, il effleure la conque de ses oreilles puis plonge ses doigts dans les cheveux d'Ilashan. Il masse son crâne, ébouriffe un peu les mèches noires, et descend ensuite les doigts sur sa nuque, sa gorge, où il s'attarde avec douceur là où les veines battent sous ses doigts. Il se rapproche encore et laisse glisser ses mains dans le dos de l'humain dans ce qui ressemble à une étreinte. Il n'oublie rien, ses mains passent sur toute la surface de sa peau et termine en lentes caresses sur ses flancs.

— Lève-toi, demande-t-il ensuite en reculant un peu pour laisser à Ilashan la place de bouger.

Sylath reste assis. Là où il se trouve, il pourra atteindre tout ce qui n'a pas encore été enduit de suc, mais il interroge d'abord le mercenaire des yeux, par précaution, pour être bien certain qu'il a son accord pour le toucher plus intimement que le visage et le dos.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant