226 ~ Ilashan

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Avec une pointe de surprise, Ilashan serre entre ses doigts le poignet souple de Sylath, reconnaissant de ce contrôle qu'il lui offre, et qu'il ne lui tienne pas rigueur d'avoir succombé aussi vite au plaisir.

Pliant un peu plus les genoux, il laisse sa tête reposer sur le tapis, encore étourdi. Il sait que c'est le meilleur moment pour pratiquer une telle chose, quand le corps est encore détendu par un premier orgasme, l'esprit trop embrumé pour s'emballer.

Cela fait un moment que personne ne l'a touché ici, et les premiers gestes réveillent un tiraillement aussi familier que désagréable. Mais il sait aussi que la douleur est plus influencée par la décontraction des chairs que par leur souplesse. Alors, le souffle suspendu au regard de Sylath, il fait de son mieux pour ne pas le rejeter, et accepter cette lente intrusion qui fait tressaillir son corps.

Ilashan est aussi surpris que décontenancé par la lenteur du vampire après tout le désir qu'il lui a témoigné. Et il l'accueille avec bien plus de facilité qu'il ne le pensait, plus perturbé par ce qu'il ressent au fond de lui que par l'acte en lui-même.

D'autres seraient déjà enfouis en lui depuis longtemps, à ce stade. Il a déjà subi bien pire, et en comparaison, ce que lui inflige le vampire devient vite... agréable. Intime, troublant, parfois déplaisant, mais il connaît la douleur, et ce n'est pas elle qui domine son esprit.

Rares sont les hommes à s'être embarrassés d'autant de précautions avec lui. Il a toujours eu affaire à des partenaires pressés, rustres ou inexpérimentés, souvent des mercenaires aussi impatients que lui.

Sylath a un corps de guerrier, mais des mains agiles, sans cals ni rugosités. Des doigts qui l'étirent et le malmènent avec la précision de l'expérience, qui prennent possession de lui de la plus douce et la plus lente des façons.

Le regard qu'il pose sur lui est déstabilisant, brûlant et dangereux comme la morsure de la glace.

Et alors que le bien-être se diffuse, d'autres émotions menacent soudain de submerger Ilashan. Ces mains qui le fouillent et l'explorent sont aussi celles qui l'ont humilié et fouetté. Sylath est un prédateur, qui le convoite depuis des jours et n'a eu de cesse d'obtenir peu à peu tout ce qu'il souhaitait de lui. Insidieusement, Ilashan lui a déjà cédé bien plus qu'il ne souhaitait le faire, alors qu'il s'était juré que le vampire n'obtiendrait jamais rien de lui.

Et le voilà étendu nu devant la créature, les cuisses largement ouvertes, offert et soumis comme l'un de ces esclaves qui lui ont inspiré tant de rancœur.

Sylath lui a dit qu'il ne le prendrait pas ce soir, mais cela ne fait que repousser une échéance qui viendra indubitablement. Il le fera sien, aussi sûrement qu'il a déjà caressé son corps, bu son sang, dévoré sa bouche.

Ilashan crispe les doigts autour de son poignet, les membres raidit par une tension soudaine. Est-ce qu'il va vraiment laisser le vampire prendre possession de lui comme ça ?

Oui. Sans aucun doute. Après le plaisir que Sylath vient de lui donner, et la façon qu'il a de le préparer, il serait le dernier des idiots de se refuser encore à lui, et de se retrancher derrière son orgueil blessé. Par alors qu'il commence à peine à entrevoir tout ce qu'il pourrait y gagner.

Il se force à relâcher son poignet, pour le laisser continuer. L'onguent qu'il applique sur ses chairs est aussi tiède que ses doigts sont chauds, apaisant les sensations désagréables.

Ilashan glisse son bras libre autour de la nuque de Sylath pour l'attirer vers lui, rapprocher impérieusement son visage du sien. Il a besoin de repousser la méfiance qui menace de se réveiller en lui. Il ne veut plus le voir comme un prédateur autoritaire et insensible, mais plutôt comme un amant. Un amant qui lui a déjà donné tant de sensations diverses ce soir, et qui peut lui offrir encore bien plus.

C'est à son tour de réclamer ses lèvres, dont il prend possession avec autant d'ardeur que de retenue. Le goût du sang est toujours aussi fort, mais il commence à s'y habituer. La bouche de Sylath est aussi dangereuse que vorace une fois qu'on l'a provoquée. Ce qu'Ilashan ne se retient pas de faire, au fur et à mesure qu'il reprend confiance en lui, et qu'il retrouve la maîtrise du flot de ses émotions.

Jouant avec sa langue, frôlant les crocs dangereux, il enfouit avec plus d'assurance ses doigts dans le cuir chevelu du vampire tandis que ce dernier continue d'étirer ses chairs. Son corps l'accueille avec une tension mesurée, s'ouvrant progressivement, sans qu'il n'ait besoin de l'interrompre. À tel point qu'il finit par relâcher le poignet de Sylath pour mieux s'agripper à sa nuque, et lui laisser presque entièrement le contrôle. Et si ses chairs se contractent un instant face à la sensation de vertige que cela lui inspire, elles se détendent bien vite sous les attouchements délicieux du vampire.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant