258 ~ Ilashan

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Un sentiment inconnu chatouille le creux du ventre d'Ilashan, si étrange qu'il ne sait même pas dire s'il trouve ça agréable ou très déplaisant. Il peine à soutenir le regard du vampire assis devant lui, dans une position pleine d'humilité malgré tout le pouvoir qu'il a sur sa personne à cet instant.

La gorge sèche, Ilashan s'humecte les lèvres. On s'est rarement adressé à lui d'une façon si sincère. Encore moins pour lui faire une confession pareille. S'il avait encore besoin de preuves, pour être certain que Sylath n'était toujours pas en train de l'amadouer pour mieux le faire tomber sous sa coupe, ces quelques mots auraient suffi à le faire changer d'avis. Aucun homme n'aurait avoué avec autant de simplicité sa faiblesse à une proie convoitée.

La peau chauffée par les flammes autant que par le suc répandu sur sa peau, Ilashan détourne le regard pour ne plus avoir à soutenir les yeux de glace du vampire.

Son souffle se suspend quand il atteint les parties plus sensibles, mais il est trop déstabilisé par la situation pour éprouver de l'excitation, malgré la délicatesse des mains de Sylath. Après avoir provoqué une dernière tension incontrôlée, le vampire se recule enfin et Ilashan prend une grande inspiration.

Il ne fait pas tout de suite de commentaires, bien incapable de faire preuve de sarcasme à cet instant, et attrape plutôt les vêtements tendus pour se donner contenance.

— Non, pas vraiment. Mais j'ai l'impression que ce n'était pas désagréable pour vous non plus.

Il a dit cela après un instant de silence, sans animosité, comme une conclusion à la discussion étrange qu'il a lui-même initié.

Il part s'isoler dans sa propre chambre pour se changer. Pas par pudeur — ce serait un comble, après tout ça –, mais parce qu'il a besoin de récupérer certaines choses pour l'expédition. Il n'emporte que le nécessaire avant de rejoindre Sylath.

— Je suis prêt.

Il est toujours fébrile, mais plus à cause des mains de Sylath sur sa peau ou de l'huile qui réchauffe son corps. Plutôt à cause de l'expédition imminente. L'appréhension se réveille elle aussi, à mesure qu'ils se rapprochent des souterrains qui lui ont laissé un souvenir si désagréable. Il attrape au passage plusieurs torches encore inutilisées pour les allumer une fois devant le lac. Ilashan n'a pas l'intention de subir une nouvelle remontée dans le noir terrifiant des grottes.

La sensation de chaleur s'est estompée, lui laissant la même impression que s'il sortait tout juste d'un bain brûlant. Il passe par réflexe la main sur sa nuque, mais sa peau n'est déjà plus grasse, comme si elle avait absorbé la substance.

— Dans le sud aussi, on utilise des huiles de ce genre, dit-il à l'adresse de Sylath. Elles sont censées provoquer l'excitation et aider à se détendre. Mais je ne les ai jamais trouvées très efficaces.

Il peut le dire, maintenant que le moment gênant est derrière eux et qu'ils sont seuls dans les couloirs déserts. Comme pour meubler le silence avec une conversation anecdotique.

Ilashan essaye d'avoir l'air détaché et la démarche assurée, concentré sur l'épreuve qui les attends. Il sait déjà que la descente sera relativement rapide, mais pour le reste, c'est plus qu'incertain. Si l'huile issue des lianes est censée détendre les muscles, il est encore loin d'en ressentir les effets.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant