Sylath a un petit rire lorsqu'Ilashan change d'avis et renonce à obtenir la réponse à sa question. Il ne révèle donc rien sur l'usage qu'il a pu faire de tous ces instruments, mais il précise quand même avec un sourire taquin :
- Toutes ces choses, répète-t-il en imitant le ton dégoûté d'Ilashan, ne servent pas toutes à faire mal... ou pas uniquement.
Mais il n'insiste pas. Après ce que le mercenaire a vécu, ce n'est pas le moment de jouer avec son imagination.
Ilashan s'allonge près de lui et l'atmosphère intime s'intensifie. Sylath repousse la bouteille pour qu'elle ne finisse pas renversée — après tout c'est peut-être la toute dernière bouteille du monde de cet alcool qui n'a pas de nom.
Il n'a plus vraiment envie de sourire quand le mercenaire pose les doigts sur sa joue, parce que ces instants sont trop précieux. Il sent nettement la différence de température entre eux, il sent aussi, à la tension d'Ilashan, qu'il se prépare à être mordu. Mais ce qui est étrange c'est qu'à cet instant l'humain semble en avoir plus besoin que lui.
Ilashan lui pose une simple question rhétorique. Une manière élégante de réitérer l'offre de s'enivrer ensemble. Il y répond par une autre question.
- Combien de morsures tu peux encaisser ?
Il n'attend pas vraiment de réponse et plonge le visage dans le cou d'Ilashan. C'est doux et chaud, saturé de son odeur. Il prend son temps parce qu'il veut que le mercenaire se sente désiré et pas seulement pour son sang.
Tout en effleurant la peau douce du bout des lèvres, il glisse les mains sous sa tunique et s'écarte le temps de l'aider à s'en dégager. Puis il pose sagement les doigts sur le pantalon du mercenaire, pas parce qu'il hésite à explorer toute cette chair découverte mais parce qu'il sait que sa peau est froide, et que ce sera désagréable.
Le cœur d'Ilashan a accéléré et il ne le fait pas attendre plus longtemps, il s'installe au-dessus de lui, à califourchon sur ses hanches, et délicatement, il le mord. Ses crocs plongent dans la chair fine de la gorge, elle cède, il perce la veine et retire ses dents. Le sang gicle dans sa bouche et il grogne de plaisir, il l'avale en aspirant très légèrement, les lèvres pressées contre la plaie, pour donner un peu le tournis à Ilashan.
Le sang brûlant est saturé du goût épicé et riche de l'alcool, et de celui, plus lointain, du suc des plantes — mais cela Ilashan n'aimerait sans doute pas le savoir — et il réchauffe Sylath comme un alcool précisément, où plutôt comme plus aucun alcool ne l'a réchauffé depuis des siècles. Il se répand en lui et alors qu'il l'assimile et qu'il se mêle au sien, le vampire décèle autre chose, le goût suave du désir sexuel, un désir trop sombre pour être celui laissé par les plantes.
Il cesse de boire après un long moment de plaisir, se mord la langue, et lèche les deux plaies jusqu'à ce qu'elles se referment. Le temps de faire ça, son corps a déjà commencé à se réchauffer de quelques degrés et il s'écarte un peu pour regarder le visage d'Ilashan et poser les mains sur son torse. Entre leur combat de la veille et celui contre les plantes, le corps du mercenaire porte plusieurs gros hématomes. Il en a deux aux bras, un au flanc, et un autre plus impressionnant, à l'épaule.
— Je vais effacer ça, l'informe-t-il. Mes morsures vont faire mal.
Il commence par l'épaule, justement. Mais cette fois, ses doigts tièdes courent sur le corps d'Ilashan qu'il réexplore de caresses possessives. Il doit vraiment lui faire mal, quand il plante ses crocs directement dans la peau bleuie par le coup d'épée en bois. Il aspire le sang plus difficilement à cet endroit, à cause de celui qui a coagulé là où les vaisseaux ont éclaté.
Son propre sang coule encore dans sa bouche. Il en profite, maintient les crocs dans les plaies, cesse de boire, et laisse son propre sang couler et s'infiltrer dans les chairs lésées. Cela prend un moment au cours duquel il ne bouge pas, toujours à califourchon sur Ilashan. D'une main il caresse sa joue, comme Ilashan l'a fait un peu plus tôt, d'un geste tendre et réconfortant.
Quand il retire enfin ses crocs de la plaie que son sang referme, l'hématome est en train de disparaître. Il le palpe délicatement, mais en quelques secondes, tout a fini de se résorber et il ne reste pas de trace du coup.
— Tu voyagerais avec moi ? demande-t-il en osant revenir à la proposition d'Ilashan, maintenant qu'il sent l'alcool faire effet et griser ses sens.
Il balaye son torse du regard et touche doucement l'hématome qu'il a au flanc. Il n'est pas très profond, ce sera plus rapide. Mais il ne le mord pas tout de suite.
— Tu aurais un protecteur bien plus puissant que tous les gardes du corps que les rois de ce monde pourront jamais payer pour assurer leur sécurité. Mais il n'y a pas que des avantages à voyager avec un vampire... Outre la nécessité des voyages de nuit, c'est de toi que je me nourrirais, Ila. Exclusivement.
Il approche finalement sa bouche de son flanc et souffle doucement sur l'hématome, prenant le temps de se montrer tendre avant de lui faire mal.
— Ce serait un peu comme être mon calice. Je croyais que l'idée te rebutait.
Il ferme les yeux, inspire l'odeur de la peau d'Ilashan et le mord à nouveau. Le sang qu'il boit encore, mais à gorgées plus raisonnables, l'excite et met ses nerfs à vif. Il est chargé du goût de la douleur maintenant, et tandis qu'il mord la zone douloureuse pour la soigner avec son sang, ses doigts se perdent au niveau du pantalon d'Ilashan dont il défait le simple laçage, impatient de le voir nu.
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L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neige
VampirePartie 2 de l'Astre et le Veilleur - Tome 1 : La forteresse de neige Le mercenaire Ilashan a été sauvé d'une tempête par le mystérieux Sylath, qui l'a conduit à l'abri dans une forteresse isolée, peuplée de vampires et de leurs esclaves humains. Le...