243 ~ Sylath

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Ilashan qu'il a emprisonné dans son étreinte dort d'un sommeil immobile et silencieux, comme souvent ceux qui volent quelques heures de repos au danger mortel, et pour qui le moindre bruit risque de les plonger dans un sommeil éternel.

Puis un peu avant le crépuscule, Ilashan bouge et dans un réflexe possessif, Sylath l'attire à nouveau près de lui, d'un bras autour de sa taille.

Le vampire sent bien qu'Ilashan est éveillé, et cet instant lui plaît parce qu'il vibre encore de ce qu'ils ont fait la veille, parce que le souvenir de l'avoir mordu de toutes les façons est inscrit en lui, et qu'il connaît maintenant la douceur de son intimité, la fermeté de ses muscles et son expression quand il jouit... Mais ouvrit les yeux est difficile. Dehors, l'Astre d'or n'est pas couché, et son pouvoir, même au coeur de l'hiver, est accablant.

Alors il demeure immobile, proche de se réveiller mais incapable de lutter contre la magie du soleil.

Il sent bien qu'Ilashan est mal à l'aise, à travers son demi-sommeil, mais il n'a pas envie de le lâcher. Si le mercenaire décide de s'écarter, il a la force et la volonté pour le faire, il n'est pas du genre à s'embarrasser de convenances lorsqu'une chose lui déplaît. Mais il ne bouge pas, et le vampire sent l'esquisse d'un sourire incurver ses lèvres. Cette proximité pourtant doit lui coûter.

En général, Ilashan esquive tout contact, toute intimité, seulement par principe, parce qu'il craint de détester, ou d'être blessé, et peut-être aussi parce que les deux lui sont déjà arrivés. À présent qu'il lui a raconté un peu de son passé, Sylath peut imaginer la vie dure, de dangers, de méfiance et de trahisons qu'il a pu vivre. Et il comprend qu'il se dérobe si instinctivement aux contacts physiques.

Mais pour autant, il n'a pas moins envie de lui enseigner ce que c'est que d'être en confiance, et le plaisir sans danger des contacts simples. Et il doit reconnaître qu'Ilashan fait de gros efforts, surtout depuis la veille.

La question du mercenaire éclaire suffisamment son esprit pour qu'il parvienne à ouvrir les yeux. Et ouvrir les yeux sur le visage d'Ilashan est un réveil plaisant, même si la clarté du jour qui filtre à travers les rideaux contracte douloureusement sa pupille.

Le vampire s'étire comme un grand félin, ses muscles encore chauds du sang qu'il a bu la veille lui semblent plus souples, et avant de se lever, il se tourne complètement vers Ilashan et l'attire contre lui. L'étreinte ne dure qu'un instant, il le prend dans ses bras, le serre, enfouit son visage dans son cou pour inspirer profondément son odeur et le relâche finalement pour rejoindre sa chambre où il se passe de l'eau sur le visage. Il change de vêtements et en passe d'autres, plus décontractés et adaptés à des passes d'armes.

Puis une fois qu'Ilashan est prêt, ils se rendent à la salle d'armes. Le Temple à cette heure est désert, et à certains endroits, une lumière encore crue filtre à travers les vitraux. Quand ils arrivent, Sylath décroche deux épées en bois, en lance une à Ilashan et engage quelques passes souples et peu appuyées pour laisser le temps à l'humain de s'échauffer.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant