264 ~ Ilashan

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Un long filament soyeux se presse juste sous les testicules d'Ilashan et remonte tout contre sa peau beaucoup trop sensible, glissant dangereusement vers la chute de ses reins. Il se cambre à nouveau, dans un soubresaut provoqué autant par la rage que par l'excitation, la respiration erratique.

Il baigne dans un mélange confus et poisseux de stimulations insoutenables pour son esprit à la dérive. La langoureuse caresse des lianes contraste avec la morsure plus fraîche de l'acier sur sa peau, exposé dans toute sa nudité à des attouchements qui embrasent son échine et font bouillonner son aine. Une tige s'est enroulée étroitement autour de son sexe, lui arrachant un nouveau son de plaisir étouffé, qui se transforme en gémissement incontrôlé quand les doigts agiles de Sylath se posent sur la chair à vif. C'est si bon, si inattendu qu'il sent le plaisir pulser violemment au creux de son ventre et menacer de jaillir, comme une délicieuse délivrance au milieu de ce calvaire sensuel.

Mais la promesse de ce violent orgasme lui est abruptement arrachée, en même temps que son corps est hissé hors de l'eau et de l'étau redoutable des plantes aquatiques.

Ilashan est secoué de tremblement, les battements furieux de son cœur se répercutant jusqu'à la moindre parcelle de son corps. Une nouvelle étreinte se substitue à celle des lianes, plus possessive, plus puissante, beaucoup plus grisante aussi. Il sent les vêtements trempés du vampire se coller à sa peau frémissante, ses bras se refermer autour de lui dans une poigne jalouse. Il halète de plaisir quand son sexe brûlant est pressé entre leurs deux corps, se contracte brusquement quand un doigt curieux frôle l'entrée de son corps, réveillant des craintes enfouies au milieu du plaisir.

Ilashan voudrait lui gronder de s'écarter, mais il n'est même pas capable de respirer normalement. Ses membres sont vidés de leurs forces et il ne peut que reposer mollement contre Sylath, plus malléable qu'une poupée de chiffon entre les doigts du vampire.

Il faut encore de longues secondes, peut-être même des minutes, avant que les chocs ne s'apaisent dans sa poitrine. Que le plaisir cesse de pulser aussi dangereusement dans son bas-ventre, et que sa peau en feu ne soit plus aussi vulnérable au moindre frottement. Ilashan se passe la langue sur les lèvres, avec l'impression d'avoir la gorge sèche malgré tout le temps qu'il vient de passer dans l'eau. La voix de Sylath lui paraît lointaine mais son corps, lui, est beaucoup trop présent contre le sien.

— Ne... me touchez pas.

Il repousse faiblement sa main pour s'échapper de son étreinte, tirant avec lui le drap dans lequel il s'enroule pour mieux s'effondrer quelques pas plus loin. Hors de l'eau, l'effet du suc lui semble moins violent, même s'il en sent toujours la morsure sur sa peau moite. La chaleur suffocante des grottes ne l'aide pas à se calmer et il se recroqueville tant bien que mal pour enfouir son visage dans ses propres mains.

Ilashan tremble encore, aussi fébrile que furieux. Il profère une litanie de juron dans sa langue natale, dans un mélange confus de promesses de vengeance et d'envie d'incendier l'ensemble de la forteresse.

Sa colère n'est pourtant pas vraiment tournée à l'encontre de Sylath, ou plutôt, n'a pas encore de cible définie, visant l'univers tout entier sans distinction particulière. Mais à mesure que son esprit dégrise, c'est contre lui-même que sa rage se tourne. Pour avoir eu la naïveté de croire que les choses se passeraient mieux, cette fois. Pour s'être laissé sombrer dans un tel état.

Il a l'impression de sentir encore les lianes glisser le long de son épiderme, et l'absence de contact est presque aussi insupportable que leur terrifiant souvenir. Sa peau humide reste beaucoup trop sensible, au point qu'il ne sait plus s'il frissonne ou s'il grelotte sous le drap qui le couvre et qui frotte désagréablement contre sa chair à vif.

— Ou plutôt si... touchez-moi, dit-il d'une voix fébrile.

Il ne reconnait pas non plus sa propre voix. On dirait celle d'un animal blessé, et cela ne fait qu'attiser sa colère. Il a envie de mettre fin à cette brûlure qui le ronge, de retrouver la lumière, de se plonger dans un bain d'eau glacée et de frotter son épiderme jusqu'à en extirper la moindre goutte de cette maudite substance. Puis, surtout, de ne plus laisser la moindre chose le toucher pendant les six prochains mois.

Mais il ne pourra pas sortir d'ici tout seul, encore moins dans cet état. Et sa propre dépendance le rend furieux

— Emmenez-moi hors d'ici.

L'astre et le Veilleur - Tome 1 (partie 2) : La forteresse de neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant