2 Comment je suis morte

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Enfin chez moi. Je ne mis même pas cinq minutes à sauter dans mon pyjama et à faire pipi en me démaquillant les yeux pour finir par me laver les dents.
J'étais maintenant au chaud sous ma couette, chez moi après une nuit de boulot et une séance de squats et de cardio.
Ah oui j'ai oublié de vous dire. Je suis infirmière aux urgences. Ouais ça claque dit comme ça mais la réalité est tout autre croyez moi. Et puis quand dans le soins on ne nous trouve pas assez rentable comment on fait?
C'est la question  a un million ça....

Mais je ne veux pas parler du boulot. Enfin ça ne me dérange pas. C'est surtout mes cadres qui me dérangent en fait. Elles sont deux. Mais comment peut on à ce point manquer d'empathie et de finesse? La seule chose que je leur souhaite c'est qu'elles comprennent quand elles auront le retour de bâton. On récolte ce que l'on sème il paraît.
Mais certaines personnes préfèrent mettre le bazar où elles passent. Ça leur donne un sentiment de supériorité et ça leur évite de penser à leur propre faiblesse... dommage pour les autres. Mais quelle bande d'égoïstes sérieusement.

Je vous ais dit que j'étais une vrai pipelette sinon? Mais je m'en fiche. Je me parle à moi-même et ça me donne le sentiment de ne pas être seule.

Je suis bien installée. J'en suis au 108eme moutons tout joyeux qui saute par dessus la barrière et le sommeil continue de me fuir. Même pas l'ombre d'un bâillement à l'horizon. Ça va être long jusqu'à ce que le réveil sonne. Mince mon réveil! J'avais encore oublié de le programmer. 

Je balance vivement ma couette par dessus mes jambes nues qui crient au scandale et vais récupérer mon portable que j'ai laissé en bas sur la table du salon. Bah oui comme 99% des gens mon portable est multifonction (mais dommage qu'il ne soit pas capable de livrer de superbes spécimen mâles à domicile!) et celle qui m'intéresse pour le moment est de programmer mon réveil pour 16h. Il me fallait au moins 4h pour émerger, me laver, me maquiller, m'habiller manger et repartir bosser... Une vie trépidante en somme ou le sourire se devait d'être présent au moins face aux collègues pour éviter certaines questions. J'étais passé maître dans l'art de cacher mes sentiments et de poser le masque du boulot sur mon visage en même temps que j'enfilais ma blouse de travail dans les vestiaires. Pareil pour les patients qui venaient me raconter leur problèmes sans se douter des miens. Parfois au cours d'un entretien infirmier, je me surprenais à penser à tout autre chose que l'enfant ingérable à la maison par manque de limites parentales où bien encore à celui dont la femme la quitté et qu'il ne peut vivre sans elle... Les problèmes des autres ne me touchaient plus comme avant, j'avais besoin de faire une pause sans quoi ce serait moi qui me retrouverait à leur place. Je voyais déjà le visage de mes cadres, un sourire pervers et narquois aux lèvres comme pour me dire : " Vous voyez bien que vous ne valez rien, puisque vous êtes ici!"

Je sens que ma poitrine se serre et je me met à respirer profondément mais je sais déjà que je vais pleurer. Une fois de plus. Une nouvelle crise de panique. Ça m'a pris comme ça un jour. Jusque là j'avais toujours réussi à tout contrôler et le lâcher prise et moi on était pas vraiment amis mais là c'est comme ci mon corps me forçait à ouvrir les vannes. Je ne me reconnaissais plus.

J'ai maintenant le visage inondé de larmes que je ne contrôle pas. Je ne vois pas vraiment devant moi et à part la lumière de chevet de ma chambre il fait très sombre. Mauvaise idée. J'ai froid . Je serre fort mes bras autours de moi pour me calmer et me détendre tout en me dirigeant vers le haut de l'escalier. Re mauvaise idée. C'est surement pour l'ensemble de tout ça que je n'ai pas pris garde à l'avertissement de mise en garde chuchoté à mon oreille. Et c'est surement pour ça que je n'ai pas fait attention au tube de lubrifiant qui était vide (en raison du passage de ma dernière rencontre sentimentale dont je n'ai pas envie de m'étendre maintenant) et que je devais descendre à la poubelle le lendemain, enfin tout à l'heure maintenant.

Bref je viens de viens de rouler sur le fameux tube et tomber tête la première dans les escaliers. Sympa! Les secours vont bien rigoler en tout cas. Mon haut de pyjama est décolleté avec de la dentelle... ça passe. Merde je suis en culotte avec mes chaussons de licorne mais ouf mes jambes sont épilées. Vous voyez un peu l'image de la blonde au gros seins les fesses en l'air et la tête formant un angle étrange avec son corps et un tube de lubrifiant à côté d'elle? Et bien voilà, c'est tout moi ça.

Mais j'y pense, je suis seule. Je n'ai prévu de voir personne aujourd'hui. Je bosse ce soir mais ils trouveront simplement pour me remplacer. Alors qui va prévenir les secours? Je ne vais quand même pas rester dans cette position, si?

La Faucheuse Lui Va Si Bien (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant