Chapitre 52

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Il finit par s'éloigner de moi, après seulement le temps de ce morceau chanté sur le trottoir d'en face. On ne se dit rien. J'essaie encore de comprendre ce qu'est que cette émotion ou ce sentiment qui a surgit au moment où nous nous sommes mis à danser, et lui semble être ailleurs. Je n'attends que le moment où il me prendra vraiment dans ses bras, pas seulement pour danser, mais il ne vient pas. A la place, il me dépasse, et en me parlant, il part ramasser le parapluie qu'il a lâché, et mes deux sacs que j'ai laissés tomber. Je ne réalise pas immédiatement l'importance de ses paroles. Parce que je suis encore dans un autre monde, comme les deux fois où nous nous sommes embrassés. Je reste figée, alors qu'il commence à repartir. Jusqu'à qu'il se retourne, surpris que je ne le suive pas.

- Bon, qu'est-ce que tu fais ? On y va. Je croyais que tu avais hâte de rentrer, me dit-il.

Mais je ne bouge pas. Je ne sais même plus comment faire bouger mes jambes. L'émotion prend tant de place que j'en perds toute notion de la réalité. Alors, voyant que je reste immobile, il revient finalement, et m'attrape la main. Il m'amène sous le parapluie avec lui, pour guider mes pas. On se remet en route comme si de rien n'était. Sans se lâcher la main, on marche pour rejoindre le point de rendez-vous.

C'est au moment seulement où on passe la porte intérieure que je reprends vraiment mes esprits. Je retrouve la parole, et joyeuse comme avant, je ne m'arrête plus de parler. Il m'écoute, me répond parfois, sans vraiment dire grand-chose. Mais il ne me lâche pas la main avant qu'on soit arrivés, comme si ça lui donnait la certitude que je reste avec lui sous le parapluie. Je tiens sa main comme une enfant tenant la main de sa mère. Les doigts refermés sur son dos, j'absorbe malgré moi toute sa chaleur.

Quand on arrive, il me lâche enfin. On attend silencieusement au moins dix minutes, jusqu'à ce qu'enfin la calèche qui nous avait déposé là ce matin se présente devant nous.
On n'a même pas le temps de faire un pas pour y grimper que le chauffeur se penche vers nous. La pluie s'abat si fort encore qu'il est obligé de crier pour qu'on l'entende.

- Désolé caporal ! Mais je ne peux pas faire le chemin sous la tempête ! Il va falloir que vous passiez la nuit ici !

Livaï soupire, alors que moi, j'abandonne mon rêve de rentrer pour ce soir.

- Avec tout ce qui tombe depuis ce matin, les routes doivent être complètement impraticables ! Continue-t-il. Les roues risqueraient de s'embourber et les chevaux pourraient se casser une patte !

C'est définitif alors. On est bloqués ici jusqu'à que la tempête se calme et que les routes redeviennent praticables. C'est vrai que les chemins entre les districts ne sont pas en pavé, mais en terre. Un peu de pluie, et c'est un marécage. Mais il fallait vraiment que ça tombe aujourd'hui. On est partis à trois heures, et la journée a été horriblement chargée en émotions. Lui comme moi, on est épuisés. Tout ce qu'on voulait, c'était vraiment rentrer.

- Et donc ?! Lui répond Livaï. Qu'est-ce que vous proposez ?

- Les annonces tombées il y a deux heures disent qu'il y en a encore pour toute la nuit comme ça, avec quelques orages probablement ! Mais grand soleil pour demain ! Normalement, je pourrais vous ramener en fin d'après-midi, quand les chemins auront durci !

Il crie toujours pour qu'on l'entende, et d'ailleurs, je suis surprise de la force qu'a mis Livaï dans sa voix. Habituellement, on ne l'aurait pas entendu.

- Je vais à une auberge un peu plus loin. C'est à cinq minutes d'ici. Il doit y avoir assez de chambres pour nous trois ! Montez, je vous emmène !

Je lâche un soupir de désespoir en montant dans la calèche où il fait aussi froid qu'à l'extérieur. Je sais pas vraiment pourquoi, mais je crains un peu qu'on reste bloqués ici pour plusieurs jours. A la limite, même si les routes ne sont toujours pas praticables demain, on peut espérer que la rivière se soit calmée et qu'on puisse prendre un ferry. Mais je trouve que c'est un peu trop optimiste d'imaginer qu'il puisse faire suffisamment beau et chaud demain pour que la boue durcisse en quelques heures.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant