Notes de l'autrice

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Lorsque j'ai commencé cette histoire, je savais franchement pas ce que ça allait donner.
J'avais peur de ne pas être capable de véritablement transmettre les messages et les émotions d'Eline. Au final, je crois que j'ai plutôt bien réussi mon coup.
L'écrire a été une façon pour moi de me vider de mes émotions concernant un traumatisme de mon enfance.
Je comprends très bien ce que ressent l'héroïne, et plus que tout, je suis passée par là aussi.
Tout comme elle, je suis incapable de prononcer le mot qui explique ce qui m'est arrivé. Je n'étais qu'une enfant alors j'ai tendance à le cacher. Peu de gens sont au courant de ce que j'ai vécu, même mes amis les plus proches.

C'est souvent plus simple quand le traumatisme est encore trop présent de le garder pour soi que d'en parler. Parce qu'on n'a pas le détachement nécessaire pour en faire un sujet de discussion qui ne nous fait pas de mal.
C'est comme ça que je me suis retrouvée à rejeter toute ma douleur contre moi-même, pendant 3 ans, jusqu'au jour où j'ai essayé de mettre fin à mes jours.
Je crois que ce qui a été le plus difficile, c'est le jour où mon amnésie traumatique s'est subitement arrêtée. Je vivais très bien jusqu'à mes 14 ans. Je n'avais aucun souvenir de ça et ça m'allait. Même si j'avais un énorme trou noir dans mon enfance qui donnait naissance à un vide constant. Je sentais qu'il me manquait une partie de moi mais je ne m'en préoccupais pas vraiment.

J'ai sombré dans la dépression dès lors que j'ai recouvré la mémoire de l'événement. Et ça a été très dur de m'en sortir. Au final, j'ai tout encaissé seule dans mon coin et j'ai fait naître une jeune adulte névrosée. Je ne serai jamais comme j'aurais dû être et je regrette de m'être tue. Mais mon entourage n'était pas réceptif aux signaux que je leur envoyais. C'est seulement le jour où je me suis ouvert les veines avec l'intention d'en mourir que mes parents ont compris que je n'étais pas leur petite princesse souriante et parfaite en tout point pour qui tout allait bien.

Je voulais que les gens s'aperçoivent qu'on ne s'en remet jamais vraiment contrairement à ce qu'on croit. On vie avec et on peut pas faire autrement. Finalement, ne pas s'en souvenir est sûrement ce qui peut arriver de mieux à un individu ayant subi une agression sexuelle, quelle qu'elle soit.
Mais bien souvent, on n'a pas le choix. Parce que c'est notre cerveau qui décide. C'était il y'a 12 ans et pourtant je fais toujours des cauchemars, j'ai toujours des flashback, même en plein jour. Parfois je suis en cours à ça vient comme ça. Je fais des crises d'angoisse, la période de l'année à laquelle ça s'est passé est toujours très difficile pour moi. Mais je suis toujours en vie, et j'avance. Un jour je serai pédiatre et je protègerai les enfants de tout mal qui pourrait leur arriver. C'est une façon pour moi de prendre ma revanche sur ma vie.

Alors bon, aujourd'hui j'ai 20 ans. Je considère que j'ai eu ma première relation sexuelle à 16 ans avec mon copain de l'époque et qu'avant j'étais vierge parce que c'était ma première relation consentie. Et si ça perturbe votre esprit cartésien que je vois les choses de cette façon, réfléchissez deux minutes à la raison pour laquelle on préfère penser comme ça.

Il y a tellement de choses à dire. Les sujets que j'ai abordés dans cette histoire, je suis passée par là. C'est pas facile de reconnaître qu'on ne va pas bien surtout quand on est incapable d'expliquer pourquoi. Ce n'est pas parce que je veux pas, c'est parce que je ne peux pas.
Les gens ne comprennent pas que le syndrome de stress post-traumatique ne se soigne pas vraiment. Un rien peu nous faire vriller et les gens ne nous reconnaissent parfois pas.

J'ai étudié, en première année de médecine, une matière qui s'appelle la santé publique. On y abordait entre autres l'effet de la drogue, la dépression, le suicide, et tout ce qu'il y a autour. J'ai adoré cette matière et je m'en souviens encore très bien. Alors voici quelques petites choses que j'ai retenues, pour votre culture :

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant