27 et une émotions (Livai/Levi x OC)

Chapitre 81

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On toque trois coups à ma porte. Nuit tente désespérément de me faire me lever de mon bureau depuis vingt minutes. Mais j'y reste, le regard figé vers l'objet qui s'y trouve déposé. Tout s'est assemblé à partir du moment où j'ai compris ce qu'il se passait en moi. Je voulais tout laisser derrière moi à Révélio, mais j'ai emporté de là-bas le pire souvenir que je pouvais prendre. Je ne l'ai pas choisi, pas même acheté, il m'a été imposé, comme ça. On ne m'a rien demandé. Horrifiée, j'essaie de me persuader que c'est une erreur, mais ça ne peut pas l'être. On ouvre ma porte, je ne me retourne pas. Je suis bien trop bouleversée pour laisser quiconque croiser mon regard. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Qu'est-ce qu'il va advenir de moi ? Est-ce que c'est une autre façon de me faire payer la vie que j'ai prise ?

- Eline, les autres t'attendent, il est l'heure d'y aller, me dit Hange.

Je ne dis rien. Ma gorge est nouée dans une affreuse angoisse. Je ne quitte pas des yeux le test. J'aimerais bien encore une fois, que rien de tout ça ne soit réel. Je suis définitivement condamnée à devoir répéter inlassablement les mêmes erreurs. Nuit miaule encore pour me rappeler à la réalité. J'entends Hange faire un pas vers moi. Je me lève brusquement. Il ne faut pas qu'elle voit ça. Personne ne doit le savoir. Ils ne comprendraient pas d'où est-ce que ça vient, je devrais expliquer, raconter cette histoire que je voulais laisser derrière moi.

- Je... J'arrive... bafouillé-je.

J'attrape le test, le glisse discrètement dans mon tiroir, puis me retourne. Hange m'observe, l'air un peu inquiète.

- Est-ce que ça va ? On dirait que t'a vu un fantôme.

C'est presque ça. C'est du même niveau. C'est si surréaliste pour moi que je n'en reviens pas. J'aurais encore préféré voir le fantôme de mon frère.

- Oui, tout va bien. J'ai mal dormi c'est tout.

Elle arque un sourcil en m'envoyant un regard suspicieux. Je prends une seconde pour revêtir celle que je suis habituellement. Elle n'a pas besoin de ça. Elle n'a pas besoin de s'inquiéter pour moi. Elle a déjà suffisamment de choses à penser. Avec les membres du bataillon qui ont divulgué la position d'Eren, Jelena qui a avoué qu'elle avait eu un entretien clandestin avec lui, et le soulèvement du peuple contre l'armée, elle n'a vraiment pas besoin que je lui en rajoute une couche. Je vais me débrouiller toute seule comme d'habitude. Ça ira. J'irai quand je reviens, et on n'en parlera plus jamais, n'est-ce pas ? Je n'en ferai aucun cauchemar, je n'aurais aucun regrets, je pourrais vivre normalement, parce que c'est la meilleure décision à prendre. Elle ferait pareil à ma place, j'en suis certaine. Tout va bien se passer.

J'attrape mon sac, j'enfile ma veste, ma tête tourne d'angoisse. Je tremble en attrapant le sac de croquette de Nuit pour lui remplir sa gamelle avant de partir. Tout va bien pourtant. Je n'ai aucune raison d'avoir peur, de me sentir mal, ou de culpabiliser à l'avance. C'est déjà arrivé auparavant, et je m'en suis remise. C'est beaucoup mieux comme ça. Le choix est vite pris. Il n'y a pas d'autre alternative. Alors pourquoi est-ce que je cède comme ça à l'angoisse ? J'ai encore la possibilité de me débarrasser du cadeau surprise que j'ai ramené de Révélio, qu'est-ce qui m'arrive ?

- Tu mens, déclare-t-elle. Pourquoi est-ce que tu pleures ?

Je passe une main sur mon visage pour essuyer les larmes qui ont coulé seules sans même que je les sente arriver. Je pleure vraiment. Mais ça va aller. Je n'ai aucune raison de m'inquiéter. Je n'étais pas spécialement hantée par cet horrible souvenir de mon séjour à Mahr. Tout allait bien, et tout ira mieux dans quelques jours.

- Je pensais... à Sasha... C'est pas facile tous les jours, ça ne fait que deux semaines...

Elle ne me dit rien. Je crois que je l'ai convaincue. Personne n'en saura jamais rien. Je refuse qu'on me force à m'expliquer. C'est bien trop difficile de décrire ce genre de chose. Je me suis juré de ne plus jamais y repenser.