Chapitre 40

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❣️


En même temps que Livaï me sert une tasse de thé, je me remémore encore ce jour-là, comprenant que ce sont les véritables souvenirs de la mort de mes parents qu'on m'avait fait oublier avec le temps. Comprenant aussi qu'Hange et Livaï avaient raison, et que ma mémoire avait été modifiée, par le traumatisme, et le bourrage de crâne quotidien qu'on m'imposait.

Pendant des années, on m'a donné une raison à ce qu'il se passait, pour que j'accepte tout ça sans me rebeller. On me l'a répété maintes et maintes fois, me faisant croire moi-même à ce mensonge. Je me suis accrochée à ce souvenir qui n'était qu'une histoire inventée de toute part, croyant que c'était ce qui me caractérisait, croyant que c'était la personne que j'étais vraiment.

- Merci, Livaï... lui dit Hange en attrapant la tasse qu'il vient de lui remplir.

Nous sommes montés à sa chambre. Il n'a pas encore pris le temps de ramasser tout ce qu'il a balancé par terre, laissant le sol tapissé de tout un tas de papier en tout genre. Je n'ai encore rien dit. Le regard vers mes mains qui tiennent ma tasse encore posée sur la table, j'affronte la restitution de ma mémoire, et de la vérité.

Livaï s'assoit juste en face de moi. Hange est à ma gauche, pas très loin. Personne ne dit rien encore de longues minutes. Après ce qu'il vient de se passer, on ne sait pas vraiment comment aborder le sujet. Le dossier en question qu'avait retrouvé Livaï est posé sur la table. Juste à côté, probablement mon acte de naissance, et mes anciens papiers d'identité. Mais je n'ose même pas relever le regard, que je garde baissé vers mes mains.

- Alors tu t'appelles Eline... finit par dire Hange.

Je hoche la tête pour confirmer.

- Eline Harris plus précisément. Née le 25 décembre 828 à l'hôpital de Stohess, du mariage de Anna et David Harris, ajoute Livaï.

Je ne dis rien, remuant simplement la cuillère dans ma tasse pour refroidir mon thé fumant. Voilà qui je suis. Il m'apprend tout juste mon nom de famille, et me rappelle le prénom de mes parents.

- Il y a pas grand-chose dans ce dossier, l'enquête n'a abouti à rien du tout, ajoute-t-il. Les deux assassins n'ont jamais été retrouvés. Eline, que s'est-il passé ce jour-là ? Tu dois t'en souvenir maintenant.

Je déglutis pour dénouer ma gorge, qui est si serrée qu'elle m'en fait mal, au moins autant que mon cœur, encore dans la main de quelqu'un qui continue à le broyer.

- Ils se sont introduit juste après le retour de mon père... murmuré-je. Il était parti me coucher dans ma chambre... et quand il est retourné au salon... ils avaient tué ma mère, et l'ont tué lui aussi juste après... expliqué-je.

- Voilà la vérité. Cette histoire-là, j'y crois enfin.

J'acquiesce d'un faible soupir. Je ne comprends toujours pas ses motivations, la raison qui l'a poussé à tout faire pour rétablir la vérité. Ce n'était peut-être même pas son intention première.

- Ils nous ont enlevés, mon frère et moi... continué-je. On a été séparés, et on ne s'est plus jamais revus derrière...

Ils ne disent rien, mais Livaï fait simplement glisser le dossier jusqu'à moi. Je relève les yeux vers lui lorsqu'il le met devant moi, et il hoche la tête pour m'inviter à l'ouvrir. Alors je l'ouvre, et commence à en lire le peu d'informations qui y sont inscrites. La description des lieux, des corps, le résultat de l'autopsie, et la conclusion de l'affaire, classée sans suite. Tout ça tient sur une unique page. Je la tourne, le verso est vierge. Mais juste après, je trouve l'affiche de l'avis de recherche qui avait été lancé pour moi, et mon frère. Une affiche pour chacun de nous. Un portrait en son centre, une description détaillée juste en dessous, déclinant complètement notre identité. Des larmes viennent encore emplir mes yeux en même temps que je lis tout ça. Mais je m'efforce de les contenir, je ne veux pas que d'autres coulent sur mes joues, c'est bien trop douloureux.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant