27 et une émotions (Livai/Levi x OC)

Chapitre 93

🌑

- On part pour la forteresse de Slatoa, c'est à deux heures de vol d'ici, m'annonce Hange.

- Très bien. Elle a enfin parlé, si je comprends bien ?

- C'est ça.

La maintenance de l'appareil est presque terminée. Il ne manque plus qu'une heure ou deux avant qu'on ne puisse décoller. Je suis complètement inutile, n'ayant pas la force dans les jambes et les bras pour les aider à débarquer tout le matériel, alors je m'occupe comme je peux. Je suis toujours persuadée que nous n'avons pas la moindre chance contre Eren s'il refuse de nous écouter et que la parole ne suffira pas à l'arrêter. Mais on tente quand même le coup. De toute façon, maintenant qu'on est ici, on ne peut plus faire marche arrière parce que même si le grand terrassement n'a pas encore atteint Odiha, il est certain que l'endroit ne sera pas épargné. Autant aller jusqu'au bout de ce qu'on a entrepris.

Assise à l'extérieur, je contemple le calme absolu qui règne sur les lieux. Je pense un peu à tout ce qu'il doit se passer sur l'île actuellement. Et je doute nullement que ce doit toujours être un sacré bordel. Je me demande si Pierre a finalement réussi à s'enfuir avec Paolina et Noah, et s'il est toujours en vie. C'est tout ce que j'espère. Qu'il n'ait pas fini en titan lorsque Sieg a transformé une grande partie des effectifs de l'armée au court de la bataille. On m'a un peu expliqué ce qu'il s'était passé pendant que nous nous cachions dans la forêt. Les autres m'ont assuré ne pas l'avoir vu parmi les troupes qui étaient présentes, mais dans tout le chaos, ils ne sont pas certains qu'il n'y était pas.

Je me demande aussi comment va Nuit, et à quel point il doit être paniqué du bazar que c'est en ce moment, et de ne pas me voir revenir. Je l'ai laissé juste avant de partir à Stohess à Hange en pensant que j'y reviendrai, et au final, ça fait des jours qu'il est seul là-bas. J'espère sincèrement, au plus profond de mon cœur, qu'il s'en sort. Je me sens coupable de le laisser livré à lui-même. Mon erreur a peut-être été de l'adopter en sachant que je risquais de mourir ou de partir pendant des mois. Un animal ne mérite jamais qu'on lui inflige ce genre de choses.

Qu'est-ce que je raconterai à Pierre lorsqu'on se reverra, si un jour on se revoit ? Des tonnes de choses. Il s'en est passé des choses en seulement quelques jours. J'imagine déjà sa réaction lorsque je lui dirai que Livaï et moi nous sommes avoués nos sentiments. J'imagine très bien sa réaction aussi lorsque je lui dirai que le même jour il a manqué d'y passer en me protégeant. J'espère que je n'aurais pas une tonne de choses malheureuses à lui raconter.

Une idée me vient en tête subitement. Si je viens à mourir et que je n'ai jamais la possibilité de lui raconter tout ça, je veux quand même qu'il le sache. Je veux immortaliser une partie de cette histoire, que quelqu'un d'autre que nous puisse se souvenir de tout ce par quoi on est passés. L'histoire se perdra dans notre mort si aucun de nous en revient.

Mais je veux que chacun sache ce qu'il s'est vraiment passé. Plus que raconter à Pierre ce qu'il s'est passé, je veux laisser une trace du chemin que nous avons parcouru jusqu'à maintenant, pour que le monde qui restera en vie garde en mémoire notre histoire. Alors je me lève, et retourne à l'intérieur du bateau pour y dénicher une feuille et un stylo. Une fois que j'ai trouvé ce que je cherche, je ressors et retourne m'assoir là où j'étais juste avant. Puis alors, j'écris un très long récit, jusqu'à en avoir mal à la main. Je décris tout ce qu'il s'est passé, et tout ce qu'il s'apprête à se passer. Peut-être que ce que j'écris là, ce sont mes adieux au monde. Mais je veux qu'on sache que nous nous battrons jusqu'au bout. Nous ne lâcherons rien avant qu'Eren décide de nous tuer.

Je finis par en relever les yeux, après que j'ai terminé mon récit. Je plie le papier en six, et le glisse dans ma poche. Je jette un regard dans le hangar, il semble que les ingénieurs en voient le bout. Je me lève finalement, et rejoins les autres à son entrée en train de s'équiper. Ils ne sont même pas venus me chercher. J'enfile silencieusement mon harnais et vérifie mon équipement juste après. Azumabito s'apprête à repartir avec Jelena, les enfants et Annie à bord du bateau. Finalement, il n'y a qu'Annie qui ne vient pas avec nous. Peak et Reiner semblent encore décidés à nous apporter leur aide jusqu'au bout. Du moins, ils monteront dans l'hydravion. Reste à savoir s'ils iront sur l'originel après avec nous ou pas.