Chapitre 78

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J'accepte la main qu'on me tend et le laisse me hisser à l'intérieur de l'aéronef. Je fais partie des premiers à remonter. Eren n'est même pas encore là. Il n'y a que quelques soldats, pas plus de cinq, prêts à l'accueillir pour son arrestation immédiate qui l'attend.

- Merci, dis-je à Livaï une fois sur mes pieds à l'intérieur.

Il ne dit rien un instant. Je ne sais pas quoi dire non plus. Je viens tout juste d'abattre un homme de sang-froid, alors que je ne me serais jamais crue capable de ça. J'ai obtenu vengeance comme il m'avait demandé de le faire. A la fois, ça fait du bien, ça me rassure pour toutes les femmes qui auraient pu passer par la même chose que moi, et à la fois, j'ai l'impression de ne pas pouvoir regarder mes mains sans les voir couvertes de son sang. Malgré tout, je me suis juré que lorsque je monterai à bord de l'aéronef, je laisserai tout ça derrière moi, avant même d'appuyer sur la gâchette et d'envoyer la balle entre les deux yeux de cette homme.

- J'ai tenu ma promesse, je suis remontée au plus vite, ajouté-je.

- Pour quelqu'un qui déteste les promesses, c'est vrai que c'est surprenant. Je m'attendais plutôt à te voir remonter dans les derniers.

- Je me suis dit que je ne voulais pas louper le moment où tu en foutras une à Eren, ça m'a obligée à remonter avant lui.

Je pars me chercher une gourde et avale d'une traite une grande quantité d'eau pour faire passer la nausée qui croît doucement. Ce n'est pas le moment de me sentir mal, ni de regretter, c'est trop tard maintenant, il n'y a plus de retour en arrière possible, et il a eu ce qu'il méritait. Armin sort en même temps de la cabine à l'avant, pour nous rejoindre et attendre le moment où Eren remontera. Je jette un coup d'œil au champ de bataille avant que Livaï ne referme la porte. Est-ce que c'est le cuirassé que je vois là ? Je trouvais ça justement bizarre qu'il ne se joigne pas au combat, et le voilà qui arrive avec une demi-heure de retard.

- Tiens.

Je regarde une seconde le mouchoir en tissus que Livaï me tend, ne comprenant pas pourquoi il me donne ça. Mais son regard arrêté sur mon visage me fait comprendre qu'il vaudrait mieux que je le nettoie. J'étais proche de lui quand j'ai tiré la balle, il n'y a rien d'étonnant que j'ai reçu un peu de sang. J'accepte silencieusement et l'arrose de ce qu'il reste d'eau dans ma gourde pour me nettoyer le visage. J'ai la tête qui tourne, et affreusement mal dans le bas du ventre. C'est juste le choc, je le sais. C'est parce que la vraie moi n'aurait jamais fait ça que je m'en rends malade.

- Où est Hange ? Demandé-je.

- A l'avant avec Onyankopon.

- Et Sieg ?

- Devant aussi, avec Jelena.

Jelena d'ailleurs... le plan a bien failli foirer par sa faute, parce qu'elle a été incapable de vraiment mettre le mâchoire et le charrette hors d'état de nuire. C'était pas ce qu'il y avait de plus compliqué à faire, et tout reposait sur ça. Heureusement que nous sommes parvenus à les maitriser tous les deux, sinon, on était perdus.

Je laisse la gourde sur une caisse, et me décide à rejoindre l'avant pour aller voir Hange. Eren ne va pas tarder à remonter. Les autres sont en bas et continuent à défendre l'aéronef. Mais d'ici dix minutes, nous aurons fini de survoler le camp de Révélio, et nous pourrons définitivement dire que nous rentrons à la maison. Je vais retrouver Nuit, et Pierre, ma chambre, ma tranquillité, ma vie d'avant. C'est enfin terminé.

- Je t'ai vue, Eline.

Je me fige, la main sur la poignée, la nausée me remonte à la gorge. Je n'ose même pas me retourner pour croiser son regard. Je sais que ce que j'ai fait est mal. Je l'ai désarmé, il était sans défense, il m'a suppliée, et j'ai tiré. Je voulais que cette vengeance reste secrète, même s'il m'avait dit de me venger si j'en avais la possibilité. Probablement qu'il m'a dit ça parce qu'il rêve du moment où il pourra se venger de Sieg, mais est-ce qu'à ma place il aurait tiré ?

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant