Chapitre 68

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Je ne pensais pas revenir aussi vite à Stohess, du moins pas avant quelques mois. Pourtant, la réunion avec l'état-major a lieu aujourd'hui, trois semaines après que je sois repartie de cette ville, et deux jours après que les Mahrs aient tenté de débarqué sur l'île. On a les a tous laissés au campement, sous la surveillance des soldats restés là-bas. La soldate qui a abattu son capitaine se nomme Jelena, et son bras droit, si on peut l'appeler comme ça, Onyankopon, tous deux partisans de Sieg Jaëger. Je n'ai pas les détails de tous ce dont ils ont parlé, toutes les conditions qu'a demandé Sieg, et tout ce qu'on aurait à gagner en acceptant cette alliance. Mais j'ai vaguement compris que Sieg demande refuge sur l'île pour y terminer ses jours. Toutes ces choses qu'on ne m'a pas dites, je vais en avoir connaissance aujourd'hui en même temps que le reste de l'état-major.

- Eh ! Eline ! On m'appelle avant que je ne passe le portail du quartier général.

Il ne me faut pas une seconde de latence pour reconnaitre la voix de la personne qui m'a interpellée. C'est sans surprise que je trouve Pierre à quelques mètres de moi quand je me retourne. La simple vision de mon ami suffit à faire taire l'angoisse me tiraillant les entrailles depuis deux jours. Le mauvais pressentiment que j'essaie tant bien que mal d'ignorer depuis que l'on m'a réveillée pour me dire qu'un navire allait débarquer sur l'île descend de mes épaules à la simple présence de mon ami et à son sourire rayonnant qui fait naitre en moi cet ardente chaleur que j'aime tant.

- Je vous rejoins, dis-je à Livaï sans attendre plus longtemps pour les rejoindre.

Et dans ses bras, Paolina tient un tout petit bout, qui dort paisiblement sans se soucier du moindre bruit environnant. Si les voir tous les deux avaient suffi pour m'alléger de ce sentiment étranglant d'anxiété, la vision du tout jeune enfant vient attendrir délicatement mon cœur.

- Quelle surprise de vous voir ici ! Dis-je en arrivant vers eux. Désolée, j'ai pas beaucoup de temps, la réunion va bientôt commencer.

- Ne t'en fais pas, on passait par là et on a vu que le bataillon était là. On s'est dit que tu devais aussi être présente ! Me répond Pierre.

Je jette un regard attendri vers l'enfant, serré dans les bras de sa mère. Habillé d'un pyjama blanc, le nourrisson dort paisiblement sans se soucier du bruit environnant, comme si le simple fait de se trouver dans les bras de sa mère suffisait à l'isoler des dangers du monde extérieur au sien.

- Alors bébé est né ? Constaté-je. Félicitations !

- Oui, la semaine dernière. C'est un petit garçon, me répond Paolina en souriant à son enfant.

Il est adorable. L'espace d'un instant, je me dis qu'avoir un enfant est probablement la plus belle chose qui puisse arriver à une femme. Cet enfant vivra heureux, j'en suis certaine. Il a tout pour grandir normalement. Et peut-être qu'il connaitra même le monde de paix que nous recherchons.

- Je te présente mon fils, Noah, me dit Pierre.

Je relève subitement la tête vers mon ami, lui demandant du regard de répéter. Ai-je bien entendu ?

- Puisqu'on ne pouvait pas l'appeler Eline, on a décidé de l'appeler Noah. Et je trouve que ça lui va très bien, ajoute-t-il.

- Toi alors... soufflé-je en ravalant mes larmes.

Je n'imaginais pas qu'il le ferait. Il avait évoqué l'idée de lui donner mon prénom si c'était une fille, mais jamais celui de mon frère si c'était un garçon. Je ne sais pas si ça me touche ou si ça me fait mal. Mais ce qui est certain, c'est que ça me fait quelque chose.

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant