27 et une émotions (Livai/Levi x OC)

Chapitre 86

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Le son de ma voix se noie dans la plaine alors que j'assiste encore à l'enfer qui vient de déferler sur nous, comme au ralenti.

C'est moi qui ai tiré je crois, mais mon esprit qui me quitte me faire croire que ce n'est peut-être pas le cas. Tout s'effondre. Je me sens assommée. Je n'arrive pas à accepter que ce qu'il vient de se passer est vrai. Pourtant...

C'était vraiment ça son plan ? Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que ses idées tournent à la catastrophe ?

- Eline ! C'est le moment, on bouge ! M'hurle Hange.

Je me retourne vers elle, elle a grimpé dans la carriole, et m'appelle du regard à la rejoindre au plus vite. J'attrape Livaï et accoure jusque dans le chariot. Je sens une balle tout juste tirée me frôler de peu. Je n'ai même pas le temps de le poser qu'elle démarre au galop.

- Abattez-les ! Les laissez pas s'enfuir ! Hurle Floch.

Je l'ai touché à l'épaule. J'ai tiré du mieux que je pouvais. J'aurais dû mourir. Mais Livaï s'est jeté devant moi, et a pris la balle pour moi. Il a sauté pour me couvrir complètement, certain de m'épargner, mais surtout certain de la recevoir à ma place. Le sang que j'ai reçu au visage est le sien. Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ? J'allais tirer. J'étais sur le point de tirer, c'est certain que j'allais tirer, je n'hésitais pas le moins du monde. J'aurais été plus rapide que Floch ! Pourquoi... Pourquoi est-ce qu'il s'est mis devant moi ? Pourquoi est-ce qu'il m'a protégée ? Pourquoi est-ce qu'il faut toujours qu'il se mette en danger pour moi ?

- Livaï ! L'appelé-je. Livaï regarde-moi. Reste avec moi ! Ça va aller, tu vas t'en sortir !

On nous tire dessus. Je détache ma cape et la roule en boule pour faire pression sur la plaie ouverte par la balle. Il se vide de tout son sang. Dans son dos, une immense flaque se forme. Les yeux ouverts, je crois qu'il me regarde. Mais il semble perdu dans le vague. Il n'est pas vraiment là.

- Eline ! T'occupes pas de lui et défend-nous ! M'hurle Hange.

J'étouffe un hurlement en voyant la flaque de sang s'élargir. Tout se répète. C'est exactement comme pour Sasha. Il n'y a probablement aucun espoir qu'il s'en sorte. Mais je refuse que ça se termine comme ça.

Une balle me frôle d'un peu trop près et me déchire les vêtements et la peau au bras. J'attrape le fusil, et tire comme je le peux. La vue brouillée par le flot de larmes qui s'écoulent abondamment de mes yeux, je ne frôle même pas nos poursuivants. Je tire comme je peux, sans vraiment regarder où je vise. Mon cœur bat à mille à l'heure. Je tremble comme une feuille. Le son du torrent de pluie qui nous tombe dessus étouffe mon audition pour m'emmener dans un autre monde encore plus douloureux que celui-ci où rien d'autre n'existe à l'exception de Livaï qui se vide de son sang juste à ma droite.

J'ai l'impression d'être en plein cauchemar. Livaï a peut-être un poumon perforé et pourtant je suis tout autant incapable de respirer que si c'était moi à sa place.

Ça ne devait pas se passer comme ça. Tout ça parce que je n'ai pas pu me relever assez vite parce que j'ai été trop conne et que j'ai décidé de sauter par la fenêtre. Si je n'avais pas été blessée, j'aurais été capable de me lever et tirer avant Floch. Mais si je n'avais pas sauté, est-ce que j'aurais été présente ?

Quelque chose roule à mes pieds dans un bruit métallique. J'abaisse les yeux. Avec ça, je les aurais à coup sûr. Alors j'attrape la lance foudroyante, je l'enclenche à mes manettes et je vise en plein centre du groupe de pro-jaëger.

Je tire. Elle explose. On s'éloigne du feu déclaré par l'explosion sans que nos poursuivants nous suivent. Je crois que je les ai eus.

Je me précipite jusqu'à Livaï pour déposer mon oreille contre sa poitrine. Son cœur bat encore très faiblement. Il est en train de partir. Pire que tout, sa peau est glacée. Il a été touché à l'abdomen, ses organes vitaux sont sûrement touchés. Mais je refuse de le laisser partir.