Prologue

573 26 2
                                    

🌑

Rapport d'enquête

Grand Orphelinat de Stohess
Troisième enquête ouverte :
Le 13 novembre 843
Classée sans suites :
Le 24 février 845

Chefs d'accusation :
Maltraitance, séquestration, homicide, trafic d'êtres humains, réseau de prostitution pédophile

Inspecteur en charge de l'enquête :
Marcus Treiber

Détails de l'enquête, rapport complet :

Suite au témoignage reçu d'une résidente sortie le 9 septembre 843 de l'orphelinat, une nouvelle enquête a été ouverte. Les chefs d'accusation sont restés les mêmes que pour les deux précédentes. Madame Elisabeth Hossman, directrice de l'orphelinat qu'elle a fondé en l'an 821, est accusée de maltraitance sur mineur, séquestration, homicide volontaire, trafic d'être humain et réseau de prostitution pédophile. Ses employés sont également accusés de complicité.
Les mêmes méthodes ont été employées que pour les précédentes enquêtes. Nous avons récupéré le registre des enfants actuellement hébergés mis à jour. Nous avons choisi au hasard cinq enfants d'âges et de profils différents. Ils ont tous été interrogés.

Premier enfant, Hannah Basher. Ses parents étaient tous deux soldats au bataillon d'exploration. Ils sont décédés lors la 23ème expédition extras-muros. Elle est âgée de neuf ans, arrivée à l'orphelinat il y a un an et demi. Son témoignage nous confie un endroit rassurant, où elle a trouvé un amour maternelle. Une de ses journées types est composée d'un réveil à sept-heures et demi, petit-déjeuner complet, une matinée d'enseignements, une pause déjeuner de deux heures entre midi et quatorze heures, une seconde session d'enseignement d'une durée de deux heures, et la fin de journée libre. Couché à priori à vingt-deux heures. Aucun signe de maltraitance.

Deuxième enfant, Julie, âgée de douze ans. Elle est née dans les bas-fonds, récupérée par un soldat de la milice en opération dans la ville souterraine lorsqu'elle avait deux ans. Rien d'anormal dans son témoignage à elle également. Elle ne montre pas non plus de signe de maltraitance ou préjudice moral. Elle est en parfaite santé physique et mentale.

Troisième enfant, Caitlyn Faraday. Elle a actuellement seize ans. Elle est arrivée à l'orphelinat quand elle avait huit ans. Père inconnu, elle est issue d'un viol. Sa mère, Erina Faraday, s'est suicidée lorsque sa fille avait huit ans. Bien qu'elle montre des signes de dépression juvénile, son témoignage ne révèle rien d'alarmant quant à l'endroit où elle vit. Elle nous a confié vouloir rester aussi longtemps que possible à l'orphelinat. Aucune trace de maltraitance physique. Elle a été placée sous les soins d'un pédopsychiatre.

Quatrième enfant, Iris Edwards, âgée de cinq ans. Ses parents sont tous les deux décédés lors de l'épidémie ayant sévi dans Stohess l'an dernier. Son témoignage rejoint celui des autres.

Cinquième enfant, Angéline Fleury, Dix-sept ans. Elle a été retirée à ses parents quand elle avait cinq ans. Son père était un toxicomane et sa mère la battait. On retrouve effectivement des cicatrices de maltraitance dans son dos, sur ses mains, à son visage et sur ses jambes. L'expert affirme qu'elles sont très anciennes. Quelques-unes sont tout de même datées à moins de dix ans. Elle affirme ne pas se souvenir de ses première années passées à l'orphelinat. Elle explique vouloir en sortir dès sa majorité atteinte, et vouloir devenir médecin. Elle donne peu de détails sur son quotidien. Elle a cependant avoué avoir entendu une fois quelques enfants pleurer sans raison notable, et vu de nombreux hommes de profils différents entrer et sortir du domaine.

Nous remarquons en premier lieux la cohérence notable entre tous ces témoignages. Nous ne pouvons pas avancer avec seulement ces éléments qu'Elisabeth Hossman est coupable des accusations qui sont encourues contre elle. Après avoir poussé l'enquête afin d'avoir plus d'éléments, j'ai pu me rendre sur les lieux le 9 octobre 844. J'ai alors interrogé divers enfants directement sur place.

Concernant ma visite de l'orphelinat, rien d'anormal. L'endroit est bien entretenu. Les enfants disposent d'un grand terrain pour jouer, avec balançoire, cabane, toboggan. Les plus jeunes dorment dans des chambres de cinq. Les adolescentes de plus de quatorze ans ont leur propre chambre.
J'ai plus particulièrement rencontré Ellie, âgée de seize ans. Son profil était particulièrement intéressant puisqu'elle a survécu a une tentative de suicide l'été dernier. Je vous joins directement notre échange.

Question : On m'a rapporté que tu as tenté de mettre fin à tes jours en août dernier. Pourrais-tu m'expliquer la raison pour laquelle tu as fait ça ?
Réponse : Je voulais simplement mettre un terme à cette vie. Je crois que c'est assez évident pour que vous n'ayez pas à me le demander.
Question : Qu'est-ce qui t'a poussée à en arriver là ?
Réponse : Je ne supporte plus de vivre dans ma tête.
Question : Qu'est-ce qui t'en empêche ?
Réponse : Mes souvenirs. Ma famille est morte quand j'avais huit ans. Je n'arrive pas à vivre avec l'image que j'ai eu ce jour-là.
Question : Que s'est-il passé ?
Réponse : Je ne sais plus. C'est trop ancien. Les médecins disent que c'est le traumatisme qui a supprimé ces détails de ma mémoire.
Question : Pourrais-tu me parler de ton quotidien ici s'il te plaît ?
Réponse : Bien sûr. Je me lève tous les jours à huit heures. Je prends le petit-déjeuner dans la foulée. J'ai quatre heures d'enseignement par jour. J'ai le reste de mes journées de libre.
Question : Et comment les occupes-tu ?
Réponse : Je lis, je joue du piano, je fais mes devoirs, je discute avec mes camarades du même âge. Rien d'excitant, je crois.

Notre échange s'est terminé sur ça. L'adolescente était froide et renfermée mais au vu de son état mental il n'y avait rien de surprenant. Il ne semble pas que sa tentative de suicide soit liée à ses conditions de vie. Son témoignage reste cohérent après les préliminaires. Il est éloigné de ceux dénonçant l'orphelinat.

Après avoir transmis mon rapport concernant la visite, M. le Procureur a décidé de classer sans suite l'affaire, par manque de preuves. Il est possible que les enfants soient conditionnés pour parler en bien de l'endroit. Je note tout même que certains enfants, dont Ellie, ne sont pas renseignés dans le registre qu'on nous a fourni. Lorsque j'ai demandé à Mme Hossman comment se faisait-il que tous les enfants ne soient pas marqués, elle m'a répondu que c'était un accident que je faisais bon de lui rapporter, et qu'elle allait s'empresser de le régler.

Je suis méfiant quant à la complète innocence du lieu, mais mon appel à M. le Procureur n'a pas abouti. L'enquête s'arrête là, jusqu'à la prochaine jeune-femme qui viendra témoigner. Je crois qu'il n'y a pas que du faux dans ce que ces témoignages nous confient, car ils s'accordent également sur de mêmes cohérences, sur des générations pourtant différentes. J'obtiendrai un jour les éléments nécessaires afin de conduire une future enquête à un procès.

Rapport de Marcus Treiber,
Inspecteur aux brigades spéciales,
Stohess

27 et une émotions (Livai/Levi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant